SMIC : à combien s’élève le salaire minimum au Canada ?

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Contrairement à la France, qui applique un salaire minimum national unique (SMIC), le Canada repose sur un système décentralisé de salaires minimums fixés par chaque province ou territoire. En novembre 2025, ces taux varient de 15,00 $ (environ 9,75 €) à 19,75 $ (12,83 €) de l’heure, reflétant les disparités économiques et géographiques d’un pays vaste et diversifié.

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Un système décentralisé selon les juridictions

Chaque province et territoire canadien détermine son propre salaire minimum en fonction de ses réalités économiques. Le gouvernement fédéral applique également un salaire minimum, introduit en 2021, qui concerne uniquement les secteurs de compétence fédérale : banques, télécommunications, transport interprovincial, services postaux. Depuis le 1er avril 2025, ce taux est fixé à 17,75 $ (11,54 €) de l’heure. Ce seuil ne s’applique que si aucun taux provincial supérieur ne prévaut, ce qui limite sa portée à environ 10 % de la main-d’œuvre canadienne.

Quels sont les salaires minimums selon les provinces ?

Le Nunavut affiche le salaire minimum le plus élevé du pays à 19,75 $ (12,83 €), en vigueur depuis le 1er septembre 2025. Ce territoire arctique est suivi du Yukon (17,94 $, soit 11,67 €) et de la Colombie-Britannique (17,85 $, soit 11,61 €). Ces taux reflètent un coût de la vie très élevé dans les régions nordiques et isolées.

En Ontario, province la plus peuplée, le salaire minimum atteint 17,60 $ (11,44 €) depuis le 1er octobre 2025, avec un ajustement automatique basé sur l’inflation. Le Québec, avec 16,10 $ (10,47 €) depuis le 1er mai 2025, se classe désormais au 7e rang national, en recul par rapport aux années précédentes.

À l’autre extrémité du classement, l’Alberta maintient un taux figé à 15,00 $ (9,75 €) depuis 2018, suivi de près par la Saskatchewan à 15,35 $ (9,97 €).

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Le cas du Québec : progression soutenue, classement en baisse

Entre mai 2019 et mai 2025, le salaire minimum québécois est passé de 12,00 $ (7,80 €) à 16,10 $ (10,47 €), soit une hausse de 34,2 %, contre une inflation de 25 % sur la même période. Cette progression s’est faite par étapes, avec une augmentation marquée de 1,00 $ (0,65 €) en 2023.

En 2025, environ 218 200 salariés québécois sont directement concernés, majoritairement des femmes. Le gouvernement vise à maintenir un ratio de 50 % entre salaire minimum et salaire horaire moyen, atteint avec 50,52 % au 1er mai 2025.

Taux particuliers pour certaines catégories de travailleurs

Plusieurs provinces appliquent des taux différenciés selon l’âge ou la profession. Au Québec, les employés au pourboire touchent un taux réduit de 12,90 $ (8,39 €) l’heure. En Ontario, les serveurs d’alcool perçoivent désormais le taux général (17,60 $), alors qu’un taux étudiant de 16,60 $ (10,78 €) s’applique aux moins de 18 ans travaillant moins de 28 heures par semaine.

En Alberta, les étudiants mineurs bénéficient d’un taux réduit de 13,00 $ (8,45 €) pour leurs 28 premières heures hebdomadaires. Les heures additionnelles sont rémunérées à 15,00 $ (9,75 €).

Dans le secteur agricole québécois, les cueilleurs sont payés au rendement : 4,78 $ (3,11 €) le kilo pour les framboises et 1,28 $ (0,83 €) pour les fraises. Si les conditions rendent le rendement insuffisant, l’employeur doit garantir un revenu équivalent au salaire minimum.

Indexation automatique dans plusieurs juridictions

Le salaire minimum fédéral est indexé chaque 1er avril selon l’Indice des Prix à la Consommation (IPC) de l’année précédente. En 2025, une hausse de l’IPC de 2,4 % a entraîné le passage de 17,30 $ à 17,75 $ (11,25 € à 11,54 €).

