SMIC : à combien s’élève le salaire minimum en Ecosse ?

Salaire minimum au Royaume-Uni : l’Écosse choisit un autre chemin avec le Real Living Wage. Un modèle social ambitieux et volontaire.

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En Écosse, le salaire minimum légal est identique à celui du reste du Royaume-Uni. Il ne s’agit donc pas d’un SMIC écossais proprement dit, mais du National Living Wage (NLW), fixé par le gouvernement britannique. Depuis le 1er avril 2025, ce taux s’élève à 12,21 £ de l’heure (environ 14,29 €) pour les travailleurs de 21 ans et plus. Il atteindra 12,71 £ (14,87 €) à partir du 1er avril 2026. En parallèle, un nombre croissant d’employeurs écossais appliquent un salaire plus élevé, le Real Living Wage, fixé à 13,45 £/heure (15,74 €) depuis octobre 2025, sur une base volontaire.

L’Écosse ne fixe pas son propre salaire minimum

La compétence en matière de salaire minimum relève exclusivement du Parlement britannique, en vertu du Scotland Act de 1998. Le Parlement écossais ne peut pas légiférer sur les niveaux de rémunération minimale, contrairement à d’autres domaines comme la santé ou l’éducation.

Le Scottish National Party (SNP) plaide depuis plusieurs années pour la dévolution du droit du travail, incluant la capacité de fixer un SMIC écossais, sans discrimination d’âge. Le gouvernement écossais a formulé cette ambition dans son document stratégique Building a New Scotland, avec l’intention d’instaurer un taux indexé sur le coût réel de la vie en Écosse, et non sur la moyenne britannique.

Les taux légaux en vigueur au Royaume-Uni

Depuis avril 2025, les taux horaires obligatoires sont les suivants :

  • 21 ans et plus (NLW) : 12,21 £/h (14,29 €) en 2025 ; 12,71 £/h (14,87 €) en 2026
  • 18–20 ans : 10,00 £/h (11,70 €) ; 10,85 £/h (12,69 €)
  • 16–17 ans et apprentis : 7,55 £/h (8,84 €) ; 8,00 £/h (9,36 €)

Pour un salarié à temps plein (35h/semaine), le revenu brut annuel au NLW s’élève à 22 222 £ (26 000 €) en 2025, et passera à 23 132 £ (27 065 €) en 2026.

Ces taux sont définis par la Low Pay Commission et approuvés par le gouvernement britannique. Ils concernent 2,7 millions de travailleurs au Royaume-Uni, dont 2,4 millions pour la tranche principale des 21 ans et plus.

Le Real Living Wage : un salaire volontaire mais plus élevé

À la différence du NLW, le Real Living Wage (RLW) est calculé de manière indépendante par la Living Wage Foundation, à partir du coût réel de la vie. Il ne fait l’objet d’aucune obligation légale, mais repose sur l’engagement volontaire des employeurs. Depuis octobre 2025, il est fixé à 13,45 £/h (15,74 €) au Royaume-Uni (hors Londres) et 14,80 £/h (17,35 €) à Londres.

Le Real Living Wage s’applique dès 18 ans, sans distinctions par tranches d’âge, contrairement au NLW. Il représente un revenu annuel brut de 24 479 £ (28 640 €) pour un temps plein, soit 2 256 £ (2 640 €) de plus que le National Living Wage.

L’Écosse en tête du Real Living Wage

L’Écosse est la région du Royaume-Uni la plus engagée dans l’adoption du Real Living Wage. En novembre 2025, le Premier ministre écossais John Swinney a annoncé que 4 000 employeurs étaient accrédités à verser ce salaire. Cela représente 25 % de l’ensemble des employeurs certifiés au Royaume-Uni, alors que l’Écosse ne représente qu’environ 8 % de la population britannique.

Au total, 72 000 travailleurs écossais bénéficient directement de cet engagement salarial. L’impact économique est significatif : plus de 680 millions de livres ont été redistribués aux salariés écossais depuis 2011 via cette politique volontaire.

