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- Salaires des psychiatres : un écart marqué selon le statut
- Paris et grandes villes : des écarts géographiques importants
- Une profession bien rémunérée, mais en perte d’attractivité
- Conditions de travail : un facteur-clé de désaffection
- Comparaison avec d’autres spécialités médicales
- Tarifs de consultation et système de remboursement
- Les charges professionnelles pèsent sur les revenus des libéraux
- Des spécialisations sans impact majeur sur le salaire
En France, un psychiatre perçoit une rémunération généralement supérieure à la moyenne nationale. Les revenus varient fortement selon le secteur d’activité, l’ancienneté et le lieu d’exercice. Mais derrière ces chiffres, la profession traverse une crise profonde. Manque d’attractivité, conditions de travail dégradées, burn-out : le salaire, aussi confortable soit-il, ne suffit plus à retenir les vocations.
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Salaires des psychiatres : un écart marqué selon le statut
Le statut professionnel reste le principal facteur de variation des revenus. Les psychiatres exerçant à l’hôpital public, en clinique privée ou en libéral connaissent des réalités économiques très différentes.
Dans le secteur public hospitalier, un psychiatre débute avec un salaire mensuel brut compris entre 3 000 et 3 200 euros, soit environ 36 000 euros annuels. La progression salariale, bien que stable, reste relativement lente. En fin de carrière, un praticien hospitalier expérimenté perçoit en moyenne 7 000 euros bruts par mois (84 000 euros par an).
En clinique privée, les rémunérations sont sensiblement plus élevées. Le revenu moyen atteint 8 100 euros bruts mensuels, intégrant des frais de fonctionnement partiellement couverts par les établissements.
L’exercice libéral permet d’atteindre les revenus les plus élevés. Un psychiatre débutant en libéral génère entre 6 000 et 8 000 euros bruts par mois (72 000 à 96 000 euros annuels). Avec l’expérience, les montants augmentent fortement : un praticien confirmé peut atteindre entre 10 000 et 15 000 euros mensuels (120 000 à 180 000 euros par an). Toutefois, ces chiffres doivent être relativisés : les charges professionnelles (cotisations, impôts, frais de cabinet) absorbent entre 40 et 50 % du chiffre d’affaires.
L’évolution des revenus suit la montée en compétence et en ancienneté. Entre 25 et 35 ans, un jeune psychiatre touche en moyenne 4 500 euros par mois. À 35-45 ans, le revenu atteint 7 200 euros, soit une hausse de près de 60 %. Passé 45 ans, la rémunération s’accélère : environ 9 500 euros entre 45 et 55 ans, puis 11 200 euros au-delà.
Paris et grandes villes : des écarts géographiques importants
La localisation du cabinet ou de l’établissement influe notablement sur les revenus. À Paris, les psychiatres perçoivent en moyenne 75 639 euros bruts par an, avec des pointes pouvant atteindre 99 612 euros selon le statut. Cette sur-rémunération tient aux possibilités de pratiquer des tarifs plus élevés et à une demande plus soutenue.
En dehors des grandes agglomérations, les salaires sont souvent plus modestes. Néanmoins, le coût de la vie y est également inférieur, ce qui relativise l’écart net de revenus.
Une profession bien rémunérée, mais en perte d’attractivité
Malgré des salaires globalement supérieurs à la moyenne nationale, la psychiatrie française traverse une crise de recrutement. Le nombre d’internes a régulièrement diminué ces dernières années, poussant les autorités à augmenter le quota annuel de 500 à 600 postes à partir de 2027.
Certains secteurs sont particulièrement touchés. En pédopsychiatrie, les effectifs hospitaliers ont chuté de 40 % entre 2010 et 2025, contre une hausse limitée à 17 % pour la psychiatrie générale. Cette évolution accentue les tensions sur le terrain, où la demande continue de croître.
Conditions de travail : un facteur-clé de désaffection
Les conditions d’exercice pèsent lourdement sur la profession. Une enquête menée en 2018 révélait que la moitié des psychiatres étaient en situation de burn-out ou à risque. En 2025, le Comité consultatif national d’éthique a qualifié la situation dans les services psychiatriques français d’« extrêmement grave ».
