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- Les chiffres clés à retenir
- SMIG et SMAG : les montants en vigueur depuis 2023
- Grilles catégorielles : une revalorisation pour éviter l’écrasement salarial
- Comparaison régionale : la Côte d’Ivoire entre avance et décalage
- Pouvoir d’achat : un salaire minimum absorbé par la vie chère
- L’enjeu de demain : application effective dans l’économie informelle
En 2023, la Côte d’Ivoire a relevé son salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) à 75 000 FCFA (environ 114 €). Deux ans plus tard, cette revalorisation, saluée à l’époque comme historique, semble déjà rattrapée par l’inflation et la cherté de la vie. Alors que le pouvoir d’achat stagne, le débat sur la redistribution des fruits de la croissance revient au cœur du dialogue social.
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Les chiffres clés à retenir
- SMIG interprofessionnel : 75 000 FCFA (114 €)
- SMAG agricole : 39 960 FCFA (60 €)
- Dernière hausse : janvier 2023
- Taux horaire estimé (SMIG) : 432,7 FCFA (0,66 €)
- Part du secteur informel dans l’emploi total : 80 %
- SMIG au Maroc : 205 000 FCFA (312 €)
- SMIG au Sénégal : 64 223 FCFA (98 €)
- SMIG au Cameroun : 43 969 FCFA (67 €)
SMIG et SMAG : les montants en vigueur depuis 2023
Depuis le 1er janvier 2023, le salaire minimum en Côte d’Ivoire est encadré par le décret n°2022-986, qui fixe deux planchers distincts. Le SMIG, applicable au secteur interprofessionnel, est passé de 60 000 FCFA (91 €) à 75 000 FCFA (114 €), soit une hausse de 25 %. Le SMAG, réservé au secteur agricole, a été revalorisé à 39 960 FCFA (60 €).
Dans le cas du SMIG, cette revalorisation était l’un des résultats phares de la trêve sociale signée entre l’État, le patronat (CGECI) et les centrales syndicales en 2022. Le taux horaire correspondant est d’environ 432,7 FCFA (0,66 €) pour une base de 40 heures hebdomadaires.
Cependant, dans le secteur agricole, le respect du SMAG reste largement théorique. Faiblement structuré, souvent informel et rémunéré à la tâche, le monde rural échappe encore en grande partie à la régulation salariale effective.
Grilles catégorielles : une revalorisation pour éviter l’écrasement salarial
L’augmentation du SMIG a eu pour effet mécanique de rapprocher les salaires les plus bas de ceux de certains profils qualifiés. Pour limiter cet “écrasement”, un arrêté ministériel (n°0050/MEPS/CAB) de mai 2023 a permis une revalorisation des barèmes conventionnels allant de +9 % à +18 % selon les secteurs.
Cette mesure a étendu les effets de la hausse au-delà des travailleurs au SMIG, en maintenant une hiérarchie salariale cohérente dans les conventions collectives. Elle a également servi de levier pour contenir les tensions sociales, alors que les revendications sur le pouvoir d’achat restaient fortes.
Comparaison régionale : la Côte d’Ivoire entre avance et décalage
Dans la zone UEMOA et au-delà, le SMIG ivoirien est l’un des plus élevés en valeur nominale. Il reste toutefois en retrait par rapport aux standards du Maghreb.
- Maroc : Le SMIG s’élève à 205 000 FCFA (312 €) après la dernière hausse de janvier 2025. Il reflète un niveau d’industrialisation et de protection sociale plus avancé.
- Sénégal : Avec une revalorisation récente, le salaire minimum est désormais de 64 223 FCFA (98 €), soit près de 10 000 FCFA de moins qu’en Côte d’Ivoire.
- Cameroun : La réforme de février 2024 a porté le SMIG à 43 969 FCFA (67 €), un niveau nettement inférieur malgré un coût de la vie comparable à celui d’Abidjan.
Sur le papier, Abidjan affiche donc un net avantage régional, mais l’écart avec les grandes économies africaines reste marqué.
Pouvoir d’achat : un salaire minimum absorbé par la vie chère
À Abidjan, régulièrement classée parmi les villes les plus chères d’Afrique, les 15 000 FCFA (23 €) de gain obtenus en 2023 ont été vite neutralisés par l’augmentation des prix. L’inflation sur les produits alimentaires et le logement a réduit à néant les effets positifs de la hausse du SMIG, selon les principales centrales syndicales (UGTCI, Dignité).
En l’absence d’une nouvelle revalorisation prévue pour fin 2025, les discussions sociales se tournent désormais vers d’autres leviers : amélioration des prestations de la CMU, primes de transport, ou aides ciblées. L’objectif est de soutenir les travailleurs sans alourdir excessivement la masse salariale pour les entreprises.
L’enjeu de demain : application effective dans l’économie informelle
Le principal défi reste l’application du SMIG dans le secteur informel, qui représente environ 80 % des emplois en Côte d’Ivoire. Dans ce champ peu contrôlé, les normes salariales sont souvent absentes, voire inapplicables. Le salaire minimum, aussi élevé soit-il sur le papier, ne joue alors plus son rôle de protection.
À ce titre, l’enjeu du SMIG dépasse celui du simple montant. Il engage l’État sur la voie d’un encadrement plus effectif du travail, d’une meilleure inspection des conditions salariales et d’une refonte des politiques sociales.


