Consigne : comment Le Fourgon prend une longueur d’avance

En s’offrant La Tournée, Le Fourgon ne gagne pas seulement 15 000 clients : il teste un modèle de consigne capable de rivaliser avec le jetable.

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Annoncé le 2 décembre 2025, le rachat de La Tournée par Le Fourgon accélère la consolidation de la consigne. Le groupe nordiste récupère 15 000 clients, étend sa couverture à 45 % des Français (environ 3 000 villes) et renforce nettement son offre « frais ».
Le secteur du réemploi change de dimension : les acteurs cherchent désormais la taille qui permet d’industrialiser la collecte, le lavage et la re-livraison. Le Fourgon, né à Lille, met la main sur La Tournée, installée en Île-de-France. Aucun montant n’est divulgué, mais l’opération vise à densifier plus vite le maillage et l’offre.

Une acquisition qui change l’échelle

La Tournée, fondée fin 2021 par Juliette Poiret, Camille Perbost et Zaccarie Morel, s’est développée autour d’un parcours très fluide : commande en ligne de produits bio et locaux, livraison en contenants consignés, distribution assurée en région parisienne par des camionnettes électriques. Pour financer sa progression, la start-up a réuni 5 millions d’euros au total : 4,5 millions d’euros en fonds et 500 000 euros en crowdfunding.
Pour Le Fourgon, l’intérêt immédiat est territorial. Avec l’Île-de-France, l’entreprise étend sa présence et passe à une couverture de 45 % de la population française, sur près de 3 000 communes.

L’addition est aussi commerciale : 15 000 clients s’ajoutent au portefeuille, rapprochant Le Fourgon du seuil des 100 000.

Deux modèles de consigne, un même panier

Le Fourgon, créé en 2021 par Charles Christory, Stéphane Dessein et Maxime Tharin, a d’abord construit sa proposition sur la livraison de boissons consignées. Le service s’est ensuite élargi à l’alimentaire et aux produits ménagers, avec un socle d’épicerie et d’articles pour la maison.
La Tournée apporte un angle plus marqué sur le « frais » : yaourts, fromages blancs, crèmes fraîches, beurres, kéfirs. Un segment plus sensible, qui oblige à tenir une logistique rigoureuse, mais qui élargit le basculement possible des achats vers des emballages réemployables.

Cette montée en gamme repose aussi sur une chaîne industrielle. Le Fourgon s’appuie notamment sur Haut la Consigne pour le lavage, avec des exigences de traçabilité et de qualité sanitaire qui pèsent sur l’exécution au quotidien.

Financement, partenaires, logistique : la course

Le Fourgon avance à un rythme soutenu, avec l’ouverture moyenne de 1 nouvelle ville par mois. Pour maintenir l’accélération, l’entreprise a bouclé en janvier 2025 une série A de 8,2 millions d’euros, dont 2,5 millions d’euros en financement participatif auprès de 1 590 particuliers.

Sur le plan économique, la société avance un chiffre d’affaires 2024 estimé entre 20 et 25 millions d’euros, soit +60 % sur 12 mois. Côté distribution, le partenariat avec Chronodrive, amorcé en novembre 2024, prévoit une expansion à l’été 2025. Le dispositif ajoute 57 points d’appui, un relais concret pour densifier la présence sans reproduire partout la même infrastructure.

Sur l’offre, Le Fourgon a aussi noué des liens avec de grands acteurs. Nestlé a, par exemple, testé des contenants inox sur KitKat et Lion via Circolution ; Bonduelle a lancé le 23 octobre 2025 des bocaux bio dans les Hauts-de-France, avec un déploiement annoncé progressif. Derrière ces références, la question reste très opérationnelle : absorber des volumes et stabiliser une supply chain encore en phase d’ajustement à l’échelle industrielle.

Objectifs AGEC, GO! Réemploi, zone floue REP

Le cadre réglementaire se resserre. La loi AGEC fixe un objectif de 10 % de réemploi d’ici 2027, alors que le taux de réemploi en France est évalué à 2,22 % en 2023, loin de la trajectoire.

En parallèle, Citeo a lancé GO! Réemploi, déployé dans 4 régions depuis le 12 juin 2025. 7 enseignes participent : Carrefour, Intermarché, Biocoop, Système U, Monoprix, Leclerc et Auchan, avec une logique de mutualisation inter-enseignes et de standardisation.

Le cadre n’est toutefois pas stabilisé. La REP Emballages Professionnels est annoncée en voie de fusion, dans une perspective de simplification administrative fin 2025, mais le cahier des charges reste non publié. Pour les opérateurs, cette zone grise s’ajoute aux contraintes de collecte, de lavage et de logistique — un ensemble d’activités qui, selon les estimations citées autour de l’AGEC, pourrait soutenir jusqu’à 800 000 emplois non délocalisables.



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