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Les médecins généralistes gagnent mieux leur vie, mais la profession reste en crise. Malgré la hausse du tarif des consultations et les réformes engagées, les difficultés d’installation, les inégalités de revenus et la surcharge de travail freinent l’attractivité du métier. Derrière l’amélioration apparente des revenus, le malaise reste profond.
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Combien gagne un interne en médecine ?
Le revenu net mensuel d’un médecin généraliste varie entre 4 000 et 8 000 euros selon son mode d’exercice, sa localisation, son ancienneté et son volume d’activité. Les médecins libéraux en secteur 1 déclarent en moyenne entre 90 000 et 120 000 euros net annuels. En secteur 2, la moyenne chute à environ 83 000 euros nets.
Du côté des praticiens salariés – hôpital public, cliniques privées ou centres de santé – les rémunérations brutes mensuelles se situent entre 4 500 et 7 500 euros en début de carrière, et peuvent dépasser 10 000 euros bruts mensuels avec ancienneté et responsabilités accrues. Toutefois, le revenu net final reste généralement inférieur à celui des libéraux, en contrepartie d’une plus grande stabilité de statut et de protection sociale.
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Médecin libéral ou salarié ?
La majorité des généralistes français exerce en libéral. Leur rémunération dépend directement du nombre d’actes effectués et du tarif appliqué à chaque consultation. Depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle convention médicale en décembre 2024, le tarif de base est passé de 26,50 € à 30 €. Un médecin réalisant 5 000 consultations par an génère ainsi 150 000 € de chiffre d’affaires brut.
Mais ce montant est loin de refléter le revenu réel. En moyenne, entre 40 % et 50 % du chiffre d’affaires est absorbé par les charges fixes : cotisations sociales, frais de cabinet, assurances, salariat éventuel, matériel médical. À cela s’ajoute une variabilité géographique forte et une pression administrative croissante.
Les médecins salariés, quant à eux, bénéficient d’une grille salariale définie par leur établissement, intégrant primes, ancienneté et missions spécifiques. Le revenu net est généralement moins élevé qu’en libéral, mais il offre une visibilité budgétaire plus stable, sans les contraintes de gestion.
Convention médicale 2024–2029 : revalorisation en cours
La nouvelle convention médicale, signée en juin 2024 pour une durée de cinq ans, constitue une étape importante dans la structuration de la rémunération des généralistes. Elle porte le tarif de la consultation standard à 30 €, crée une consultation longue à 60 € pour les patients âgés de plus de 80 ans (mise en application prévue pour janvier 2026), et introduit un nouvel outil d’accompagnement digital des cabinets, le Donum (Dotation numérique).
Ces mesures visent à compenser la stagnation des revenus observée depuis plusieurs années, notamment sous l’effet de l’inflation et de l’alourdissement des charges. En complément, deux dispositifs restent essentiels dans la rémunération annuelle des médecins généralistes : la ROSP (Rémunération sur objectifs de santé publique) et le Forfait patientèle médecin traitant (FPMT), respectivement dotés de 589 millions et 948 millions d’euros en 2023.
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Quels facteurs influencent le revenu d’un généraliste ?
Le niveau de revenu dépend de plusieurs facteurs cumulatifs :
– Le volume d’activité (nombre de consultations et d’actes techniques) ;
– Le secteur conventionnel (secteur 1 sans dépassement d’honoraires ou secteur 2 avec dépassement encadré) ;
– La localisation géographique, avec des écarts marqués entre zones urbaines et rurales ;
– L’ancienneté et la fidélisation de la patientèle ;
– Les dispositifs complémentaires (gardes, astreintes, ROSP, FPMT, consultations spécifiques).
À cela s’ajoute un paramètre déterminant : le temps d’exercice hebdomadaire réel, qui peut varier de 35 à 60 heures, selon le type de cabinet et le choix de vie du praticien.
Revenu d’un médecin généraliste : des écarts territoriaux profonds
Les inégalités géographiques sont marquées. À Paris et dans certaines grandes métropoles, les médecins généralistes peuvent atteindre 8 000 euros nets mensuels, en particulier s’ils exercent dans des quartiers à forte densité médicale et avec une patientèle régulière. À l’inverse, dans de nombreuses zones rurales ou semi-rurales, le revenu net descend souvent sous la barre des 5 000 euros mensuels.
En 2025, près de 100 % du territoire français est classé comme zone sous-dense ou en tension médicale. Cette réalité aggrave les difficultés d’accès aux soins et pèse sur l’organisation du système de santé. Pour enrayer cette dynamique, les autorités publiques ont mis en place des incitations financières (forfait journalier de 200 € pour deux jours mensuels d’intervention, exonérations fiscales partielles), dont l’effet reste limité à moyen terme.
Écarts de revenus entre hommes et femmes
Selon les données DREES de janvier 2025, les femmes représentent désormais 48,8 % des généralistes en exercice, contre 42 % en 2020. Cette progression masque toutefois des disparités de revenus encore importantes.
Le revenu annuel moyen d’une généraliste s’établit à 90 000 €, contre 148 000 € pour ses homologues masculins, soit un écart de 38 %. Ce différentiel s’explique en partie par une répartition inégale des gardes, une orientation vers des formes d’exercice plus stables mais moins lucratives, et un temps de travail hebdomadaire plus réduit, souvent pour raisons familiales.
Combien gagnent les généralistes à l’étranger ?
Comparée aux autres pays de l’OCDE, la France se situe dans la moyenne haute en termes de revenu net, mais loin des sommets observés en Amérique du Nord. En Suisse, un généraliste débutant gagne autour de 95 000 CHF par an, la moyenne nationale tournant autour de 130 000 CHF. En Allemagne, les généralistes gagnent entre 130 000 et 160 000 € par an. Le Canada enregistre un revenu brut moyen de 324 000 dollars canadiens pour les médecins de famille.
La Belgique affiche des niveaux comparables à la France (environ 86 000 € nets). Les Pays-Bas et l’Italie restent en dessous, notamment en raison de structures de soins et de rémunération très différentes.
Une crise d’attractivité toujours vive
Malgré la revalorisation des tarifs, la médecine générale reste confrontée à une crise d’attractivité structurelle. Selon les dernières enquêtes menées par les facultés de médecine, près d’un étudiant sur deux ayant initialement choisi la médecine générale abandonne cette voie au cours de son cursus.
Plusieurs facteurs sont invoqués : surcharge administrative, sentiment d’isolement professionnel, pression permanente à la rentabilité, et déséquilibre vie professionnelle/vie personnelle. Même dans les grandes villes, certains cabinets peinent à recruter ou à transmettre leur patientèle, faute de candidats intéressés.
Les politiques publiques peinent à inverser la tendance. L’installation en zone sous-dense reste faible malgré les aides, et la dynamique de groupe (maisons de santé, centres municipaux) n’a pas encore trouvé son équilibre économique et organisationnel.


