SMIC : à combien s’élève le salaire minimum en Algérie ?

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Le salaire minimum en Algérie est resté inchangé depuis 2020, malgré une inflation persistante et une érosion notable du pouvoir d’achat. Mais une revalorisation pourrait intervenir prochainement, à la suite d’un engagement présidentiel. Détails sur le montant actuel, le contexte économique et les perspectives d’évolution.

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Quel est le salaire minimum actuel en Algérie ?

Fixé à 20 000 dinars algériens (132,56 euros) par mois, le Salaire national minimum garanti (SNMG) équivaut à 115,38 dinars (0,76 euro) de l’heure pour une durée hebdomadaire légale de 40 heures. Ce montant correspond à environ 132,56 euros au taux officiel de change (150,64 DA pour 1 euro au 25 novembre 2025). Sur le marché parallèle, plus représentatif de la réalité économique quotidienne, la valeur du SNMG chute à 71–75 euros, en raison d’un taux de change avoisinant 280–285 dinars pour un euro.

Le SNMG n’a pas été revalorisé depuis le 1er juin 2020, alors même que l’Algérie a traversé une période prolongée d’instabilité des prix. Selon l’Office national des statistiques, le niveau général des prix a augmenté de 180 % entre 2001 et 2024. L’inflation annuelle s’établissait à 2,2 % en septembre 2025, après avoir atteint des niveaux bien plus élevés entre 2021 et 2023. En parallèle, le salaire minimum représente moins de 47 % du salaire moyen national, actuellement estimé à 42 800 dinars (283,99 euros) mensuels.

Historique du SNMG : des hausses espacées dans le temps

Instauré en 1974, le SNMG a connu plusieurs ajustements. Il est passé de 1 000 dinars (6,64 euros) en 1990 à 18 000 dinars (119,30 euros) en 2012, avant d’atteindre 20 000 dinars (132,56 euros) en 2020. Cette dernière augmentation, officialisée par le décret présidentiel n° 21-137 publié au Journal officiel en avril 2021, représentait une hausse de 11 % par rapport au seuil précédent. Depuis, aucune revalorisation n’a été mise en œuvre.

Lors du Conseil des ministres du 16 novembre 2025, le président Abdelmadjid Tebboune a instruit le ministère des Finances de préparer un projet de loi pour revoir le montant du SNMG à la hausse. Cette décision marque une inflexion dans la politique salariale, après plusieurs années de blocage. Le montant exact de la revalorisation n’a pas été annoncé, mais une hausse à 25 000 dinars (165,70 euros) est évoquée de manière récurrente dans les estimations relayées par la presse et les observateurs économiques.

Le rôle déterminant de la centrale syndicale UGTA

La pression exercée par l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) a contribué à faire évoluer la position du gouvernement. En février 2025, le secrétaire général de l’organisation syndicale, Amar Takdjout, déclarait que l’augmentation du SNMG figurait « à l’agenda présidentiel ». L’UGTA a formulé plusieurs hypothèses de revalorisation, allant jusqu’à 30 000 dinars (198,84 euros), tout en commanditant une étude d’impact destinée à étayer ses recommandations.

Le SNMG s’applique à tous les travailleurs salariés du secteur public et privé disposant d’un contrat de travail, qu’il soit permanent ou temporaire. Il concerne notamment les agents de sécurité, les ouvriers peu qualifiés, les employés de commerce ou encore les travailleurs agricoles. À l’inverse, les travailleurs indépendants et les salariés du secteur informel, dont la part reste importante dans l’économie nationale, ne sont pas couverts par ce dispositif. Un autre déséquilibre notable réside dans l’écart entre les salaires moyens du secteur public (60 100 dinars / 398,66 euros) et du secteur privé (34 900 dinars / 231,42 euros), soit une différence de 25 200 dinars (167,24 euros), représentant un écart de 72 %.

Conséquences économiques attendues d’une hausse du SNMG

Une revalorisation du SNMG aurait un effet immédiat sur le pouvoir d’achat des catégories les plus modestes. Selon certaines analyses économiques, une hausse de 25 % du salaire minimum pourrait augmenter les revenus de certaines familles de près de 20 %. Parallèlement, cette mesure pourrait alourdir les charges des petites et moyennes entreprises, en particulier dans le secteur privé, où les marges sont plus faibles. Toutefois, les économistes estiment que le coût budgétaire pour l’État reste soutenable, notamment en raison du soutien apporté par les recettes pétrolières.

Le ministère des Finances doit finaliser un projet de loi qui sera ensuite examiné pour adoption. L’entrée en vigueur de la revalorisation pourrait intervenir entre la fin de l’année 2025 et le début de l’année 2026. Ce serait la deuxième augmentation du SNMG depuis 2020. Si elle se confirme, elle signalerait un changement d’orientation dans la politique salariale, en réponse à la pression sociale et aux déséquilibres économiques accumulés.



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