Plusieurs facteurs aggravants sont identifiés : rythme de travail soutenu, surcharge administrative, violence de certains patients, absence de pauses, et charge émotionnelle constante. Ces éléments dissuadent les jeunes médecins de s’engager dans la spécialité, en particulier à l’hôpital.
Comparaison avec d’autres spécialités médicales
Les psychiatres figurent dans la moyenne basse des spécialités médicales en matière de rémunération. Selon les données DREES de 2021, les radiothérapeutes gagnent en moyenne 417 500 euros par an, les médecins nucléaires 283 300 euros et les radiologues 212 700 euros. À l’inverse, les revenus des psychiatres, compris entre 88 000 et 97 000 euros annuels, se rapprochent de ceux des pédiatres et dermatologues.
Avant de pouvoir exercer, les futurs psychiatres effectuent plusieurs années d’internat, avec une rémunération modeste. En 2024, les salaires bruts mensuels varient de 1 617 euros en première année à 2 371 euros en cinquième année. Des indemnités s’ajoutent, comme une prime de responsabilité de 4 211 euros en fin de parcours. En fonction des gardes et des indemnités, un interne peut percevoir entre 1 650 et 2 375 euros nets par mois.
Tarifs de consultation et système de remboursement
Les honoraires varient selon le secteur de conventionnement. En secteur 1 (tarifs encadrés), le tarif d’une consultation est passé en juillet 2025 de 46,70 à 57 euros pour les patients de plus de 25 ans avec médecin traitant. Le remboursement par la Sécurité sociale s’élève à 31,69 euros, une fois déduite la participation forfaitaire.
En secteur 2, les psychiatres peuvent fixer librement leurs tarifs. S’ils n’adhèrent pas à l’OPTAM, la base de remboursement chute à 39 euros, soit 26,30 euros remboursés. Avec l’adhésion à l’OPTAM, les praticiens peuvent pratiquer des dépassements modérés tout en conservant une base de remboursement plus avantageuse.
Les charges professionnelles pèsent sur les revenus des libéraux
Les psychiatres libéraux doivent faire face à un ensemble de charges qui réduisent significativement leur revenu net. En moyenne, les cotisations sociales représentent 22 % du chiffre d’affaires, la CSG 9,70 %, la CRDS 0,50 % et les allocations familiales 3,10 %. À cela s’ajoute l’impôt sur le revenu, dont le taux varie selon le régime fiscal.
Un abattement forfaitaire de 34 % est généralement appliqué pour le calcul de l’imposition. Concrètement, un psychiatre libéral affichant un chiffre d’affaires annuel de 100 000 euros verra son revenu net tomber entre 50 000 et 60 000 euros, une fois les charges déduites.
Des spécialisations sans impact majeur sur le salaire
Les psychiatres peuvent se spécialiser via des Options (pédopsychiatrie, psychiatrie du sujet âgé, psychiatrie légale) ou des Formations Spécialisées Transversales (addictologie, sommeil, soins palliatifs). Ces spécialisations enrichissent les pratiques, mais n’entraînent pas d’augmentation notable des revenus. Les pédopsychiatres perçoivent des salaires comparables à ceux de leurs collègues généralistes, malgré une charge émotionnelle souvent plus lourde.
Pour enrayer la crise, le gouvernement a prévu d’augmenter le nombre d’internes dès 2027 et d’intégrer davantage de formation en psychiatrie dans les cursus médicaux. Mais ces mesures sont jugées insuffisantes par les syndicats, qui demandent des incitations plus fortes pour retenir les jeunes médecins dans le secteur public.
La comparaison européenne illustre l’ampleur du problème. En 2025, un interne suisse perçoit entre 6 000 et 7 500 euros bruts par mois, contre 1 617 à 2 375 euros en France. En Allemagne, les internes gagnent entre 4 800 et 5 200 euros, et entre 3 200 et 4 000 euros aux Pays-Bas. Ces écarts expliquent en partie les départs de jeunes praticiens vers l’étranger.
Le salaire d’un psychiatre en France peut atteindre des niveaux élevés, notamment en libéral. Mais il ne suffit plus à masquer les difficultés croissantes de la profession : surcharge de travail, perte de sens, dégradation des conditions d’exercice. Malgré des revenus pouvant dépasser 15 000 euros bruts mensuels, un psychiatre sur deux est en situation de burn-out.


