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- Salaire minimum 2025 en Grèce : hausse modérée, effet limité
- Retour progressif après une décennie d’austérité
- Classement européen : la Grèce parmi les derniers
- Pouvoir d’achat : un salaire insuffisant pour vivre dignement
- Une base salariale pour une large part des travailleurs
- Objectif 2027 : vers un salaire minimum à 950 euros
- Contestations syndicales et débat sur le rythme des hausses
Depuis avril 2025, le salaire minimum brut en Grèce est fixé à 880 euros par mois, soit environ 743 euros nets. Malgré cinq augmentations consécutives depuis 2019, il demeure l’un des plus bas de l’Union européenne. Le gouvernement promet une nouvelle hausse d’ici 2027, tandis que les syndicats dénoncent un décalage persistant entre hausse nominale et niveau de vie réel.
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Salaire minimum 2025 en Grèce : hausse modérée, effet limité
Le salaire minimum brut mensuel a été relevé à 880 euros depuis le 1er avril 2025, contre 830 euros en 2024, soit une augmentation de 6 %. En net, un salarié sans enfant touche 743 euros mensuels. Pour ceux ayant deux enfants ou plus, le montant atteint 762 euros, selon les cotisations sociales en vigueur.
La Grèce applique un système de rémunération sur 14 mois, incluant un demi-salaire à Pâques, un autre en été, et un salaire complet en décembre. Recalculé sur 12 mois, cela porte le salaire minimum brut à 1 027 euros par mois. Ce chiffre est utilisé par Eurostat pour les comparaisons européennes.
Retour progressif après une décennie d’austérité
Pendant la crise de la dette (2010–2018), le salaire minimum a été réduit de 22 % en février 2012, passant de 751 à 586 euros, sous la pression des créanciers internationaux. Il a stagné durant plusieurs années.
Depuis 2019, sous l’impulsion du gouvernement Mitsotakis, une série d’augmentations a été mise en œuvre. Le SMIC est passé de 650 euros en 2019 à 880 euros en 2025, soit une hausse cumulative de 35,4 %, nettement supérieure à l’inflation cumulée sur la même période (18,6 %). Le salaire minimum représente actuellement 59 % du salaire médian, ce qui le rapproche des objectifs européens.
Classement européen : la Grèce parmi les derniers
D’après les données Eurostat de novembre 2025, le salaire minimum grec reste en bas du classement de l’UE. Il se situe derrière la Croatie (970 €), Malte (936 €) et juste devant la Bulgarie (551 €). Seuls les pays d’Europe centrale et orientale présentent des niveaux similaires.
En tenant compte des parités de pouvoir d’achat, la Grèce passe dans le groupe intermédiaire (entre 1 000 et 1 500 SPA), ce qui reflète un coût de la vie plus bas que dans les pays d’Europe occidentale.
Pouvoir d’achat : un salaire insuffisant pour vivre dignement
Malgré les hausses successives, le salaire minimum grec reste insuffisant pour couvrir les dépenses de base. Plus de 60 % des ménages déclarent des difficultés à boucler leurs fins de mois. Pour les foyers à faibles revenus, les ressources s’épuisent souvent avant la fin de la deuxième semaine.
Le coût du logement, notamment à Athènes et Thessalonique, absorbe une part croissante des revenus. L’inflation, bien que retombée à 2 % en octobre 2025, a fortement affecté le pouvoir d’achat. Entre 2015 et 2023, la Grèce a enregistré la plus forte baisse des salaires réels dans l’UE (-8,3 %). Les revenus disponibles restent inférieurs à leur niveau de 2009.
Une base salariale pour une large part des travailleurs
Environ 10,2 % des salariés du secteur privé perçoivent le salaire minimum ou un montant proche, ce qui représente entre 421 000 et 575 000 personnes. S’y ajoutent près de 600 000 agents publics dont le salaire d’entrée est aligné sur le minimum légal.
Le salaire minimum sert également de référence pour plusieurs prestations sociales. Son augmentation entraîne automatiquement celle de l’allocation chômage (désormais à 540 €) ou de l’allocation maternité (7 919,69 € sur neuf mois). Les primes d’ancienneté et de mariage, spécifiques au système grec, peuvent porter le salaire à 1 144 euros pour un salarié marié ayant plus de neuf ans d’ancienneté.
Objectif 2027 : vers un salaire minimum à 950 euros
Le gouvernement vise un relèvement du salaire minimum à 950 euros bruts d’ici 2027, soit une hausse de 8 % sur deux ans. L’objectif est double : rattraper partiellement le retard par rapport aux standards européens et améliorer la situation des travailleurs à bas revenu.
Cette trajectoire s’inscrit dans la transposition de la directive européenne 2022/2041, à travers la loi 5163/2024. Une période transitoire est prévue jusqu’en 2027, maintenant le processus tripartite de fixation du SMIC (gouvernement, employeurs, syndicats). À partir de 2028, un nouveau mécanisme prendra en compte les prix à la consommation et les salaires médians.
Contestations syndicales et débat sur le rythme des hausses
Les syndicats jugent la progression insuffisante au regard du coût de la vie. L’ETUC a notamment souligné que le salaire minimum grec, malgré les hausses, reste trop faible pour répondre aux besoins fondamentaux, notamment dans les grandes agglomérations.
Les critiques portent également sur l’écart entre la croissance économique (2,1 % attendus en 2025) et la stagnation des revenus réels. Le ratio de 59 % du salaire médian, bien qu’en amélioration, reste inférieur au seuil recommandé de 60 %.


