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Lundi 24 novembre en début de soirée, le chef d’entreprise Vincent Bastide a été victime d’une agression d’une rare violence. Pris en otage devant son entreprise à Caissargues, conduit de force jusqu’à son domicile à Nîmes, frappé et volé, le PDG du groupe Bastide a échappé à une séquestration prolongée grâce à l’intervention de ses fils et des forces de l’ordre.
Vers 19h00, Vincent Bastide quitte les locaux de son entreprise à Caissargues, en périphérie de Nîmes. Alors qu’il rejoint son véhicule, une Porsche Taycan Turbo, il est intercepté par trois hommes armés et cagoulés. L’un d’eux prend le volant sans poser de questions, conduisant directement vers l’adresse personnelle du PDG. Les enquêteurs estiment que les agresseurs disposaient d’informations précises sur ses habitudes et son domicile.
Durant le trajet, la victime tente à plusieurs reprises de s’échapper. Il est violemment frappé, recevant coups de crosse et coups de poing au visage et au crâne.
Intervention décisive des fils Bastide à Nîmes
Le véhicule arrive vers 19h20 au domicile de Vincent Bastide, situé sur les hauteurs de Nîmes. À l’intérieur se trouvent ses deux fils, Adrien, 22 ans, et Édouard, 19 ans. L’aîné est menacé par les assaillants, tandis que le plus jeune parvient à se réfugier dans sa chambre pour alerter la police.
L’appel au 17, passé vers 19h30, déclenche une intervention rapide. À 19h40, les malfaiteurs prennent la fuite avant l’arrivée des forces de l’ordre, emportant avec eux plusieurs objets de valeur.
Le préjudice matériel est conséquent. Selon la procureure de la République de Nîmes, Cécile Gensac, les voleurs ont dérobé une dizaine de montres de luxe (Cartier, Tiffany & Co, Van Cleef & Arpels), trois bagues, un bracelet de marque et plusieurs téléphones portables. Le montant total du butin est estimé à environ un million d’euros.
La Porsche de la victime est retrouvée peu après, incendiée sur la route de Sauve, à un kilomètre du domicile. Les enquêteurs considèrent cet incendie comme une tentative d’effacer les traces biologiques. Un deuxième véhicule aurait été préparé pour assurer leur fuite.
Un PDG blessé et profondément choqué
Vincent Bastide a subi des violences physiques importantes, notamment une plaie ouverte au crâne. Il a également été aspergé d’eau de javel, une méthode connue pour effacer les traces ADN sur les vêtements. Selon France Bleu Gard-Lozère, le chef d’entreprise est « profondément traumatisé » par les faits. Le groupe Bastide a indiqué dans un communiqué que son dirigeant et sa famille sont « en sécurité et en bonne santé ».
La gendarmerie a ouvert une enquête pour « enlèvement en bande organisée pour faciliter un crime, vol avec arme en bande organisée, et destruction par moyen dangereux en bande organisée ». Trois individus sont activement recherchés. Le dossier a été confié à la Section de Recherches de Nîmes et au Groupement de gendarmerie du Gard.
Selon Bruno Bartoccetti, secrétaire national du syndicat de police Un1té, les auteurs seraient des « professionnels du home-jacking » ayant ciblé leur victime avec soin. Un expert cité par TF1 se dit confiant quant à l’issue de l’enquête, soulignant que même les criminels expérimentés « commettent toujours des erreurs ».
Vincent Bastide, figure discrète de la santé à domicile
Âgé de 56 ans, Vincent Bastide dirige l’entreprise familiale fondée en 1977 par son père, Guy Bastide. Formé au management à l’Université d’Anvers, il rejoint le groupe en 1995, en devient directeur général en 2005, puis président-directeur général en 2021. Sous sa direction, l’entreprise connaît une croissance soutenue.
Le groupe Bastide, coté sur Euronext Paris, emploie près de 3 700 personnes, réalise un chiffre d’affaires annuel de 491,2 millions d’euros (+8 % en organique), et affiche une marge opérationnelle de 9 %. Présent dans huit pays, il est spécialisé dans les prestations de santé à domicile, dont l’assistance respiratoire, la nutrition parentérale et la perfusion.
Selon des sources proches, Vincent Bastide avait déjà rencontré des problèmes de sécurité par le passé, l’ayant conduit à faire appel à des services de protection privée.
Les home-jackings en forte hausse en France
L’agression de Vincent Bastide s’inscrit dans une tendance nationale marquée par la hausse des home-jackings. Ces dernières années, les faits se multiplient : 482 cas en 2022, 515 en 2023 (+8 %), 550 en 2024 (+7 %). Au premier semestre 2025, environ 250 cas ont été recensés.
Les services de police distinguent deux types d’auteurs : les professionnels, souvent issus du grand banditisme, qui ciblent des personnes fortunées après un repérage minutieux, et les opportunistes, souvent jeunes, repérant leurs cibles sur les réseaux sociaux. Dans le cas Bastide, tout indique un acte préparé par des professionnels aguerris.
Plusieurs personnalités visées en 2025
L’agression du PDG Bastide intervient dans un contexte d’attaques visant des entrepreneurs ou personnalités médiatiques. En janvier, David Balland, cofondateur de Ledger, a été enlevé avec sa compagne à Vierzon, subissant des mutilations. En mai, un père de joueur de poker a été séquestré à Paris pendant 58 heures. Une tentative similaire a visé la famille du PDG de Paymium la même semaine. En septembre 2023, l’animateur Bruno Guillon a lui aussi été victime d’un home-jacking violent.
L’enquête bénéficie d’un contexte favorable à son élucidation. Selon la police, le taux de résolution des home-jackings est d’environ 70 %, grâce à l’analyse ADN et à la vidéosurveillance. La coordination entre services spécialisés et la rapidité de l’alerte pourraient permettre d’identifier les auteurs dans les prochaines semaines.


