SMIC : à combien s’élève le salaire minimum aux Pays-Bas ?

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Depuis juillet 2025, le salaire minimum horaire brut aux Pays-Bas s’élève à 14,40 euros pour les salariés âgés de 21 ans et plus. Il correspond à un salaire mensuel brut de 2 257,76 euros pour une semaine de travail de 36 heures, ou 2 509,73 euros pour 40 heures. Ce niveau place les Pays-Bas parmi les pays européens à la rémunération minimale la plus élevée, juste derrière le Luxembourg.

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Un système horaire introduit en 2024

Depuis le 1er janvier 2024, les Pays-Bas ont abandonné le modèle mensuel forfaitaire au profit d’un salaire minimum calculé à l’heure. L’objectif est d’instaurer une égalité de traitement entre travailleurs, quel que soit leur contrat horaire. Le salaire mensuel n’est désormais plus fixe, mais dépend du nombre d’heures effectivement travaillées. À ce montant s’ajoute une prime de vacances obligatoire de 8 %, versée en général au printemps.

Exemples de salaires mensuels bruts selon la durée hebdomadaire :

  • 36 heures : 2 257,76 €
  • 38 heures : 2 401,80 €
  • 40 heures : 2 509,73 €

Indexation automatique deux fois par an

Le salaire minimum est automatiquement ajusté deux fois par an, le 1er janvier et le 1er juillet, en application de la loi sur le salaire minimum et la prime de vacances. L’ajustement repose sur l’évolution moyenne des salaires négociés collectivement, estimée par le Bureau central de planification (CPB), sans intervention politique directe.

Entre juillet 2024 et juillet 2025, le salaire horaire est passé de 13,68 à 14,40 euros, soit une progression de 5,2 % en un an. Cette évolution reflète une croissance modérée des salaires dans un contexte d’inflation contenue, estimée à 3,3 % sur la période octobre-novembre 2025.

Une hausse continue depuis 2020

Depuis 2020, le salaire minimum néerlandais a augmenté de plus de 50 %. Plusieurs facteurs expliquent cette progression : les hausses générales des salaires, l’ajustement à l’inflation et des décisions politiques ponctuelles. En janvier 2024, une majoration exceptionnelle de 1,2 % avait été votée par la Chambre des représentants pour soutenir le pouvoir d’achat des bas revenus.

Un positionnement européen dans le haut du classement

En Europe, seuls quelques pays dépassent les Pays-Bas en termes de salaire minimum. Le Luxembourg atteint 2 704 euros mensuels, l’Irlande 2 340 euros, l’Allemagne 2 221 euros et la Belgique 2 112 euros. Ces montants sont à comparer avec prudence, car les charges horaires, les durées légales et le coût de la vie varient selon les pays.

Exprimé en standards de pouvoir d’achat (SPA), qui corrigent les écarts de niveau de vie, le salaire minimum néerlandais conserve un rang élevé, confirmant son poids réel dans le revenu des ménages.

Écart avec le SMIC français

À titre de comparaison, le SMIC en France s’élève depuis novembre 2024 à 1 801,80 euros brut par mois pour 35 heures, soit environ 11,65 euros de l’heure. Le SMIC horaire néerlandais est donc supérieur de 23,5 % à son équivalent français.

Un système différencié pour les jeunes travailleurs

Les Pays-Bas appliquent un salaire minimum par âge pour les salariés de 15 à 20 ans. Ce système repose sur des pourcentages dégressifs du salaire adulte. Au 1er juillet 2025, les taux sont les suivants (hors prime de vacances) :

  • 20 ans : 11,52 €
  • 19 ans : 8,64 €
  • 18 ans : 7,20 €
  • 17 ans : 5,69 €
  • 16 ans : 4,97 €
  • 15 ans : 4,32 €

Ces taux incluent également une prime de vacances de 8 %, ce qui augmente la rémunération réelle. Le système, destiné à favoriser l’emploi des jeunes, est critiqué pour son caractère discriminatoire. Le Comité européen des droits sociaux l’a jugé « injustifié », et les syndicats réclament un alignement progressif avec le salaire adulte. Des augmentations supplémentaires sont prévues à partir de 2027.

Compléments de salaire et conventions collectives

Le salaire minimum légal n’est qu’un socle. Environ 75,6 % des salariés néerlandais sont couverts par une convention collective sectorielle (CAO), qui fixe souvent des salaires supérieurs au plancher légal. Ces conventions négociées par secteur précisent également les conditions de travail, les augmentations annuelles et les primes.

Dans certains secteurs comme le transport routier, les salaires minimums fixés par convention sont nettement plus élevés que le seuil légal. En 2019, certaines catégories de conducteurs touchaient jusqu’à 2 670,89 euros bruts mensuels, un montant bien au-delà du SMIC actuel.

Coût pour l’employeur : entre 31 000 et 33 000 euros annuels

Du côté des employeurs, le salaire minimum constitue la base de calcul des charges sociales. Ces dernières incluent l’assurance maladie (6,51 %), les cotisations de sécurité sociale, et un taux de 2 % dans le cadre du régime des coûts liés au travail (WKR). Le coût total pour un employeur est estimé entre 15 % et 25 % au-dessus du salaire brut, soit environ 17,28 euros de l’heure, pour un total annuel compris entre 31 000 et 33 000 euros pour un emploi à temps plein.

Un SMIC élevé, mais une pauvreté persistante

Malgré un niveau de salaire minimum élevé, les Pays-Bas font face à un phénomène de pauvreté laborieuse. En 2019, 5,6 % des travailleurs néerlandais vivaient sous le seuil de pauvreté, contre 5,1 % en 2010. Ce constat alimente le débat sur la pertinence du seuil légal actuel.

La directive européenne 2022/2041 sur les salaires adéquats impose un plancher à 60 % du salaire médian national. Les Pays-Bas, avec un ratio estimé entre 58 % et 60 %, s’en rapprochent. L’objectif est d’assurer une meilleure correspondance entre salaire minimum et coût réel de la vie.

Vers un “living wage” et de nouveaux enjeux

Le débat évolue vers la notion de salaire vital (« living wage »), défini comme un revenu permettant non seulement de subvenir aux besoins essentiels, mais aussi de participer à la vie sociale. Ce concept est de plus en plus discuté entre partenaires sociaux, notamment dans le contexte de l’économie des plateformes.

Les travailleurs indépendants mal classés, notamment dans les services numériques, échappent souvent au champ du salaire minimum. Une réforme européenne en cours pourrait imposer un statut salarié à plusieurs millions de travailleurs, y compris aux Pays-Bas.

Une trajectoire ascendante confirmée pour 2026

Le salaire minimum horaire devrait atteindre 14,71 euros au 1er janvier 2026, soit environ 2 294,76 euros mensuels pour 36 heures hebdomadaires. Cette progression s’inscrit dans la continuité du mécanisme d’indexation et traduit la volonté politique de maintenir un haut niveau de protection salariale dans un contexte économique stable.



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