Combien gagne un radiologue ?

La rémunération des radiologues varie fortement selon leur statut. À l’hôpital, le salaire débute à 2 150 €, contre plus de 17 000 € par mois en libéral.

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Un radiologue hospitalier débutant perçoit 2 150 euros net par mois. En cabinet libéral, les revenus dépassent 200 000 euros par an. Derrière ce grand écart, la profession est traversée par des logiques économiques opposées. Enjeu de pouvoir d’achat, d’attractivité et d’accès aux soins, la rémunération des radiologues révèle les tensions profondes du système de santé français.

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Des revenus très variables selon le statut

La profession de radiologue se distingue par une hétérogénéité salariale marquée. D’après les dernières données de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), le revenu moyen d’un radiologue toutes pratiques confondues atteint 10 660 euros net par mois. Mais cette moyenne masque d’importantes disparités.

En milieu hospitalier, un médecin spécialiste en début de carrière gagne environ 2 150 euros net par mois. Ce montant évolue graduellement avec l’ancienneté, atteignant 2 650 euros à la 6e année, puis entre 3 500 et 6 400 euros mensuels pour les praticiens hospitaliers confirmés, auxquels s’ajoutent des primes allant de 5 000 à 10 000 euros par an.

Dans le privé, les salaires sont sensiblement plus élevés. Un radiologue salarié en clinique peut percevoir environ 8 700 euros nets mensuels après huit ans d’expérience, et jusqu’à 12 000 euros en milieu de carrière. En exercice libéral, les revenus atteignent un niveau nettement supérieur : 212 700 euros net en moyenne par an, soit plus de 17 700 euros par mois.

L’exercice libéral, entre rentabilité et lourds investissements

L’exercice libéral est, de loin, le plus rémunérateur. Ce niveau de revenu place les radiologues parmi les médecins les mieux payés en France, derrière les radiothérapeutes (417 500 euros) et les médecins nucléaires (283 300 euros).
Mais cette rentabilité repose sur des investissements massifs. Un scanner coûte en moyenne plus de 600 000 euros, une IRM environ 1 million d’euros, sans compter les frais de maintenance, de personnel, de locaux et d’assurances. Le revenu déclaré correspond au bénéfice avant impôts, une fois déduites ces charges professionnelles.

La viabilité financière des cabinets est également soumise à des contraintes tarifaires fortes. Selon la FNMR, les baisses tarifaires imposées depuis 2015 représentent une perte cumulative de 1,5 milliard d’euros pour le secteur. Le protocole 2025-2027 prévoit encore une réduction des forfaits techniques de 12,6 % pour les équipements non amortis, aggravant la pression économique sur les structures libérales.

Des salaires encadrés dans le secteur public

À l’hôpital, les rémunérations suivent une grille indiciaire fixée par l’État. Un spécialiste hospitalier commence à 2 150 euros net par mois. Ce revenu augmente progressivement avec l’ancienneté et le passage aux statuts d’attaché, contractuel ou praticien hospitalier. Les praticiens hospitaliers, en fin de grille, perçoivent entre 3 500 et 6 400 euros nets mensuels. Les primes de service, de garde ou d’engagement collectif permettent d’ajouter 5 000 à 10 000 euros de revenus annuels.

La stabilité et la protection du statut hospitalier attirent certains profils, mais les salaires relativement faibles et les conditions de travail tendues rendent le secteur de moins en moins attractif, notamment face aux possibilités offertes dans le privé.

Le secteur privé salarié

Les cliniques privées proposent des salaires plus élevés que l’hôpital, sans les contraintes de l’exercice libéral. Après huit ans d’expérience, un radiologue peut y gagner jusqu’à 8 700 euros nets par mois, et dépasser les 10 000 euros en milieu de carrière, selon les établissements.
Cependant, ces rémunérations varient fortement selon le type de contrat. Certaines cliniques proposent des rémunérations forfaitaires, d’autres des honoraires négociés. Ce secteur est lui aussi affecté par les tensions du marché médical, avec une pénurie de spécialistes et une concurrence accrue entre établissements.

Au-delà du statut, plusieurs variables influencent fortement les revenus. L’expérience professionnelle est déterminante : un radiologue libéral en début de carrière gagne entre 8 000 et 12 000 euros par mois, tandis qu’un professionnel confirmé peut atteindre 18 000 euros. Un praticien senior ou chef de service peut dépasser les 25 000 à 30 000 euros mensuels.

La localisation joue également un rôle clé. À Paris, la densité atteint 35,7 radiologues pour 100 000 habitants, contre seulement 4,2 dans la Creuse. Dans les grandes métropoles, le volume d’activité, les honoraires pratiqués et la demande soutenue assurent des revenus plus élevés. En zone rurale, les faibles densités de population, les charges fixes et les coûts d’équipement pèsent davantage sur la rentabilité.

Autre facteur : le secteur de conventionnement. Les radiologues en secteur 2, autorisés à pratiquer des dépassements d’honoraires, disposent d’une plus grande flexibilité tarifaire.

Une profession en mutation démographique

Au 1er janvier 2025, la France comptait 9 342 radiologues en exercice, soit une augmentation de 13,65 % depuis 2012. La profession est en pleine transformation démographique. La féminisation progresse rapidement : 45 % des radiologues sont des femmes en 2025, contre 35 % dix ans plus tôt. Chez les moins de 40 ans, cette proportion atteint 42 %.

L’âge moyen des radiologues est de 51,3 ans. La proportion de praticiens de plus de 65 ans atteint 18,7 %, contre 7,2 % en 2012, traduisant un vieillissement général de la profession, partiellement compensé par une hausse du nombre de jeunes praticiens.

Les écarts de rémunération entre hommes et femmes ne sont pas documentés officiellement, mais les données disponibles sur d’autres spécialités laissent présager l’existence d’inégalités, notamment en matière d’accès au libéral ou à des postes à responsabilités.

Un parcours de formation long et exigeant

Devenir radiologue nécessite entre 11 et 12 années d’études après le baccalauréat. Après six années de médecine générale, les étudiants passent un internat de cinq ans pour la radiologie générale, ou six ans pour l’option interventionnelle avancée.
Ce parcours comprend une phase socle d’un an, trois ans d’approfondissement avec six stages obligatoires, et une phase de consolidation d’un ou deux ans selon la spécialité. Cette formation intense, théorique et pratique, justifie en partie les rémunérations élevées du secteur.

Les radiologues libéraux subissent une pression croissante sur leurs marges. Les baisses tarifaires imposées par la CNAM fragilisent particulièrement les cabinets en zones rurales ou semi-urbaines. Le 10 novembre 2025, une grève nationale a réuni entre 70 et 80 % des cabinets de radiologie, protestant contre le protocole d’imagerie 2025-2027.
Les syndicats alertent sur un risque de fermeture d’équipements lourds, un allongement des délais d’accès aux examens, et une menace pour les campagnes de dépistage de masse, notamment dans le cancer du sein ou les pathologies cardiovasculaires.



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