Combien gagne votre coiffeur(se) ?

Salaire d’un coiffeur : SMIC, pourboires, primes, statut… Voici les revenus réels de ces professionnels du soin et de l’esthétique.

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CAP, horaires décalés, station debout, relation client exigeante… Le métier de coiffeur mobilise à la fois compétences techniques et sens du contact. Pourtant, derrière la vitrine des salons, les rémunérations restent modestes et peinent à refléter les qualifications exigées. Enquête sur un secteur essentiel mais fragilisé, entre bas salaires, marges réduites et transformation accélérée des modèles économiques.

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Un métier qualifié aux revenus toujours modestes

Le salaire moyen d’un coiffeur salarié en France s’établit à 2 049 euros bruts par mois, soit environ 1 550 euros nets. Cette moyenne masque de fortes disparités selon les statuts (salarié, indépendant, gérant), les territoires et les types de salon.
Le secteur pèse entre 6,3 et 7,1 milliards d’euros de chiffre d’affaires et compte 179 700 actifs, dont 108 900 salariés. Pourtant, les tensions sur le recrutement persistent et les jeunes professionnels sont de plus en plus nombreux à quitter la coiffure après quelques années seulement, en raison de la faiblesse des salaires et de conditions de travail éprouvantes.

Grille salariale des coiffeurs : un CAP au SMIC

La convention collective de la coiffure fixe une grille salariale en trois niveaux. Le niveau 1, qui concerne les coiffeurs débutants titulaires du CAP, débute exactement au SMIC : 1 801,80 euros bruts mensuels au 1er janvier 2025. Les échelons supérieurs du niveau 1 n’apportent qu’un léger différentiel.
Le niveau 2 regroupe les techniciens qualifiés. Il propose des salaires allant de 1 827 à 2 009 euros bruts mensuels selon les responsabilités. Le niveau 3, réservé aux managers et encadrants, débute à 2 134 euros bruts et peut atteindre 3 291 euros pour les fonctions de direction multi-sites.

Ces salaires, même dans les échelons supérieurs, restent en deçà de ceux pratiqués dans d’autres secteurs aux responsabilités comparables.

Primes d’ancienneté : un gain limité sur le long terme

La convention collective prévoit une prime d’ancienneté à partir de cinq ans dans la même entreprise. Celle-ci progresse par paliers jusqu’à 20 ans, pour un montant mensuel maximal de 117 euros.
Cependant, l’ancienneté moyenne des coiffeurs tourne aujourd’hui autour de 6,5 à 8 ans, et de nombreux professionnels changent régulièrement d’établissement ou quittent le métier, réduisant mécaniquement l’impact de cette prime dans les trajectoires salariales.

Les tarifs pratiqués dans les salons varient fortement selon la zone géographique. Une coupe femme coûte en moyenne 32,7 euros à l’échelle nationale, mais dépasse souvent 40 euros dans les grandes villes et peut atteindre 60 à 80 euros à Paris.
En conséquence, les salaires dans les grandes métropoles, notamment en Île-de-France, sont en moyenne plus élevés, avec des compléments de rémunération liés aux pourboires et à la vente de produits.

À Paris, le salaire moyen toutes professions confondues dépasse 3 900 euros nets, contre 2 329 euros à Marseille. Les coiffeurs n’échappent pas à cette dynamique territoriale.

Franchises, indépendants, chaînes low cost

Le paysage de la coiffure est fragmenté. Près de 92 % des salons sont des TPE de moins de cinq salariés. Seuls 8,5 % sont franchisés, mais ils réalisent jusqu’à 30 % du chiffre d’affaires total du secteur. Leurs performances économiques sont supérieures à la moyenne, notamment dans les enseignes bien implantées en centre-ville.
À l’opposé, les petits salons indépendants de quartier font face à des charges croissantes et à une rentabilité souvent fragile. Ils sont particulièrement exposés à la concurrence des chaînes low cost et au développement de la coiffure à domicile, qui séduit une clientèle en quête de flexibilité et de prix attractifs.

Combien gagne un coiffeur salarié, indépendant ou gérant ?

Un coiffeur salarié débutant est souvent rémunéré au SMIC, soit 1 801,80 euros bruts. Un professionnel confirmé peut atteindre 2 100 à 2 400 euros bruts, en fonction de l’expérience, de la localisation et du type de salon. Les managers dans les franchises structurées peuvent percevoir entre 2 800 et 3 300 euros bruts mensuels.
Pour les indépendants, les revenus nets mensuels se situent généralement entre 1 000 et 1 800 euros selon le volume d’activité, la fidélité de la clientèle et l’optimisation des déplacements.

