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La chirurgie occupe une place à part dans l’imaginaire collectif : métier de prestige, expertise de pointe, rémunérations souvent perçues comme exceptionnelles. Pourtant, derrière cette réputation flatteuse, les revenus des chirurgiens varient considérablement selon le statut d’exercice, la spécialité, la localisation ou encore le pays. Voici un état des lieux précis et comparé d’un métier à forts enjeux économiques.
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Secteur public ou privé : des écarts de revenus majeurs en France
En France, le mode d’exercice constitue le principal facteur de différenciation salariale. D’un côté, les chirurgiens hospitaliers, fonctionnaires de santé soumis à des grilles indiciaires strictes. De l’autre, les libéraux, rémunérés à l’acte, qui exercent dans un cadre entrepreneurial.
Dans l’hôpital public : stabilité et plafonnement
Un chirurgien hospitalier démarre sa carrière avec un salaire brut mensuel d’environ 4 411 €, soit 3 500 € nets. À dix ans d’expérience, la rémunération progresse autour de 7 000 € à 8 000 € brut, soit environ 5 500 € net. En fin de carrière, le plafond atteint 10 000 € à 12 000 € brut mensuels.
Les gardes et astreintes peuvent ajouter entre 500 € et 2 000 € par mois. Malgré cette bonification, les revenus du public restent globalement en retrait par rapport au privé.
En libéral : revenus élevés et responsabilités renforcées
En secteur libéral, un jeune chirurgien peut atteindre 6 000 € à 10 000 € nets par mois après déduction de ses charges professionnelles. Avec l’expérience, les revenus montent couramment à 12 000 € à 20 000 € nets. Certains praticiens en secteur 2, notamment en chirurgie esthétique ou en clinique privée, dépassent les 30 000 € nets mensuels.
Ces chiffres sont nets avant impôt, mais tiennent compte des charges importantes : assurance, location de cabinet, personnel, redevance clinique.
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Les spécialités les plus rentables : un classement inégal
Tous les actes chirurgicaux ne se valent pas économiquement. Le niveau technique, les possibilités de dépassement d’honoraires et la patientèle privée sont autant de facteurs qui creusent l’écart.
Les chirurgiens plasticiens et esthétiques en tête de liste peuvent atteindre 27 500 € nets par mois à Paris. En chirurgie cardiaque et neurochirurgie, les rémunérations oscillent entre 15 000 € et 22 000 € mensuels. L’orthopédie, très sollicitée, permet environ 18 500 € en Île-de-France. En revanche, la chirurgie viscérale reste plus modeste, avec des revenus mensuels situés entre 9 500 € et 14 000 €.
L’effet géographique
La localisation pèse lourd sur les revenus. Un chirurgien exerçant à Paris ou en région Provence-Alpes-Côte d’Azur gagne en moyenne 20 % à 30 % de plus qu’un confrère en province. Cette prime est directement liée à la densité de la clientèle capable d’assumer des dépassements d’honoraires.
À l’échelle internationale, les chirurgiens français apparaissent relativement désavantagés face à leurs homologues nord-américains ou australiens.
Les chirurgiens spécialisés américains gagnent souvent plus de 400 000 $ par an (environ 380 000 €). Les généralistes se situent entre 219 000 $ et 408 000 $ annuels. Certaines spécialités comme la neurochirurgie ou l’orthopédie dépassent régulièrement le demi-million de dollars. Ces montants varient selon l’État : un anesthésiste en Virginie peut atteindre 400 000 $, contre 350 000 $ en Californie.
Le revenu clinique brut moyen d’un chirurgien atteint 573 586 $ canadiens. L’ophtalmologie y est particulièrement lucrative, avec une moyenne de 887 684 $, pouvant dépasser le million dans certaines provinces. En chirurgie thoracique ou cardiaque, la moyenne est de 676 495 $.
Cependant, ces sommes sont brutes : une fois les frais professionnels déduits, le revenu réel peut être réduit de 30 % à 40 %.
Les chirurgiens australiens gagnent entre 200 000 et 600 000 AUD (120 000 € à 360 000 €) par an. Les spécialistes en neurochirurgie ou chirurgie cardiothoracique peuvent atteindre 750 000 AUD, soit environ 450 000 €. L’Australie séduit aussi par la qualité de vie offerte.
Le prix de l’excellence : une formation longue et coûteuse
Devenir chirurgien demande un investissement personnel considérable. En France, le parcours dure au minimum 11 ans après le baccalauréat : 6 ans de médecine, puis 5 ans d’internat. Pendant l’internat, les futurs chirurgiens perçoivent entre 1 600 € et 2 400 € par mois, pour des semaines dépassant fréquemment les 50 à 60 heures.
Le coût total de cette formation est estimé entre 110 000 € et 200 000 €, incluant logement, frais de vie et absence de revenus stables pendant plus d’une décennie.
Assurances, risques et fatigue psychique
Dans le secteur libéral, une part importante du revenu est absorbée par les assurances. Une prime de Responsabilité Civile Professionnelle peut atteindre plus de 20 000 € par an pour certaines spécialités à risque comme l’obstétrique ou la neurochirurgie.
La pression psychologique est également élevée : obligation de résultat, astreintes, stress opératoire, judiciarisation croissante. Les études sur la santé mentale des praticiens indiquent des taux de burnout préoccupants.
En France, un chirurgien hospitalier gagne entre 4 000 € et 8 000 € nets, tandis que le libéral peut atteindre 15 000 € à 30 000 €. À l’international, les revenus peuvent tripler, voire quadrupler, ce qui explique l’attrait croissant pour l’expatriation. En dix ans, plus de 4 500 médecins français sont partis exercer à l’étranger. Une tendance qui interroge sur la capacité du système français à retenir ses talents.


