SMIC : à combien s’élève le salaire minimum aux États-Unis ?

Comment expliquer qu’en 2025, des travailleurs américains gagnent encore 2,13 dollars de l’heure, tandis que d’autres touchent plus de 20 ?

Afficher le résumé Masquer le résumé

Le salaire minimum fédéral américain est fixé à 7,25 dollars de l’heure depuis le 24 juillet 2009. Quinze ans plus tard, ce montant reste en vigueur dans 20 États, principalement dans le Sud et le Midwest. Ce plancher national, qui concerne les travailleurs couverts par la législation fédérale, n’a jamais été indexé sur l’inflation.

A LIRE AUSSI
SMIC en Europe : les montants pays par pays

Plusieurs propositions de loi ont tenté de relever ce seuil. En 2025, deux textes sont en débat au Congrès. Le Raise the Wage Act prévoit une hausse progressive à 17 dollars de l’heure d’ici 2030, assortie d’une indexation automatique. Le Higher Wages for American Workers Act, plus direct, propose un passage immédiat à 15 dollars. Aucun des deux projets n’a été adopté à ce jour.

Dans les faits, ce salaire minimum fédéral ne constitue plus qu’un socle théorique, largement dépassé par les revalorisations initiées localement.

Des États et villes moteurs dans la revalorisation

Face à l’immobilisme du niveau fédéral, la majorité des États américains ont instauré leur propre salaire minimum, souvent supérieur et indexé sur le coût de la vie. En 2025, 30 États et plus de 80 villes ou comtés ont adopté des montants supérieurs à 7,25 dollars.

En Californie, le salaire minimum atteint 16,50 dollars, avec des taux spécifiques par secteur : les employés de la restauration rapide touchent 20 dollars depuis avril 2024. L’État de Washington, le plus généreux parmi les législations générales, applique un taux de 16,66 dollars, en hausse automatique en 2026.

New York applique une grille différenciée : 16,50 dollars à New York City, Long Island et Westchester ; 15,50 dollars dans le reste de l’État. D’autres États, comme le Connecticut, le Massachusetts ou le New Jersey, se situent entre 15 et 16,35 dollars, avec des augmentations prévues en 2026.

À l’échelle urbaine, certaines villes fixent des planchers bien au-dessus de leur État de rattachement. Washington D.C. applique un minimum de 17,95 dollars depuis le 1er juillet 2025. À Los Angeles, les employés du secteur hôtelier bénéficient depuis septembre 2025 d’un minimum horaire de 22,50 dollars.

Des règles variables selon les secteurs et les profils

Le système américain autorise des dérogations sectorielles importantes. Les tipped employees, travailleurs dont la rémunération repose principalement sur les pourboires (serveurs, barmans), peuvent être légalement payés à un taux horaire de 2,13 dollars, sous réserve que les pourboires perçus permettent d’atteindre le salaire minimum applicable. Plusieurs États, comme la Californie ou le Nevada, refusent cette exception et imposent un minimum unique à tous les salariés.

Washington D.C. a lancé en 2025 une réforme progressive pour supprimer ce traitement différencié : le salaire minimum pour les tipped employees est passé de 10 dollars à 12 dollars le 1er octobre, avec une convergence vers le taux général prévue d’ici 2034.

Certains États appliquent également des salaires réduits pour les jeunes de moins de 20 ans pendant leurs 90 premiers jours d’emploi, ou pour les étudiants travaillant à temps partiel. D’autres exemptions existent dans les secteurs agricoles, les petites entreprises ou l’économie informelle.

Des effets économiques débattus

Les revalorisations locales du salaire minimum suscitent des débats sur leur impact économique. Elles sont souvent justifiées par la hausse du coût de la vie, en particulier dans les zones urbaines, ainsi que par la nécessité de réduire la pauvreté des travailleurs.

Une étude publiée en novembre 2025 par le Cato Institute, un think tank libéral, suggère que la hausse du salaire minimum californien à 20 dollars pour les employés de la restauration rapide n’a pas entraîné de baisse significative de l’emploi dans ce secteur. D’autres analyses soulignent toutefois des effets indirects sur les prix à la consommation, la réduction des embauches ou l’augmentation de l’automatisation dans certaines chaînes.

Les oppositions idéologiques entre républicains et démocrates continuent de polariser le débat au niveau fédéral, retardant toute réforme d’ampleur nationale.

Une géographie salariale de plus en plus fragmentée

La carte du salaire minimum américain reflète de fortes disparités territoriales. Les États de la côte Ouest (Californie, Washington, Oregon) et du Nord-Est (Connecticut, Massachusetts, New York, New Jersey) appliquent les taux les plus élevés. À l’inverse, de nombreux États du Sud, comme l’Alabama, le Mississippi ou le Texas, restent alignés sur le plancher fédéral de 7,25 dollars.

Les grandes métropoles, souvent dirigées par des majorités démocrates, sont les moteurs de la revalorisation. Los Angeles, New York, Seattle ou D.C. se distinguent par des politiques salariales volontaristes, parfois supérieures aux standards européens. Ces écarts créent des tensions interrégionales, des flux de main-d’œuvre et une concurrence sociale accrue entre territoires.

Le système américain repose sur une logique de subsidiarité qui permet aux territoires d’adapter leur politique salariale à leur réalité économique. Ce modèle offre une certaine souplesse, mais il accentue aussi les inégalités entre régions riches et zones à bas salaires.



L'Essentiel de l'Éco est un média indépendant. Soutenez-nous en nous ajoutant à vos favoris Google Actualités :

Publiez un commentaire

Publier un commentaire