Les gérants de salon perçoivent des revenus très variables, fortement liés au chiffre d’affaires. Selon l’Observatoire Fiducial, un salon générant 100 000 à 150 000 euros de CA permet à son dirigeant de percevoir environ 26 500 euros bruts par an, soit 2 200 euros mensuels. Dans les cas les plus favorables (CA > 250 000 €), le revenu peut monter à 3 900 euros bruts par mois, mais cela reste l’exception.

Chiffre d’affaires, marges, fréquentation : la réalité économique des salons

Le chiffre d’affaires moyen par salon a progressé en 2023 pour atteindre environ 199 000 euros, contre 164 000 euros en 2022. Cette hausse est partiellement liée à l’inflation des tarifs.
La marge nette reste cependant limitée : entre 4 % et 10 % du CA dans la plupart des salons classiques. Elle est jugée insuffisante par les organisations professionnelles pour absorber les hausses de charges.

Le ticket moyen continue d’augmenter : 38,2 euros en 2023, 40,4 euros en 2024, et les premières projections pour 2025 évoquent un seuil de 42 euros. La fréquentation annuelle reste stable autour de six visites par client.

Les pourboires restent une pratique courante, bien que non systématique. Ils varient généralement entre 1 et 5 euros selon les prestations. Dans les salons haut de gamme, ils peuvent représenter un complément significatif, notamment pour les jeunes salariés ou les apprentis.
La revente de produits capillaires représente en moyenne 10 % du chiffre d’affaires des salons. Les marges sont élevées (50 à 60 %), et les salariés reçoivent souvent des commissions de 5 à 10 % sur leurs ventes, ce qui peut générer plusieurs dizaines à quelques centaines d’euros supplémentaires par mois.

Coiffure à domicile : un modèle souple mais plafonné

La coiffure à domicile représente désormais entre 27 % et 31 % de l’activité globale du secteur. Plus de 30 000 professionnels y sont recensés, la plupart sous le statut de micro-entrepreneur.
Avec une activité proche d’un temps plein (32 à 35 heures/semaine), les revenus nets mensuels oscillent entre 1 000 et 1 800 euros. Les faibles charges fixes permettent une meilleure rentabilité à condition d’optimiser les déplacements et de fidéliser une clientèle régulière.

Mais ce modèle atteint vite ses limites : plafonnement du chiffre d’affaires (72 600 euros annuels), moindre visibilité, et protection sociale plus faible en cas de baisse d’activité.

Visagistes, barbiers, coloristes : les niches les mieux rémunérées

Certains segments de la coiffure permettent des rémunérations supérieures à la moyenne. Les visagistes et stylistes capillaires, souvent installés dans des salons haut de gamme ou travaillant en freelance, peuvent atteindre 2 500 à 3 000 euros bruts mensuels, voire davantage.
Les barbiers, portés par la tendance des barbershops, bénéficient d’un panier moyen élevé et d’une clientèle fidèle. Un professionnel expérimenté peut gagner entre 2 000 et 3 500 euros bruts par mois en structure ou davantage en indépendant.

Pénurie de personnel et blocage des négociations salariales

Malgré ses besoins constants, la coiffure fait face à une pénurie chronique de main-d’œuvre. Près de 12 000 postes sont considérés comme difficiles à pourvoir. Les jeunes diplômés, souvent recrutés au SMIC malgré leur qualification, quittent rapidement la profession.
En 2025, les négociations salariales de branche ont été interrompues, les syndicats dénonçant une proposition de revalorisation trop faible (0,5 % pour les échelons hors SMIC). Les employeurs invoquent une situation économique fragile, exacerbée par la hausse des charges et la concurrence des micro-entreprises.

Les organisations professionnelles alertent sur la montée d’un modèle concurrentiel déstabilisant : prestations non déclarées, absence de diplômes, développement de plateformes de mise en relation hors cadre réglementaire.
La multiplication des coiffeurs auto-entrepreneurs réduit le vivier de salariés disponibles pour les salons classiques. Face à cette évolution, les fédérations patronales demandent une baisse des charges, un taux de TVA réduit et un renforcement des contrôles sur le travail illégal.



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