Combien gagne une sage-femme ?

Le salaire des sages-femmes varie fortement selon leur statut : public, privé, libéral. Un écart allant jusqu’à 3 fois le salaire de base.

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En 2025, le salaire moyen des sages-femmes en France s’élève à 38 400 euros bruts annuels. Mais cette moyenne masque des écarts profonds entre les différents modes d’exercice. Entre le secteur hospitalier public, le privé, le libéral ou encore les statuts mixtes, les réalités de rémunération varient du simple au triple. À cela s’ajoutent des primes complexes, une progression de carrière jugée trop lente et une reconnaissance encore incomplète de leur statut médical.

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Salaires des sages-femmes : fortes différences entre public, privé et libéral

Dans le secteur public hospitalier, une sage-femme débute sa carrière à 2 289 euros bruts mensuels, soit 27 468 euros par an, selon la grille indiciaire en vigueur. En fin de carrière, cette rémunération peut atteindre 3 559 euros bruts mensuels au premier grade, et jusqu’à 4 110 euros bruts (49 320 euros annuels) au deuxième grade.

Le secteur privé hospitalier propose en général des salaires d’entrée plus élevés, situés entre 3 500 et 4 000 euros bruts mensuels. Dans certains établissements haut de gamme, les rémunérations peuvent dépasser 5 000 euros bruts par mois.

Les sages-femmes libérales connaissent quant à elles une grande variabilité de revenus. En début de carrière, elles perçoivent en moyenne 1 500 euros nets mensuels, mais peuvent atteindre 4 000 euros nets, voire davantage, selon la taille et la fidélisation de leur patientèle.

Les données régionales montrent également des écarts géographiques marqués. À Paris et dans des métropoles comme Lyon, les salaires peuvent atteindre 50 000 à 55 000 euros annuels dans certains établissements. En zone rurale, les rémunérations sont plus modestes, parfois compensées par des primes d’éloignement.

Progression salariale des sages-femmes : lente et insuffisante

L’ancienneté n’est pas un levier de progression salariale significatif pour les sages-femmes hospitalières. Après dix ans d’expérience, une sage-femme perçoit environ 3 266 euros bruts mensuels au premier grade, soit une progression de moins de 1 000 euros en dix ans.
Un rapport parlementaire de 2021 soulignait que, même après quinze ans de carrière, la rémunération nette des sages-femmes hospitalières atteignait difficilement 2 100 euros mensuels. Cela correspond à une augmentation annuelle moyenne de seulement 46 euros.

Depuis 2020, plusieurs dispositifs de revalorisation ont été mis en place. Le protocole d’accord gouvernemental signé en novembre 2021 a introduit une augmentation moyenne de 500 euros nets mensuels pour les sages-femmes hospitalières, répartie comme suit :

  • 183 euros nets de complément de traitement indiciaire (depuis décembre 2020)
  • 240 euros nets de prime d’exercice médical (depuis février 2022)
  • 78 euros nets issus de la revalorisation des grilles indiciaires (depuis mars 2022)

Le secteur privé a également bénéficié de mesures similaires avec l’instauration, via un avenant à la convention collective nationale, d’une prime de 415 euros bruts mensuels.

Par ailleurs, les indemnités pour travail de nuit, dimanches et jours fériés ont été revalorisées en janvier 2024. Les sages-femmes perçoivent désormais une majoration de 25 % du taux horaire pour les nuits (21h–6h) et de 20 % les dimanches et jours fériés. L’indemnité forfaitaire atteint ainsi 60 euros par vacation. Ces avancées sont jugées insuffisantes par les syndicats au regard de la charge de travail.

Les revenus des sages-femmes libérales évoluent avec la patientèle

L’entrée en vigueur de l’Avenant 7 à la convention nationale en février 2024 a permis une revalorisation notable des revenus des sages-femmes libérales, estimée entre 6 000 et 6 500 euros bruts annuels. Parmi les mesures :

  • Hausse des lettres-clés SF et SP (de 3,10 € à 3,20 € en janvier 2025)
  • Augmentation du MSF (de 2 € à 3,50 €)
  • Alignement progressif des consultations sur les tarifs des médecins généralistes
  • Indemnités kilométriques revalorisées (0,61 €/km en plaine, 0,91 €/km en montagne)
  • Majoration des déplacements (10 € le jour, 43,50 € la nuit)

L’avenant crée aussi une rémunération forfaitaire annuelle de santé publique (RFSP) pouvant atteindre 1 000 euros, accordée aux praticiennes atteignant certains objectifs (vaccination, suivi dentaire, suivi de grossesse).

Malgré ces mesures, les revenus des sages-femmes libérales restent dépendants du volume d’activité. Une enquête régionale montre qu’elles consacrent en moyenne 34 heures et 52 minutes par semaine aux soins, et 4 heures et 43 minutes à l’administratif. Plus d’un tiers travaille régulièrement le week-end.

Manque de reconnaissance statutaire

Le Code de la santé publique reconnaît les sages-femmes comme des professionnelles médicales. Pourtant, dans les établissements hospitaliers, elles sont encore administrativement rattachées à la catégorie des paramédicaux. Ce décalage freine leur reconnaissance salariale et hiérarchique.

La loi du 25 janvier 2023 a apporté un changement symbolique fort : la création du diplôme d’État de docteur en maïeutique, en vigueur depuis septembre 2024. Les étudiantes entrées en formation avant cette date conservent l’ancien diplôme, mais les nouvelles promotions suivront un parcours intégré dans les unités de formation en santé dès 2027.

Des conditions de travail difficiles

Une étude de 2020 du Collège National des Sages-Femmes de France révélait que 42,3 % des sages-femmes cliniciennes salariées souffraient de burn-out. Ce taux grimpe à 66 % chez les sages-femmes coordinatrices.

La surcharge de travail, les responsabilités émotionnelles, l’insuffisance de moyens et l’absence de reconnaissance salariale contribuent à une démotivation généralisée. En septembre 2024, une grève illimitée au CHU de Toulouse dénonçait le sous-effectif chronique. En septembre 2025, des milliers de sages-femmes ont manifesté à Paris pour dénoncer un « burn-out généralisé de la profession ».

En 2025, la France compte 25 800 sages-femmes en activité. La profession reste très féminisée, avec seulement 3 % d’hommes. L’âge moyen est de 41 ans.
57 % exercent dans le secteur hospitalier, 35 % en libéral ou en exercice mixte, et 8 % sous d’autres statuts. Les projections démographiques prévoient une stabilité de l’effectif hospitalier d’ici 2050, mais une hausse de 70 % des sages-femmes libérales, reflet d’une réorientation progressive vers l’exercice indépendant.

Des mesures récentes en demi-teinte

La loi de financement de la Sécurité sociale pour 2025 ouvre de nouvelles perspectives. Les sages-femmes peuvent désormais participer à la permanence des soins ambulatoires, mission jusqu’alors réservée aux médecins.
Mais cette reconnaissance s’accompagne d’une mesure très critiquée : la baisse du remboursement des consultations de sages-femmes par l’Assurance Maladie, passée de 70 % à 60 %. Pour une consultation à 25 euros, le reste à charge pour les patientes passe ainsi de 7,50 euros à 10 euros. Cette hausse du ticket modérateur est jugée pénalisante pour l’accès aux soins maïeutiques.



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