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Le marché européen du discount a longtemps été dominé par Action. L’enseigne néerlandaise, avec ses 13,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2024 et plus de 3 000 magasins, règne en maître sur un modèle d’efficacité et de croissance rapide. Mais un autre acteur avance à grands pas. Tedi, fondé en 2004 à Dortmund, est devenu le roi du discount en Allemagne et entend désormais jouer à l’échelle continentale.
Avec 3 600 magasins dans 15 pays, dont 2 000 en Allemagne depuis juillet 2025, Tedi a dépassé les 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires sur l’exercice fiscal 2024-2025. Son rythme d’expansion est soutenu : plus d’un magasin ouvert par jour en Europe. Action, en comparaison, n’a que 600 magasins en Allemagne. Tedi, lui, se concentre sur la consolidation de son marché domestique avant de s’attaquer à l’international.
10 000 magasins en Europe
L’ambition est claire : atteindre 10 000 points de vente à long terme, contre un objectif initial de 5 000 à l’horizon 2029. Rien qu’en 2024-2025, Tedi a ouvert plus de 400 magasins. Ce cap a été annoncé par son CEO Petar Burazin .
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La France, deuxième marché européen pour le discount non alimentaire avec un potentiel estimé à 10 milliards d’euros selon Xerfi, est devenue un terrain de conquête. Après une implantation tardive en 2023 à Évreux, Tedi a rapidement rattrapé son retard en reprenant 42 magasins du réseau Max Plus, placé en liquidation judiciaire. L’opération digérée, l’enseigne repart à l’offensive.
Le concept de Tedi s’inspire des Dollar Stores américains. Là où Action propose 6 000 références, Tedi en aligne 16 000. Une offre pléthorique centrée sur la fête, les loisirs créatifs, la décoration, la papeterie, les arts de la table, les accessoires pour animaux ou encore le petit bricolage. En tête de gondole, plus de 5 000 articles à 1 € ou moins, et un sur deux à moins de 3 €.
Les magasins, d’une surface comprise entre 800 m² et 1 200 m², sont standardisés et approvisionnés depuis l’Allemagne et la Pologne, où Tedi dispose de 300 000 m² d’entrepôts logistiques. Les gondoles hautes optimisent l’espace sans nuire à l’expérience client. L’enseigne revendique un modèle bien rôdé, pensé pour le volume et la rentabilité à bas prix.
France : une stratégie offensive
Depuis 2024, la filiale française est dirigée par David Moulin, un professionnel du retail passé par Monoprix, Mr.Bricolage et Fnac-Darty. À son arrivée, Tedi comptait 60 magasins. Il en vise 100 « très rapidement ». L’enseigne en comptait plus de 80 à l’été 2024 et prévoit entre 37 et 40 ouvertures sur l’exercice en cours. Le point de vente phare, situé dans le centre commercial Les Arcades de Noisy-le-Grand, côtoie un magasin Action, facilitant les comparaisons.
Mais la croissance française n’est pas exempte de turbulences. Le chiffre d’affaires de la filiale a dépassé 29 millions d’euros en 2024, mais elle a accusé une perte nette de 4,6 millions. Une rotation importante des effectifs a été relevée, ainsi qu’une réserve d’audit du commissaire aux comptes sur la gestion des stocks. L’effectif se situe entre 500 et 999 salariés.
Pour accompagner sa croissance, Tedi a lancé en 2024-2025 un rebranding d’ampleur. L’enseigne a revu sa charte graphique, sa mascotte et son système de signalétique en magasin. Deux nouveaux espaces ont été introduits.
Osolandia (appelé Bärenland en Allemagne) est dédié aux enfants, avec jouets, confiseries et décors colorés. Trendi-Point regroupe les produits tendance et viraux sur les réseaux sociaux. Ce programme de rebranding, lancé en Espagne en octobre 2025, sera déployé dans toute l’Europe d’ici avril 2026.
En parallèle, Tedi prépare la création d’un entrepôt régional commun pour la France, le Portugal et l’Espagne, afin d’optimiser ses flux logistiques.
La bataille du discount non alimentaire s’intensifie
Tedi ne mise pas seulement sur l’ouverture de magasins. Il cherche aussi à se renforcer par acquisitions. Après Max Plus en France, il a racheté 84 magasins de l’enseigne allemande Pfennigpfeiffer, une opération validée par l’autorité de la concurrence en mai 2025. Ces magasins sont progressivement convertis à l’enseigne Tedi.
Le marché devient de plus en plus concurrentiel. Si Action reste loin devant avec 3 043 magasins début 2025 et 13,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires, l’enseigne néerlandaise n’est pas seule à surveiller. Deux nouveaux acteurs bousculent aussi le paysage.
Normal, discounter danois spécialisé dans la beauté, est passé de 120 à 210 magasins en France en un an, avec un objectif de 500 à 1 000 à terme. Wibra, néerlandais également, a ouvert en octobre 2024 son premier magasin à Lambersart, avec une offre centrée sur la maison et la mode. Le modèle discount n’est plus monolithique : il se segmente par format, spécialité et promesse client.


