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L’ophtalmologie se positionne parmi les spécialités les mieux rémunérées de la médecine libérale en France. D’après les données de la DREES portant sur 2021, publiées en décembre 2024, le revenu d’activité moyen annuel d’un ophtalmologue atteint 191 900 euros. Ce niveau de rémunération classe la spécialité au quatrième rang national, derrière les radiothérapeutes (417 500 euros), les médecins nucléaires (283 300 euros) et les radiologues (212 700 euros). Les anesthésistes-réanimateurs (191 700 euros) et les anatomo-cyto-pathologistes (189 500 euros) se situent à un niveau équivalent.
Secteur 1, secteur 2 : des écarts de plus de 60 000 euros par an
Les écarts de rémunération entre secteur 1 (tarifs opposables) et secteur 2 (honoraires libres) sont significatifs. En 2021, un ophtalmologue en secteur 1 déclarait un revenu moyen de 150 200 euros, contre 213 600 euros en secteur 2. Cette différence de plus de 63 000 euros par an reflète le recours aux dépassements d’honoraires, autorisés dans le second cas. Environ 66,2 % des ophtalmologues exercent en secteur 2, une proportion très élevée comparée aux généralistes (4,7 %).
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Le dispositif OPTAM (Option pratique tarifaire maîtrisée) permet de limiter les dépassements tout en offrant des avantages sociaux et financiers aux praticiens. En secteur 2, un praticien OPTAM facture en moyenne 45 euros la consultation contre 60 euros ou plus pour un non-adhérent, dans la limite du « tact et de la mesure ».
En secteur hospitalier public, les niveaux de rémunération sont nettement inférieurs. Un ophtalmologue salarié touche entre 60 000 et 100 000 euros bruts annuels selon l’ancienneté. Le salaire mensuel brut varie de 4 500 euros en début de carrière à 9 200 euros en fin de parcours, auxquels s’ajoutent des primes pour les gardes et les astreintes. Les centres de santé constituent une alternative intermédiaire, avec des revenus compris entre 100 000 et 260 000 euros bruts annuels selon les modèles d’organisation.
Expérience, région, mode d’exercice : des revenus très variables
Un ophtalmologue débutant perçoit en moyenne entre 4 500 et 6 500 euros bruts par mois (54 000 à 78 000 euros par an). Avec 3 à 10 ans d’expérience, la rémunération s’élève entre 84 000 et 120 000 euros annuels. Les praticiens expérimentés peuvent atteindre 12 000 à 15 000 euros bruts par mois, soit jusqu’à 180 000 euros annuels.
Les écarts géographiques sont également importants. En 2025, 55 départements souffrent d’une densité ophtalmologique inférieure aux besoins, avec 22 territoires comptant moins de 4 ophtalmologistes pour 100 000 habitants. Dans ces zones, les praticiens – en particulier ceux exerçant en secteur 2 – peuvent tirer parti de files actives surchargées et de délais de rendez-vous étendus pour générer davantage de revenus.
Le mode d’exercice influence fortement la rémunération. En 2021, 75 % des ophtalmologues exerçaient exclusivement en libéral. Parmi eux, 40 % travaillent uniquement en cabinet et 60 % combinent cabinet et établissement privé. Le modèle du cabinet de groupe s’impose de plus en plus, notamment chez les jeunes praticiens : seulement 13 % des moins de 40 ans exercent encore seuls, contre 47 % chez les 55-65 ans.
Coûts d’installation élevés, charges importantes
L’installation libérale implique des investissements conséquents : lampe à fente, topographe cornéen, OCT, lasers thérapeutiques et diagnostiques. À cela s’ajoutent les frais de fonctionnement : loyers, salaires du personnel (orthoptistes, assistants médicaux, secrétaires), cotisations sociales, assurances.
Les charges sociales représentent environ 14,5 % des honoraires pour les médecins non adhérents OPTAM. Pour les praticiens OPTAM, la part à charge est quasi nulle grâce à une prise en charge à 14,4 % par l’Assurance maladie.
D’après la CARMF, le bénéfice non commercial (BNC) moyen en 2021 était de 113 351 euros en secteur 1 et 184 457 euros en secteur 2 après déduction des charges.
L’ophtalmologie est l’une des spécialités à plus fort volume d’actes. En 2022, chaque ophtalmologiste a vu en moyenne 4 762 patients uniques. Cela représente plus de 45 millions d’actes annuels, contre 22 millions en 2012. Cette croissance est rendue possible par le recours massif au travail aidé.
Selon l’enquête 2024 du SNOF, 84,7 % des ophtalmologues libéraux travaillent avec un ou plusieurs assistants : orthoptistes, assistants médicaux ou infirmiers. Le taux grimpe à 97,6 % chez les praticiens de moins de 40 ans. Cette organisation en binôme ou trinôme permet de réduire les délais, d’augmenter la productivité et, in fine, les revenus.
Poids économique dans le système de santé
Les honoraires totaux facturés par les ophtalmologues s’élèvent à 2,2 milliards d’euros par an. L’ophtalmologie arrive en troisième position, après les radiologues (3 milliards) et les chirurgiens (2,7 milliards). Les dépassements d’honoraires représentent à eux seuls 616 millions d’euros, soit 28 % du total facturé. Le taux de dépassement rapporté au tarif opposable atteint 39 %.
Entre 2017 et 2021, le revenu réel des ophtalmologues a légèrement reculé de 0,1 % par an, en tenant compte de l’inflation. Cette baisse masque une divergence : les revenus du secteur 1 ont progressé de 0,4 % par an, tandis que ceux du secteur 2 ont baissé de 1,5 %.
Cette évolution s’explique en partie par l’essor de l’OPTAM, dont les conditions ont été encore assouplies par la convention médicale 2024-2029 entrée en vigueur en décembre 2024. Ce dispositif encourage les dépassements modérés en échange d’avantages financiers et sociaux.
Par ailleurs, les inégalités internes sont marquées. Le rapport interdécile – écart entre les 10 % les mieux et les moins bien rémunérés – s’élève à 8,6, un des plus élevés parmi les spécialités.
Après une décennie de baisse démographique, le nombre d’ophtalmologistes est en hausse en 2025 grâce à l’augmentation des quotas de formation. Couplée à la généralisation du travail aidé et à l’essor des cabinets multisites, cette évolution a permis de réduire les délais d’attente : entre 19 et 26 jours en moyenne pour une consultation, contre plusieurs mois auparavant.


