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Les dentistes figurent parmi les professionnels de santé les mieux rémunérés en France. Mais derrière les moyennes flatteuses, les écarts sont considérables. Le revenu d’un praticien varie fortement selon son statut — libéral, salarié ou en centre — sa spécialité, sa région ou son niveau d’expérience. Enquête sur une profession aux rémunérations contrastées, en pleine recomposition.
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Le revenu moyen brut d’un dentiste en France atteint 14 809 euros par mois, soit environ 177 700 euros par an. Ce chiffre, tiré vers le haut par les plus hauts revenus, masque des disparités majeures entre praticiens. Le statut professionnel constitue la première ligne de fracture : les libéraux gagnent bien plus que les salariés ou les dentistes exerçant en centres de santé.
Dentiste libéral, salarié ou en centre : trois modèles, trois économies
Les dentistes libéraux
82 % des dentistes exercent en libéral. Ce statut offre les revenus les plus élevés, mais implique aussi la gestion complète d’un cabinet, avec des frais d’exploitation très lourds (60 à 65 % du chiffre d’affaires).
Le revenu brut moyen des dentistes libéraux est estimé à 11 000 euros par mois. Net de charges, il oscille entre 9 000 et 15 000 euros. En 2023, la CARCDSF indique un revenu moyen avant impôt de 122 279 euros. Le revenu médian est nettement plus bas : 97 672 euros.
Le chiffre d’affaires annuel brut d’un cabinet libéral moyen s’élève entre 250 000 et 300 000 euros. Après déduction des charges, le revenu net se situe entre 104 000 et 120 000 euros.
Les dentistes salariés
Les dentistes salariés représentent 17,7 % de la profession. Leur rémunération est plus prévisible, mais généralement inférieure à celle des libéraux. En début de carrière, les revenus bruts mensuels tournent autour de 4 200 euros, soit environ 3 500 euros nets. En fin de carrière, ils atteignent 7 500 euros bruts.
Le salaire médian annuel des dentistes salariés est de 79 722 euros. Ce mode d’exercice séduit de plus en plus, avec une croissance de 155 % entre 2017 et 2022. Toutefois, le secteur souffre d’un taux de rotation élevé : 40,3 %.
Centres dentaires
Les centres dentaires proposent un modèle intermédiaire. Les praticiens y exercent sous contrat, avec une rémunération calculée en pourcentage du chiffre d’affaires généré : entre 28 % et 32 %, parfois plus dans certains centres privés.
Un dentiste expérimenté générant 30 000 euros de chiffre d’affaires mensuel peut espérer entre 7 000 et 9 000 euros nets. Cette formule attire de nombreux jeunes praticiens : en 2024, 15,8 % des soins dentaires sont réalisés en centres, contre 8,3 % dix ans plus tôt. Le nombre de centres est passé de 896 en 2020 à 1 312 en 2023.
Géographie, âge, genre : les variables qui changent tout
En 2023, le département d’Eure-et-Loir affiche le revenu moyen le plus élevé : 181 513 euros. Les Hautes-Alpes ferment la marche avec 86 865 euros. Les villes comme Nice (16 085 €), Brest (15 301 €) ou Chartres (14 483 €) offrent des revenus supérieurs à la moyenne.
La densité de professionnels est également très inégale. Paris dépasse 150 dentistes pour 100 000 habitants, contre 40 dans certaines zones rurales. L’accès aux soins s’en ressent.
Les femmes représentent désormais 50,3 % des chirurgiens-dentistes, mais gagnent en moyenne 30 % de moins que leurs confrères masculins : 99 779 euros contre 142 473 euros par an. Cette inégalité reste marquée, malgré la féminisation croissante de la profession.
Les jeunes praticiens (moins de 35 ans) perçoivent en moyenne 82 046 euros par an. Entre 35 et 54 ans, les revenus montent à 137 471 euros, pour culminer à 153 975 euros entre 55 et 59 ans. Cette progression reflète l’acquisition d’une patientèle et l’amortissement des investissements de départ.
Les spécialisations dentaires dopent les revenus
La spécialisation en orthodontie permet des revenus très élevés. En début de carrière, les revenus sont proches de ceux des généralistes, mais peuvent rapidement dépasser les 20 000 euros nets mensuels. Une expertise atteinte après trois années de formation post-diplôme.
Les implantologues réalisent des actes facturés entre 1 000 et 3 000 euros. Leur revenu global dépend fortement de leur volume d’activité. Les stomatologues, titulaires d’un double diplôme médical et dentaire, peuvent atteindre 14 521 euros nets par mois.
Des charges lourdes pour les libéraux
Les frais de fonctionnement d’un cabinet représentent entre 60 % et 65 % du chiffre d’affaires. Les postes de dépenses principaux : salaires, charges sociales, consommables, achats de prothèses et loyers.
En 2025, les cotisations sociales atteignent en moyenne 42 407 euros par praticien, en hausse de 13 % sur un an. Cette pression limite la progression du résultat net, malgré l’augmentation des honoraires.
Les actes les plus courants rapportent peu : consultation à 26,97 €, détartrage autour de 30 €. Les actes complexes (implants, couronnes) restent plus rentables. Pour les dentistes en centre ou en collaboration, la rétrocession varie de 40 % à 55 % du chiffre d’affaires.
Une démographie professionnelle en légère hausse
En 2025, la France compte 47 600 dentistes en activité, contre 45 800 un an plus tôt. Une progression de 4 %, soutenue par l’arrivée de praticiens formés à l’étranger (environ 500 par an).
La densité nationale s’élève à 67 dentistes pour 100 000 habitants. Elle devrait atteindre 68 en 2040, selon les projections. Cette croissance est insuffisante pour corriger les inégalités territoriales les plus marquées.
Plusieurs dispositifs publics visent à encourager les installations en zones sous-dotées :
- Le CAICD propose 50 000 euros de subvention sur cinq ans.
- Le CAMCD offre 4 000 euros par an pour maintenir une activité dans une zone fragile.
- Le CESP verse 1 200 euros par mois aux étudiants qui s’engagent à exercer en zone prioritaire.



un petit rectificatif
vous ne pouvez pas compter dans les charges les frais du laboratoire de prothèses dentaires vu que les prix sont multipliés par 4 voir 5 et six dans certains quartiers
bien cordialement