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À partir des opérations réalisées dès le 1er janvier 2026, les plateformes crypto enregistrées dans l’Union européenne devront transmettre automatiquement comptes et transactions. Le fisc français recevra ces données, avec une première transmission attendue le 31 janvier 2027.
La directive européenne DAC 8, conçue pour muscler la coopération fiscale, étend aux actifs numériques les échanges d’informations entre administrations. Concrètement, une plateforme centralisée (CEX) établie dans l’UE devra déclarer l’identité de ses clients et l’historique de leurs opérations. But affiché : réduire fraude, évasion et optimisation.
DAC 8, un virage fiscal européen
Le basculement tient à la méthode : la remontée d’informations devient systématique. Jusqu’ici, les transmissions vers les autorités concernaient surtout les dossiers sensibles, liés au blanchiment ou au financement du terrorisme. Avec DAC 8, la logique change d’échelle : des données agrégées, normalisées, échangées entre pays.
Pour un contribuable français, le résultat est très concret : l’administration pourra reconstituer l’activité menée sur une plateforme centralisée enregistrée dans l’Union, même si elle n’est pas installée en France. Le dispositif vise aussi les comptes crypto détenus à l’étranger et passés sous les radars.
Bruxelles revendique l’intention : « lutter contre la fraude fiscale » en intégrant pleinement les cryptomonnaies dans la coopération administrative.
Qui est dans le viseur de DAC 8 ?
Le texte ne couvre pas l’écosystème au sens large. Il cible d’abord les intermédiaires régulés : en France, les plateformes au statut PSAN ; au niveau européen, les PSCA. Autrement dit, les acteurs identifiables, supervisés, capables de documenter clients et transactions.
Dans ce cadre, les plateformes centralisées (CEX) sont au cœur du dispositif : elles gèrent l’entrée et la sortie, connaissent les clients, conservent l’historique. C’est précisément cette traçabilité que DAC 8 transforme en information fiscale exploitable.
À l’écart, pour l’instant, certains usages échappent au périmètre : le stockage via un portefeuille « froid » (hors ligne) et le recours à des plateformes décentralisées (DEX), qui ne fonctionnent pas sur le même modèle d’intermédiation.
Dates clés, impôt et sanctions en France
Le chronogramme est net : seules les opérations datées du 1er janvier 2026 et après sont concernées. La première transmission est attendue au 31 janvier 2027, au titre de l’année 2026.
En France, la fiscalité reste encadrée par la déclaration annuelle des opérations en cryptomonnaies. En cas de cession avec plus-value, le prélèvement forfaitaire unique (PFU) est de 30 %, avec une tolérance lorsque les paiements en cryptos de services restent sous 305 euros sur l’année.
Ce que DAC 8 change, c’est la probabilité d’être détecté en cas d’omission, puisque les plateformes transmettent désormais les données. Côté sanctions, un barème est avancé : 15 euros par transaction non déclarée, avec un plafond annuel de 2 millions d’euros.
Plus de données, plus de risques
Le débat ne se limite pas à l’impôt. Plusieurs observateurs alertent sur un effet collatéral : plus de collectes, plus de points de faiblesse potentiels, donc davantage de risques de fuite et d’exposition.
La menace peut devenir physique. Sur 2024–2025, une intensification d’enlèvements ciblant des détenteurs de cryptomonnaies a été observée, notamment en France, Belgique et Espagne, avec des pressions directes sur les personnes identifiées comme disposant d’avoirs numériques.
Dans ce contexte, certains chercheront à réduire leur traçabilité en s’appuyant sur des solutions aujourd’hui hors DAC 8, comme les DEX ou les wallets froids.


