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En 2025, le salaire minimum portugais s’établit à 870 euros bruts mensuels sur 14 mois, soit 1 015 euros bruts en équivalent 12 mois. Cette hausse, actée par décret en novembre 2024, s’inscrit dans une trajectoire de croissance visant les 1 200 euros d’ici 2030. Le Portugal reste cependant dans la moitié basse du classement européen des salaires minimaux, avec des disparités régionales marquées et un débat actif sur le pouvoir d’achat réel qu’offre cette rémunération.
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Quel est le montant du SMIC au Portugal ?
Le montant brut mensuel du Salário Mínimo Nacional portugais est de 870 euros, versé en 14 mensualités, conformément au droit du travail national. Pour les comparaisons internationales, ce montant est rapporté à un équivalent 12 mois, soit 1 015 euros bruts mensuels.
Le salaire horaire brut est de 4,65 euros, correspondant à environ 4,19 euros nets, sur la base d’une moyenne de 21,7 jours ouvrables par mois et de 7,6 heures de travail par jour.
En net, un salarié au SMIC touche entre 720 et 775 euros mensuels s’il est célibataire sans charge fiscale. Ce revenu peut atteindre 875 à 920 euros dans le cas d’un salarié avec enfants ou bénéficiant d’exonérations.
Le Portugal dans le classement des salaires minimums en Europe
En 2025, le Portugal occupe le 12ᵉ rang des pays de l’Union européenne dotés d’un salaire minimum légal. Il se situe juste au-dessus de la Pologne (870 €) et derrière la Grèce (1 027 €), qui a temporairement dépassé le Portugal en août 2025 grâce à une hausse ciblée.
Le contraste avec l’Europe de l’Ouest reste marqué. En France, le SMIC brut est de 1 767 euros ; il dépasse 2 700 euros au Luxembourg. Le salaire minimum portugais reste néanmoins au-dessus de ceux pratiqués en Europe de l’Est, notamment en Roumanie (663 €) et en Bulgarie (477 €).
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Une progression encadrée jusqu’en 2030
Le salaire minimum portugais a connu une hausse de +2,4 % entre 2024 et 2025, dans le cadre d’une trajectoire de croissance pluriannuelle validée par les partenaires sociaux. Depuis 2022, la progression atteint +20 %, malgré un gel en 2023.
Un accord conclu fin 2024 prévoit des hausses annuelles de 45 euros jusqu’en 2028, en vue d’atteindre 1 200 euros mensuels bruts d’ici 2030, soit une progression de +37,9 % sur six ans. Cette stratégie vise à renforcer le pouvoir d’achat, à réduire la pauvreté laborieuse et à rapprocher les standards portugais de la médiane européenne.
Contrairement à d’autres pays, le salaire minimum portugais n’est pas indexé automatiquement sur l’inflation. Il est défini chaque année dans le cadre d’une concertation tripartite entre le gouvernement, les syndicats (CGTP, UGT) et les organisations patronales (CCP, FEPCED).
Le décret-loi de novembre 2024 fixe la trajectoire jusqu’en 2028, avec une clause de révision si l’inflation devait s’emballer. Ce mécanisme permet une certaine prévisibilité pour les entreprises, mais limite les ajustements rapides en cas de choc économique.
Qui perçoit le SMIC au Portugal ?
Environ 18 à 21 % des salariés portugais sont rémunérés au SMIC, soit entre 760 000 et 880 000 personnes sur une population active salariée estimée à 4,2 millions. Les femmes représentent 62 % de ces travailleurs, en raison de leur surreprésentation dans les secteurs les moins rémunérés.
Les secteurs les plus concernés sont :
- l’hôtellerie-restauration (34 % des emplois au SMIC),
- le commerce de détail (28 %),
- les services à la personne et le nettoyage (15 %),
- l’industrie textile (12 %),
- l’agriculture et la pêche (8 %).
Des disparités régionales marquées
Le Portugal applique un salaire minimum unique sur l’ensemble de son territoire. Toutefois, des ajustements sont prévus pour les régions autonomes : à Madère et aux Açores, le SMIC est majoré de 3 à 5 % pour compenser les surcoûts logistiques.
À Lisbonne et à Porto, où le coût de la vie est supérieur de 15 à 20 % à la moyenne nationale, le SMIC est largement insuffisant pour couvrir les loyers, qui atteignent 850 à 1 200 euros pour un appartement de deux pièces. À l’inverse, dans les régions de l’intérieur comme l’Alentejo ou certaines zones de l’Algarve, le SMIC offre un pouvoir d’achat relativement plus favorable.
Quel impact économique pour les entreprises ?
Les cotisations patronales s’élèvent à environ 23,75 % du salaire brut, dont 3,3 % pour la retraite, 0,8 % pour le chômage et 0,9 % pour les accidents du travail. Pour les PME, qui emploient 68 % de la main-d’œuvre portugaise, le poids relatif du SMIC reste plus élevé que pour les grandes entreprises.
Le gouvernement a mis en place plusieurs aides ciblées : exonérations temporaires pour l’embauche de jeunes, crédits d’impôt pour les micro-entreprises, ou encore un fonds d’aide spécifique pour les secteurs du tourisme et de la restauration.
Une hausse contenue du pouvoir d’achat
Si le SMIC portugais a progressé de +20 % depuis 2022, l’inflation cumulée sur la période est de +18,6 %. Le gain réel de pouvoir d’achat reste donc limité, autour de +1,4 %. Ce différentiel alimente les critiques des syndicats, qui réclament une hausse plus rapide et des ajustements régionaux.
En parallèle, la progression du SMIC exerce une pression à la hausse sur les salaires légèrement supérieurs (entre 1 100 et 1 500 euros), sans gains de productivité équivalents, ce qui alimente une polarisation salariale dans certains secteurs.
L’engagement gouvernemental de porter le SMIC à 1 200 euros d’ici 2030 repose sur un scénario de croissance économique annuelle de 2 à 2,5 %. Selon les estimations de la Banco de Portugal, cette trajectoire est soutenable à condition que l’inflation reste contenue et que les gains de productivité s’améliorent.
Sur le plan européen, le Portugal cherche à converger vers la médiane de l’UE, estimée autour de 1 150 euros bruts mensuels. Mais une hausse trop rapide pourrait nuire à la compétitivité du pays face à d’autres économies à bas coût, comme la Pologne ou la Roumanie.


