PER : pourquoi le Plan d’Épargne Retraite connaît un tel succès

Le PER connaît une croissance fulgurante. Découvrez pourquoi ce produit attire les jeunes et les foyers aisés en quête d’optimisation fiscale.

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La dernière étude d’Inovéa révèle une progression spectaculaire du Plan d’Épargne Retraite (PER), dont le nombre de souscriptions a plus que doublé en deux ans. Derrière cet engouement, se dessinent les contours d’un produit à la fois vecteur d’anticipation patrimoniale et reflet d’inégalités fiscales persistantes.

Un produit en croissance, mais aux versements déclinants

Depuis 2020, la croissance du PER est nette : +127 % d’ouvertures entre 2020 et 2024, pour atteindre désormais 18 % des épargnants français. Cette dynamique intervient dans un contexte d’inquiétudes persistantes autour du système de retraite par répartition. Ce basculement vers l’épargne retraite individuelle semble gagner du terrain sur l’ancien monopole des dispositifs collectifs, mais cache aussi une mutation plus subtile : alors que le nombre de PER augmente, le montant des versements mensuels, lui, diminue fortement — passant de 202 € en 2023 à seulement 104 € en 2025 (152 € en 2024). Ce paradoxe apparent traduit, selon Inovéa, une démocratisation de l’outil : des versements plus faibles, mais davantage de souscripteurs.

Une adoption plus jeune, mais encore très marquée socialement

Longtemps perçu comme un produit réservé aux fins de carrière, le PER s’inscrit désormais dans une logique d’anticipation intergénérationnelle. 15 % des 25–34 ans en détiennent déjà un, tout comme 19 % des 35–44 ans. Ces proportions restent toutefois en-deçà de celles des tranches plus âgées (25 % chez les 45–54 ans, 29 % pour les 55–64 ans), mais révèlent un changement d’approche : les jeunes actifs structurent leur épargne plus tôt, souvent en combinant PER et assurance-vie.

Mais ce mouvement n’efface pas une réalité sociale bien tranchée. Le PER reste l’apanage des foyers les plus fiscalisés. Le taux de détention atteint 50 % chez ceux imposés à 41 %, 44 % chez ceux à 45 %, contre seulement 9 % chez les contribuables à 11 % et 1 % parmi les non-imposables. L’étude d’Inovéa confirme une forte corrélation entre tranche d’imposition et souscription : 29,8 % des cadres et professions intellectuelles disposent d’un PER, contre seulement 12 % des ouvriers. Si le produit se démocratise sur le papier, sa portée réelle reste très segmentée.

Un outil d’optimisation plus que de protection sociale

L’avantage fiscal reste le principal moteur de souscription. Le PER permet de déduire les versements volontaires de son revenu imposable, jusqu’à un certain plafond. Ce mécanisme, qui en fait un outil prisé pour optimiser sa fiscalité, en limite mécaniquement l’accessibilité aux contribuables déjà imposés — et plus encore à ceux qui disposent d’une capacité d’épargne mensuelle stable. « C’est un produit d’éducation financière autant que de fiscalité », souligne Emmanuel Hardy, président d’Inovéa. Une déclaration qui reflète bien l’ambivalence du PER : présenté comme un outil d’intérêt général, il reste essentiellement mobilisé comme levier d’optimisation patrimoniale.

Un rôle croissant dans la diversification des portefeuilles

Au-delà de la seule épargne retraite, le PER s’intègre de plus en plus dans des stratégies patrimoniales complexes. 73 % des détenteurs possèdent au moins deux autres produits financiers, 38 % combinent PER et assurance-vie, et 27 % y ajoutent des SCPI. Cette approche multi-supports témoigne d’un usage sophistiqué du PER dans la construction de portefeuilles diversifiés.

À l’intérieur même des contrats PER, la part des unités de compte — plus risquées mais potentiellement plus rémunératrices — progresse nettement : 65 % en 2025 contre 53 % en 2024. Cette évolution suggère une appétence croissante pour des placements plus dynamiques, dans un contexte où la recherche de rendement devient un impératif pour compenser l’érosion de la valeur monétaire sur le long terme.



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