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Alors que la pompe à chaleur s’impose comme l’un des piliers de la décarbonation du logement, la filière s’inquiète du virage que prend la politique industrielle française. Après l’annonce d’une restriction des aides publiques aux seuls équipements produits au sein de l’Union européenne, les discussions budgétaires autour du projet de loi de finances pour 2026 renforcent le sentiment d’instabilité chez les industriels. Dans un contexte où la France affiche l’ambition de réindustrialiser, la multiplication des contraintes réglementaires et fiscales brouille le message.
Une filière en quête de visibilité
Ces dernières années, le secteur de la pompe à chaleur a connu un essor rapide, soutenu par une demande croissante et des politiques publiques incitatives. En Europe comme en France, des investissements massifs ont été engagés pour moderniser les outils de production, structurer les chaînes d’approvisionnement et former la main-d’œuvre nécessaire à l’installation et à la maintenance des équipements.
Mais la modification annoncée des critères d’accès aux aides publiques rebat les cartes. Les industriels, les sous-traitants et les installateurs voient dans cette décision un nouveau coup porté à la prévisibilité du cadre économique. À force de revoir les dispositifs et d’ajouter des conditions, l’État finit par rendre illisible un système qui devait initialement sécuriser l’investissement. Dans une filière où les décisions se planifient sur plusieurs années, cette imprévisibilité risque de ralentir les projets, voire de détourner les capitaux vers des marchés plus stables.
Un cadre budgétaire de plus en plus dissuasif
L’inquiétude grandit également sur le plan fiscal. Le projet de loi de finances pour 2026 fait craindre une réduction des soutiens à l’investissement productif, une hausse des charges et un durcissement des conditions d’éligibilité à certains crédits d’impôt. Autant de signaux perçus comme contradictoires avec le discours volontariste sur la réindustrialisation.
Les acteurs du secteur soulignent un paradoxe désormais récurrent : on parle de relocalisation et de souveraineté énergétique, mais les leviers économiques qui permettraient d’y parvenir se resserrent. Les marges des entreprises se réduisent, les délais s’allongent et la complexité administrative pèse sur la compétitivité. Dans un environnement déjà tendu, ces évolutions fiscales risquent d’étouffer la dynamique enclenchée depuis cinq ans.
Retrouver une cohérence industrielle
La filière des pompes à chaleur illustre le dilemme français entre ambition verte et stabilité économique. Les entreprises ne contestent pas les objectifs de décarbonation ni la volonté de produire davantage sur le territoire, mais elles alertent sur la méthode. Une politique industrielle efficace ne se construit pas sur des ajustements permanents, mais sur une trajectoire claire et lisible.
Donner de la visibilité aux investisseurs, simplifier les dispositifs et garantir la cohérence entre la politique énergétique et la politique fiscale sont aujourd’hui les conditions minimales pour maintenir la confiance. À défaut, le pays risque de voir s’éloigner les investissements qu’il espérait attirer. Derrière les discours de souveraineté, c’est bien la continuité de l’action publique qui déterminera la crédibilité industrielle de la France.


