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Le textile s’accumule, le recyclage piétine. En 2024, près de 290 000 tonnes de vêtements usagés ont été collectées en France. À peine un tiers a été valorisé. En cause : la composition de plus en plus complexe des vêtements, faits de mélanges de fibres que les procédés mécaniques ne savent pas séparer. C’est là que Recyc’Elit entre en scène.
Cette jeune pousse lyonnaise développe un procédé de recyclage chimique capable de récupérer le polyester et de valoriser les co-matières, comme l’élasthanne, à l’échelle moléculaire. Le tout à basse température et basse pression. Résultat : un polyester recyclé aussi performant qu’un polyester vierge, apte à revenir dans le circuit textile.
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Une première ligne de test à Vénissieux
Installée à Vénissieux sur le site d’USIN Lyon Parilly, Recyc’Elit a lancé à l’automne 2025 un démonstrateur industriel financé par l’ADEME et France 2030 dans le cadre du projet CASTTOR. Capacité : entre 10 et 30 tonnes de textiles par an. Objectif à cinq ans : 350 kilotonnes. Une Analyse de Cycle de Vie est en cours. La première usine à échelle industrielle doit voir le jour en 2028, avec une mise en service prévue en 2029.
Le projet a pris une autre dimension avec l’entrée de Decathlon au capital en mai 2024. Le distributeur sportif teste déjà la boucle complète : récupération de vêtements usagés, extraction du monomère, repolymérisation, filage, confection. Un premier t-shirt en textile recyclé a été commercialisé la même année. D’autres capsules sont en préparation. Recyc’Elit entre ainsi dans les chaînes logistiques d’un acteur majeur.
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Derrière cette avancée, deux docteurs en chimie : les frères Karim et Raouf Medimagh. Le premier dirige également un laboratoire d’analyse de gaz ; le second, ancien universitaire, est directeur général de la startup depuis février 2024. L’équipe est passée de 5 à 15 salariés en un an et prévoit de doubler encore d’ici fin 2025. Techniciens de production et ingénieurs procédés sont recherchés pour accompagner le passage à l’échelle.
Des fonds pour accélérer
Pour soutenir son développement, Recyc’Elit a levé 3,2 millions d’euros à l’automne 2023. Demeter, UI Investissement, la Banque des Territoires, Crédit Agricole Création et quelques business angels ont mis au pot. L’ancrage local est clair : l’entreprise est installée au cœur d’un écosystème industriel, à deux pas de la Vallée de la Chimie, avec accès direct aux réseaux logistiques.
En deux ans, Recyc’Elit a cumulé les récompenses : Trophée européen de la mode circulaire, Grand Prix Impact, Prix Bref Eco, Prix Courant 812, et une place dans le classement Challenges des « 100 startups à suivre ». Une moisson de distinctions qui montre que l’entreprise coche les cases : innovation, impact environnemental, potentiel industriel.
Le marché du recyclage textile est en pleine expansion. Il devrait doubler d’ici dix ans, selon Research Nester. Les réglementations se durcissent, les marques cherchent à sécuriser leur approvisionnement en matières recyclées. Or, le polyester reste roi : 60 millions de tonnes produites chaque année, soit 80 % des fibres synthétiques.
