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- Rémunération moyenne des gastro-entérologues : les chiffres clés
- Secteur public vs secteur libéral : deux réalités économiques
- Dépassements d’honoraires : un levier majeur de revenu
- Actes techniques : une source importante de revenus
- Progression salariale selon l’expérience
- Localisation : un facteur clé dans la rémunération
- Revenu net : que reste-t-il après charges ?
- La pénurie de gastro-entérologues : un moteur d’attractivité
- Comparaison internationale : la France à mi-parcours
- Des conditions de travail sous tension
La gastro-entérologie figure parmi les spécialités médicales les plus sollicitées, mais aussi les plus sous-dotées en France. Alors que la demande de soins digestifs ne cesse d’augmenter, le nombre de praticiens peine à suivre. Dans ce contexte tendu, la question de la rémunération des gastro-entérologues devient centrale : à quoi peuvent-ils réellement prétendre, selon leur mode d’exercice, leur expérience ou leur localisation ?
Rémunération moyenne des gastro-entérologues : les chiffres clés
En 2025, le revenu annuel brut moyen d’un gastro-entérologue en France est estimé à 181 884 €. Ce chiffre agrège l’ensemble des modes d’exercice, du secteur hospitalier au libéral. Le salaire mensuel brut oscille entre 4 212 € et 26 101 €, avec une moyenne de 15 157 €.
Dans le secteur libéral, les revenus moyens sont encore plus élevés, atteignant 149 000 € bruts par an, soit environ 17 % de plus que la moyenne globale. Cette disparité s’explique largement par les différences de statut, de tarification et de volume d’activité.
Secteur public vs secteur libéral : deux réalités économiques
Environ 50 % des gastro-entérologues exercent dans le secteur hospitalier public, les autres étant répartis entre cliniques privées et cabinets libéraux. Dans le public, les rémunérations sont fixées par des grilles indiciaires. Un praticien hospitalier débutant perçoit 4 411 € brut mensuels. La progression salariale dépend exclusivement de l’ancienneté et du grade, sans lien direct avec l’activité réalisée.
À l’inverse, en libéral, la rémunération varie selon la patientèle, les actes techniques pratiqués et les honoraires appliqués. Les gastro-entérologues en secteur 2, qui peuvent fixer librement leurs tarifs, gagnent en moyenne 135 400 € par an, tandis que ceux travaillant en cliniques privées déclarent environ 110 000 €. Les praticiens en secteur 2 peuvent générer jusqu’à 30 % de revenus supplémentaires par rapport à ceux du secteur 1 grâce aux dépassements d’honoraires.
Dépassements d’honoraires : un levier majeur de revenu
En secteur 2 ou 3, les gastro-entérologues ne sont pas tenus de respecter les tarifs de l’Assurance Maladie. Alors qu’une consultation classique en secteur 1 est remboursée sur la base de 30 €, certains spécialistes facturent entre 80 € et 150 €, notamment en Île-de-France ou en région PACA. La complexité des actes, la rareté de certains profils et la notoriété personnelle influencent fortement ces montants.
Actes techniques : une source importante de revenus
La gastro-entérologie se distingue par une forte proportion d’actes techniques. Gastroscopies, colonoscopies, biopsies, échoendoscopies constituent une part significative de l’activité, surtout en libéral. Ces actes, plus rémunérateurs que les consultations simples, permettent d’augmenter sensiblement le chiffre d’affaires, en particulier pour les praticiens disposant de leur propre équipement.
Un cabinet bien organisé, avec un volume d’endoscopies élevé, peut générer un revenu brut bien supérieur à la moyenne nationale.
Progression salariale selon l’expérience
Le revenu d’un gastro-entérologue évolue fortement avec l’expérience. En début de carrière, il se situe autour de 40 200 € bruts annuels. À partir de 5 à 10 ans d’expérience, il atteint 82 300 €. Un praticien entre 10 et 20 ans de carrière perçoit en moyenne 152 300 €, tandis que les revenus en fin de parcours peuvent atteindre 178 900 €. Cette évolution reflète l’augmentation du nombre de patients, une plus grande maîtrise des actes techniques et, en secteur 2, une capacité accrue à pratiquer des honoraires plus élevés.
Localisation : un facteur clé dans la rémunération
La densité de gastro-entérologues varie fortement d’une région à l’autre, influençant directement les niveaux de revenu. La moyenne nationale s’établit à 5,7 gastro-entérologues pour 100 000 habitants. En Île-de-France, qui concentre 23,5 % des effectifs (soit 878 praticiens sur 3 744), le pouvoir de tarification est plus élevé et la demande plus forte.
Les zones rurales, moins pourvues, offrent parfois des incitations financières ou des opportunités liées à l’absence de concurrence, mais avec une patientèle parfois moins dense.
Revenu net : que reste-t-il après charges ?
Pour évaluer la rémunération réelle, il faut distinguer le revenu brut du revenu net après déductions. Les gastro-entérologues libéraux doivent soustraire environ 40 à 60 % de leurs revenus bruts en charges professionnelles, cotisations sociales et impôts.
Les principales charges incluent :
- Cotisations sociales : 23 à 28 % pour le secteur 1, 32 à 36 % pour le secteur 2
- Impôt sur le revenu : calculé selon le barème progressif
- Dépenses professionnelles (loyer, matériel, personnel, assurances)
Par exemple, un praticien avec 15 000 € de chiffre d’affaires mensuel devra en déduire environ 1 300 € de charges fixes et 2 229 € de cotisations sociales, avant imposition. Le revenu net mensuel se situe alors entre 6 063 € et 7 500 €, selon le régime fiscal.
La pénurie de gastro-entérologues : un moteur d’attractivité
La France compte actuellement 3 744 gastro-entérologues en activité standard. Cette densité, inférieure à celle d’autres spécialités, crée une pression sur le système de soins. Résultat : les établissements et les cabinets privés se disputent les jeunes praticiens avec des propositions souvent avantageuses.
Cette pénurie renforce leur pouvoir de négociation, surtout en début de carrière. Toutefois, elle s’accompagne d’une charge de travail conséquente. Les jeunes médecins choisissent de travailler 3 ou 4 jours par semaine, là où leurs aînés en faisaient 5, traduisant un changement de priorités générationnel.
Comparaison internationale : la France à mi-parcours
Les gastro-entérologues français se situent dans une fourchette médiane à l’échelle internationale. Aux États-Unis, la rémunération annuelle varie entre 379 519 $ et 575 000 $, soit environ 349 000 à 528 000 €. En Allemagne, les revenus vont de 96 000 à 180 000 € annuels. En Suisse, un praticien en secteur germanophone gagne jusqu’à 18 500 € par mois, mais dans un contexte de coût de la vie très élevé. En Belgique, les écarts sont notables : 181 318 € en Wallonie contre 311 335 € en Flandre.
Des conditions de travail sous tension
Au-delà des chiffres, les conditions de travail pèsent lourd dans l’équation. Selon l’Observatoire MNH, 58 % des médecins ont connu un épisode de burn-out, de dépression ou de pensées suicidaires. Près de 46 % des jeunes praticiens envisagent d’arrêter la médecine. Pour les gastro-entérologues, la forte charge d’actes techniques, la gestion d’un cabinet et la pression administrative aggravent ces risques. Ces tensions soulèvent des questions sur la soutenabilité du modèle actuel.