Parmi les entreprises accréditées figurent Diageo, SSE, DC Thomson, ou encore le club de football Heart of Midlothian. La majorité des employeurs sont néanmoins des petites et moyennes entreprises, ancrées dans le tissu économique local.

Fair Work First : conditionner les aides publiques au Real Living Wage

Depuis juillet 2023, le gouvernement écossais impose le respect du Real Living Wage comme critère d’accès aux financements publics. Cette stratégie, appelée Fair Work First, impose aux entreprises bénéficiant de subventions de respecter plusieurs engagements :

  • Paiement du Real Living Wage
  • Représentation des salariés (via syndicats ou dispositifs internes)
  • Formation continue
  • Limitation des contrats zéro heure
  • Réduction des écarts salariaux entre femmes et hommes

En 2023–2024, plus de 2,6 milliards de livres de subventions ont été attribuées dans le cadre de ces critères.

Living Hours et Living Pension : vers une sécurité globale

L’Écosse promeut également d’autres programmes volontaires pour renforcer la stabilité des revenus. L’initiative Living Hours garantit au moins 16 heures de travail hebdomadaire, avec un préavis d’un mois pour tout changement d’horaire. Elle vise à limiter les effets de la précarité et des horaires imprévisibles. En 2025, 117 employeurs écossais étaient accrédités Living Hours, soit 43 % de l’ensemble du Royaume-Uni.

Par ailleurs, le programme Living Pension encourage les employeurs à assurer une couverture retraite décente pour les salariés à bas revenus, souvent exclus des systèmes classiques.

La pauvreté au travail reste un défi structurel

Malgré ces efforts, la pauvreté au travail persiste en Écosse. Selon la Joseph Rowntree Foundation, 6 personnes sur 10 en situation de pauvreté vivent dans un ménage où au moins une personne travaille. 14 % des ménages actifs sont en dessous du seuil de pauvreté, soit environ 410 000 personnes en emploi.

11,4 % des emplois écossais (près de 288 000 postes) sont encore rémunérés en dessous du Real Living Wage. Cette proportion grimpe à 12,7 % pour les femmes et à 23 % pour les travailleurs à temps partiel, révélant des inégalités persistantes.

Où se situe le salaire minimum britannique en Europe ?

Avec un revenu mensuel brut estimé à environ 2 100 €, le Royaume-Uni figure parmi les pays européens au salaire minimum le plus élevé en valeur nominale, derrière le Luxembourg (2 638 €), les Pays-Bas (2 500 €) et l’Irlande (2 402 €).

Cependant, les comparaisons changent si l’on considère la parité de pouvoir d’achat (PPA). En PPA, l’Allemagne devance tous les autres pays avec 1 992 €, contre 1 664 € pour l’Irlande. Une étude de la Gisma University (2025) souligne que dans 25 des 26 pays de l’UE disposant d’un salaire minimum, celui-ci ne couvre pas les besoins de base d’un adulte vivant seul.

Vers la suppression des discriminations d’âge

Le gouvernement britannique prévoit d’aligner progressivement le salaire minimum des 18–20 ans sur celui des 21 ans et plus. Deux options sont à l’étude : abaisser l’âge seuil année après année, ou relever directement les taux des plus jeunes travailleurs. L’objectif est d’éliminer l’écart salarial injustifié fondé sur l’âge, à travail égal.

Une Écosse sans SMIC, mais avec une stratégie salariale distincte

Privée de la compétence législative, l’Écosse n’a pas son propre SMIC. Mais elle s’impose comme la région la plus ambitieuse du Royaume-Uni en matière de salaires décents. À travers l’adoption massive du Real Living Wage, les politiques publiques conditionnelles et les dispositifs complémentaires comme Living Hours ou Living Pension, elle construit une stratégie salariale qui dépasse le simple taux horaire.

À long terme, un changement constitutionnel ou une indépendance pourraient permettre à l’Écosse d’instituer un salaire minimum national propre, adapté à ses réalités économiques et sociales. En attendant, le pays s’appuie sur des leviers volontaires, avec un impact mesurable sur des dizaines de milliers de travailleurs.



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