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- Pas de SMIC légal, mais des seuils de référence imposés par l’administration
- Des compléments de revenu publics pour les travailleurs nationaux
- Des quotas d’embauche qui poussent les salaires vers le haut
- Travailleurs domestiques : des salaires négociés par pays d’origine
- Un pouvoir d’achat basé sur les avantages en nature
- Les planchers salariaux du marché en 2025
- Golden Visa : un nouveau seuil implicite à 30 000 AED
Contrairement à la France, Dubaï ne fixe pas de salaire minimum légal pour le secteur privé. Mais entre grilles administratives, quotas d’embauche et accords diplomatiques, un ensemble de dispositifs produit une régulation implicite des bas salaires. Une segmentation stricte du marché, structurée par la nationalité, le niveau de qualification et le type de visa.
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Pas de SMIC légal, mais des seuils de référence imposés par l’administration
Le droit du travail émirien repose sur la liberté contractuelle. Aucun plancher salarial n’est fixé par la loi fédérale, tant que les conditions sont acceptées par les deux parties. Il est donc légal de rémunérer un salarié 1 000 AED (environ 250 €) par mois.
Cependant, le ministère des Ressources humaines et de l’Émiratisation (MoHRE) impose depuis 2013 des seuils de salaire non contraignants mais essentiels pour l’obtention des permis de travail et des visas. Ces barèmes distinguent trois niveaux de compétence :
- 12 000 AED (≈ 3 000 €) pour les diplômés universitaires
- 7 000 AED (≈ 1 750 €) pour les diplômés techniques ou professionnels
- 5 000 AED (≈ 1 250 €) pour les ouvriers qualifiés
Ces seuils, bien que non obligatoires, structurent l’accès aux droits administratifs. En dessous, un travailleur peut perdre la possibilité de faire venir sa famille, ou être reclassé comme non qualifié.
Des compléments de revenu publics pour les travailleurs nationaux
Les Émiratis, de leur côté, bénéficient d’un système de soutien public via le programme Nafis. Ce dispositif complète les salaires du privé en fonction du niveau de diplôme et du revenu perçu :
- Jusqu’à 7 000 AED (≈ 1 750 €) de complément mensuel pour les salaires inférieurs à 20 000 AED (≈ 5 000 €)
- Compléments réduits jusqu’à 2 500 AED (≈ 625 €) pour les salaires entre 20 000 et 30 000 AED (≈ 5 000–7 500 €)
Nafis s’ajoute à d’autres aides ciblées : allocations familiales, soutien aux cotisations retraite, assurance chômage. Ce dispositif permet à de nombreux Émiratis de percevoir des revenus mensuels compris entre 20 000 et 30 000 AED (≈ 5 000–7 500 €) dans le privé, bien au-dessus de la moyenne des expatriés.
Des quotas d’embauche qui poussent les salaires vers le haut
Pour soutenir Nafis, le gouvernement impose aux entreprises privées des quotas d’embauche. En 2025, les entreprises de 50 salariés et plus doivent compter au moins 4 % d’Émiratis dans leurs effectifs. Le non-respect entraîne une pénalité mensuelle de 9 000 AED (≈ 2 250 €) par poste non pourvu.
Cette sanction, qui passera à 10 000 AED (≈ 2 500 €) en 2026, incite fortement les employeurs à privilégier le recrutement de nationaux, même à des niveaux de rémunération élevés. Une entreprise préfère souvent verser un salaire de 20 000–30 000 AED (≈ 5 000–7 500 €) à un Émirati plutôt que de payer une contribution annuelle de 108 000 AED (≈ 27 000 €) sans contrepartie productive.
Travailleurs domestiques : des salaires négociés par pays d’origine
Le secteur domestique (nounous, chauffeurs, aides à domicile) illustre une autre logique : les salaires sont encadrés par les pays d’origine via des accords bilatéraux. Les Philippines, par exemple, ont tenté d’imposer un salaire minimum global de 500 USD (≈ 1 835 AED / 460 €), mais ont dû en exempter les pays du Golfe, dont les Émirats.
À Dubaï, les salaires mensuels versés dépendent de la nationalité :
- Philippines : 1 500–2 500 AED (≈ 375–625 €)
- Inde, Pakistan, Bangladesh : 1 200–1 800 AED (≈ 300–450 €)
- Autres pays : 1 000–1 500 AED (≈ 250–375 €)
La loi impose aux employeurs de fournir logement, nourriture, vêtements et soins médicaux. Le salaire versé constitue donc un revenu net, transféré à la famille restée au pays.
Un pouvoir d’achat basé sur les avantages en nature
Pour les ouvriers non qualifiés, souvent rémunérés entre 1 000 et 2 000 AED (≈ 250–500 €), la vie quotidienne repose sur un système d’avantages en nature. Les entreprises de 50 salariés ou plus doivent leur fournir un logement. Le transport est assuré par bus d’entreprise et la nourriture est souvent subventionnée.
Ces dispositions, également obligatoires pour les travailleurs domestiques, transforment un salaire apparemment très bas en un revenu d’épargne presque intégral. Cet écart de pouvoir d’achat explique l’attractivité persistante de Dubaï pour les populations originaires d’Asie du Sud et d’Afrique, malgré l’absence de SMIC formel.
Les planchers salariaux du marché en 2025
| Catégorie | Plancher légal |
|---|---|
| Expatrié qualifié (universitaire) | Aucun (réf. : 12 000 AED / ≈ 3 000 €) |
| Technicien diplômé | Aucun (réf. : 7 000 AED / ≈ 1 750 €) |
| Ouvrier qualifié | Aucun (réf. : 5 000 AED / ≈ 1 250 €) |
| Ouvrier non qualifié | Aucun |
| Travailleur domestique | Variable selon pays |
| National émirati | Aucun (complément Nafis jusqu’à 7 000 AED) |
Golden Visa : un nouveau seuil implicite à 30 000 AED
Pour les cadres et salariés hautement qualifiés, l’un des critères d’accès au Golden Visa — titre de résidence longue durée — repose désormais sur un seuil de 30 000 AED (≈ 7 500 €) de salaire de base, excluant les primes et avantages.
Cette réforme, entrée en vigueur en 2025, exclut les candidats dont la rémunération globale dépasse ce montant, mais dont le salaire de base reste inférieur. Elle modifie les stratégies contractuelles dans les secteurs ciblés.