Le Yukon, la Colombie-Britannique et Terre-Neuve-et-Labrador disposent également de mécanismes automatiques d’ajustement. À l’inverse, le Québec procède à une révision annuelle, sans formule rigide, selon l’évaluation économique du moment.

Profils des travailleurs au salaire minimum

En 2024, environ 185 700 salariés québécois (soit 4,6 % de la main-d’œuvre) sont rémunérés au salaire minimum. 59 % d’entre eux ont entre 15 et 24 ans, et 85 % travaillent à temps partiel. 55 % sont des femmes, une proportion en légère baisse.

À l’échelle du Canada, 5,8 % des employés reçoivent le salaire minimum ou un taux inférieur, principalement dans les secteurs du commerce de détail, de la restauration et de l’hôtellerie. 60 % de ces postes sont à temps partiel, contre moins de 20 % dans l’ensemble de la population salariée.

Salaire minimum et revenu viable : un écart important

Selon l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS), le revenu viable au Québec en 2025 se situe entre 31 696 $ (20 575 €) à Trois-Rivières et 42 884 $ (27 837 €) à Sept-Îles, avec 40 084 $ (26 020 €) pour Montréal. Pour atteindre ce seuil, il faudrait un salaire horaire de plus de 28 $ (18,20 €), soit près de 12 $ (7,80 €) de plus que le minimum en vigueur.

Ainsi, le salaire minimum permet à peine d’atteindre la Mesure du Panier de Consommation (MPC), qui constitue le seuil officiel de pauvreté au Canada.

Comparaison avec le SMIC français

Converti au taux de change de 0,65 € pour 1 $ canadien, le salaire minimum québécois de 16,10 $ correspond à environ 10,47 €, contre 11,88 € brut pour le SMIC français en 2025 (11,65 € net).

Toutefois, ces comparaisons brutes doivent être nuancées. Coût de la vie, charges sociales, fiscalité et prestations sociales varient considérablement entre les deux pays. Selon l’OCDE, le revenu disponible net moyen d’un Canadien dépasse de 600 $ (390 €) celui d’un Français.

En 2025, le salaire moyen horaire au Québec s’élève à 33,79 $ (21,96 €), contre 38,20 $ (24,83 €) pour l’ensemble du Canada. En France, il était de 19,90 € brut de l’heure en 2022.

Un débat économique toujours ouvert

Les hausses du salaire minimum suscitent des débats constants. Les partisans y voient un levier pour réduire les inégalités, stimuler la consommation et diminuer le taux de pauvreté. Certaines études évoquent aussi une réduction du roulement de personnel et un gain de productivité.

Les opposants redoutent un impact négatif sur l’emploi, en particulier pour les jeunes et les PME, dont la masse salariale est plus exposée. Plusieurs recherches au Canada ont montré des effets modérés ou nuls sur l’emploi global, mais des répercussions variables selon les secteurs ou les groupes démographiques.

Le secteur privé sous réglementation fédérale compte environ 26 000 salariés directement concernés par la hausse du taux fédéral. À l’échelle nationale, ce sont des centaines de milliers de travailleurs qui voient leur revenu évoluer chaque année.

Tendances pour 2026 et au-delà

La majorité des provinces prévoient une indexation annuelle de leur salaire minimum, généralement en fonction de l’inflation. Au Québec, la révision est fixée au 1er mai de chaque année. Cette politique permet à la province de mieux couvrir la MPC et d’ajuster le seuil en fonction du coût de la vie.

Des voix s’élèvent toutefois pour aller plus loin. Dès 2021, l’homme d’affaires Louis Audet proposait un salaire minimum à 20 $ (13,00 €) de l’heure. Une idée qui divise, entre impératifs de lutte contre la pauvreté et inquiétudes sur la compétitivité des entreprises.

Le système canadien, fondé sur la flexibilité provinciale, permet une adaptation fine aux réalités locales. Mais il génère aussi des écarts marqués : entre les 15,00 $ (9,75 €) de l’Alberta et les 19,75 $ (12,83 €) du Nunavut, l’écart de 31,7 % pose la question de l’équité territoriale pour les travailleurs canadiens.



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