Quel avenir pour Ubisoft ?

Pourquoi Ubisoft fait-il appel à Tencent en pleine crise ? Réorganisation, dette, licenciements : les coulisses d’un redressement risqué.

Afficher le résumé Masquer le résumé

Alors que l’action a frôlé son plus bas historique, Ubisoft engage une transformation profonde. L’accord stratégique signé avec le groupe chinois Tencent, d’un montant de 1,16 milliard d’euros, marque une tentative de redressement structurel. Le groupe veut désormais bâtir un modèle industriel plus agile, recentré sur ses franchises principales. Mais le marché reste prudent.

Pourquoi Ubisoft a suspendu sa cotation en Bourse

Début novembre 2025, Ubisoft a temporairement suspendu sa cotation à la Bourse de Paris. Une décision inattendue, qui a alimenté les spéculations les plus alarmistes. En cause : un retraitement comptable imposé par les nouveaux auditeurs, affectant la reconnaissance des revenus sur l’exercice fiscal 2024-2025. Ce retraitement a révélé une violation du ratio de levier financier imposé par les créanciers, poussant Ubisoft à finaliser en urgence l’accord avec Tencent pour rembourser 286 millions d’euros de dettes.
Malgré la tension, les marchés ont salué la reprise de la cotation le 21 novembre. L’action a bondi de 11 %, à environ 7 euros, après avoir atteint un plus bas à 5,87 euros quelques jours plus tôt.

Tencent entre au capital : quels enjeux pour Ubisoft ?

L’opération finalisée avec Tencent repose sur une injection de 1,16 milliard d’euros en échange d’une participation de 26,32 % dans une nouvelle entité baptisée Vantage Studios. Cette filiale, contrôlée par Ubisoft, regroupe les franchises majeures : Assassin’s Creed, Far Cry, Rainbow Six.

Vantage Studios est valorisée 3,8 milliards d’euros en valeur d’entreprise pré-investissement, soit 5,1 milliards post-investissement. L’accord prévoit des garde-fous : Tencent ne pourra ni augmenter ni réduire sa participation pendant cinq ans, et Ubisoft conservera la majorité du capital pendant au moins deux ans. Le plafond de 9,99 % dans la maison mère reste inchangé jusqu’en 2030.

Des résultats en amélioration mais un cash-flow en alerte

Au premier semestre 2025-26, Ubisoft affiche une hausse des net bookings (+20,3 % à 772,4 millions d’euros), portée par des partenariats stratégiques et un back-catalogue solide. Le chiffre d’affaires IFRS recule légèrement (-2,1 %), mais le résultat opérationnel non-IFRS repasse en positif (27,1 millions d’euros), contre une perte de 252,1 millions un an plus tôt.

Le résultat opérationnel IFRS reste négatif à -120,2 millions d’euros, mais montre une nette amélioration. Le free cash-flow non-IFRS, en revanche, s’est encore dégradé à -240,3 millions d’euros. La situation justifie pleinement l’apport massif de liquidités via Tencent.

Depuis mars 2025, Ubisoft a réduit ses effectifs de 700 postes. Le groupe prévoit 100 millions d’euros d’économies supplémentaires d’ici 2026-2027, en plus des 200 millions déjà réalisés. Des restructurations ont été engagées en Suède et en Finlande, notamment chez Massive Entertainment et RedLynx.

Ubisoft mise sur dix lancements majeurs d’ici 2027

Ubisoft a repoussé plusieurs titres majeurs pour privilégier la qualité. Le pipeline créatif prévoit au moins dix projets majeurs sur deux ans : Assassin’s Creed Hexe, Splinter Cell Remake, Ghost Recon Project Ovr, un nouveau Far Cry, le remake de Prince of Persia, The Division 3 ou encore Beyond Good and Evil 2.
Ubisoft mise aussi sur de nouvelles expériences multijoueurs (Assassin’s Creed Invictus, Crest), des jeux communautaires (Alterra) ou le retour de Rayman. Ce calendrier sera décisif pour atteindre les objectifs de rentabilité fixés pour l’exercice 2026-2027.



L'Essentiel de l'Éco est un média indépendant. Soutenez-nous en nous ajoutant à vos favoris Google Actualités :

Publiez un commentaire

Publier un commentaire