Airbus accumule les problèmes

Panneaux défectueux, moteurs en retard, rappels logiciels : Airbus est confronté à une accumulation de défis critiques en pleine fin d’année.

Afficher le résumé Masquer le résumé

La découverte de panneaux métalliques non conformes sur plusieurs A320 intervient alors qu’Airbus gère déjà un rappel logiciel mobilisant 6 000 appareils et un incident récent sur un vol JetBlue. L’avionneur entre dans cette séquence alors qu’il doit encore rattraper un important retard de livraisons et composer avec des contraintes persistantes dans sa chaîne d’approvisionnement.

Nouvelle alerte industrielle chez Airbus

Airbus a confirmé avoir identifié des défauts de qualité sur des panneaux métalliques installés sur plusieurs A320. La non-conformité provient d’un fournisseur étranger, selon une information d’abord évoquée lors d’un comité social et économique du 28 novembre. Les dimensions de certaines pièces ne respectent pas les exigences prévues, selon une source syndicale. L’avionneur assure que la source du problème est « maîtrisée » et que les panneaux désormais produits sont conformes.
Le périmètre porte sur quelques dizaines d’appareils, sans certitude à ce stade sur le fait que seuls les avions en assemblage soient concernés. Airbus inspecte l’ensemble des appareils susceptibles d’être affectés afin de déterminer si des interventions supplémentaires seront nécessaires.

Une chaîne déjà perturbée par les rappels

Cette alerte survient au moment où Airbus gère un rappel logiciel express concernant 6 000 avions. Il restait, au 1er décembre, un peu plus de 100 A320 immobilisés dans le cadre de cette opération menée en urgence après un incident touchant un vol JetBlue, dont l’appareil avait piqué d’une trentaine de mètres en quelques secondes, un événement attribué à des radiations solaires.

L’accumulation de ces séquences techniques renforce la pression sur une chaîne industrielle déjà sollicitée par la montée en cadence décidée depuis plusieurs années et régulièrement freinée par des complications logicielles, des ajustements de production ou des défauts localisés dans la chaîne d’approvisionnement.

Un calendrier de livraisons sous tension

Ces difficultés s’insèrent dans un calendrier déjà fragilisé. Airbus avait livré 585 avions fin octobre, soit un retard par rapport à 2024. Le mois de novembre devrait se situer autour de 71 à 72 appareils, un niveau inférieur aux besoins du moment. Le cumul atteindrait ainsi 656 à 657 appareils au début de décembre. Pour viser environ 820 livraisons en 2025, il faudrait remettre 164 appareils en un mois, ce qui dépasserait largement les rythmes historiques. L’avionneur avait livré 123 avions en décembre 2024 et 112 en 2023.

Le record remonte à décembre 2019 avec 138 appareils, dans un contexte pré-pandémique plus favorable. Ce décalage entre la trajectoire nécessaire et les performances récentes illustre la contrainte pesant sur la fin d’année.

Les fragilités persistantes de l’approvisionnement

La pénurie de moteurs continue par ailleurs de peser fortement sur le carnet de livraisons. Les retards de production chez CFM et Pratt & Whitney entraînent l’immobilisation de 113 avions, représentant environ 11 milliards de dollars d’actifs gelés.
Les motoristes avaient signalé des délais allongés de 6 à 8 semaines à la fin de 2024, un phénomène qui s’est prolongé en 2025. Airbus dispose toujours d’un stock de planeurs, ces appareils assemblés mais sans moteur, malgré le plan « zéro planeurs » élaboré avec ses fournisseurs. La découverte des panneaux défectueux ajoute un maillon fragile supplémentaire dans une chaîne où la dépendance à certains fournisseurs reste élevée. L’équilibre entre accélération de la cadence et maintien d’un niveau de qualité homogène demeure délicat à atteindre pour l’avionneur.

Une cible annuelle toujours menacée

Malgré cette accumulation d’événements, certaines analyses estiment que l’objectif annuel reste atteignable. L’experte du cabinet Jefferies juge la cible de 820 livraisons encore réaliste, en partie grâce aux 35 à 40 planeurs disponibles qui pourraient être motorisés à temps si les livraisons s’accélèrent. Historiquement, environ 15 % des livraisons annuelles sont réalisées en décembre, ce qui correspondrait à 123 appareils cette année. Mais l’environnement reste fluctuant.
Le titre Airbus avait d’abord chuté de 10 % avant de limiter ses pertes à 5,5 % en clôture après la révélation des défauts sur les panneaux. Les investisseurs restent prudents face à une séquence marquée par des rappels successifs, des retards moteurs et une nouvelle alerte qualité qui pourrait, même circonscrite, perturber la trajectoire de fin d’année.



L'Essentiel de l'Éco est un média indépendant. Soutenez-nous en nous ajoutant à vos favoris Google Actualités :

Publiez un commentaire

Publier un commentaire