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Je m’appelle Sarah, j’ai 20 ans, et j’étudie le droit à la Sorbonne. Depuis six mois, je travaille dans un fast-food près de Châtelet. Ce n’était pas un choix, juste une nécessité. Mes parents vivent à Tours et peuvent m’envoyer 300 euros par mois. Le reste, c’est à moi de le trouver. Et à Paris, quand on n’a pas d’argent, chaque journée ressemble à un combat.
Horaires tardifs, salaire bas : un quotidien qui épuise
Je fais des fermetures trois soirs par semaine, parfois jusqu’à minuit. Les horaires sont flexibles, oui, mais surtout imprévisibles. Les pauses sautent dès qu’il y a du rush, les clients s’énervent pour un sandwich oublié, et on passe des heures à courir entre les friteuses, les caisses et la plonge.
Avec mes heures, je gagne à peine 750 euros par mois. Après avoir payé mon loyer pour une chambre de 12 m² dans le 19e, mon Navigo et l’épicerie du mois, il ne reste presque plus rien. À partir du 10, je commence déjà à compter chaque euro.
“Quand des étudiants de la Sorbonne me voient, je ressens une injustice sociale”
Parfois, des étudiants de la Sorbonne entrent dans le fast-food. Certains sont dans les mêmes amphis que moi. Ils viennent manger en parlant de leurs TD, de leurs stages, de leurs projets.
Moi, je suis derrière la borne à leur souhaiter “bon appétit”.
Je ne leur en veux pas. Mais dans ces moments-là, je ressens une injustice sociale profonde. On suit les mêmes cours, on prépare les mêmes examens… mais on ne vit pas la même vie. Eux repartent réviser, moi je repars essuyer les tables.
Étudier et travailler : un passage obligé dicté par la nécessité
Je fais mon travail sérieusement, parce que je n’ai pas le choix. Mais chaque service me rappelle que je suis ici uniquement par nécessité financière. Ce job est un passage obligé, un sacrifice permanent : dormir moins, manger vite, réviser tard, travailler quand les autres soufflent.
Paris est une ville magnifique. Mais avec un salaire de fast-food, elle est surtout brutale. Trop chère, trop rapide, trop indifférente.
Je tiens parce que j’ai un objectif : mon diplôme. Je veux devenir juriste, peut-être avocate. Je veux que cette période reste ce qu’elle est : difficile, mais temporaire.


