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Face à l’inflation réglementaire et à la montée des contraintes budgétaires, les collectivités cherchent à faire mieux avec moins. C’est dans ce contexte tendu que Symetri, filiale du groupe d’insertion breton Tribord, déploie ses outils numériques dans plus de 380 déchèteries françaises. Avec une ambition claire : moderniser un maillon trop longtemps resté à l’écart de la vague digitale.
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Des déchèteries sous pression réglementaire et technique
Depuis janvier 2025, la loi AGEC impose le tri à la source des biodéchets. Elle pousse aussi les collectivités à organiser le tri dans l’espace public. Résultat : les déchèteries, déjà sous pression, doivent se transformer à marche forcée. La France compte plus de 4 000 sites, souvent vétustes, saturés, et dotés de moyens humains limités. La digitalisation devient un passage obligé.
Symetri propose une réponse modulaire. Sa plateforme SaaS, composée de plus de vingt applications, couvre l’essentiel des besoins de terrain. Exped-YT optimise le compactage des déchets et la planification des enlèvements. Le module aurait permis, selon l’entreprise, d’augmenter de 98 % la densité de chargement des bennes à cartons, réduisant ainsi de 35 % l’empreinte carbone liée aux flux compactables.
Badge-YT suit les ouvertures et fermetures de site. Not-YT enregistre les incidents et les incivilités. Depos-YT automatise l’enregistrement et la facturation des dépôts professionnels. Pour les agents, Check-YT facilite la gestion des tâches quotidiennes et Secur-YT améliore la sécurité, un enjeu clé dans un secteur à forte sinistralité. Les usagers ne sont pas oubliés : Join-YT gère les inscriptions en ligne et Chat-YT renseigne sur la fréquentation des sites en temps réel, histoire d’éviter les files d’attente.
Des résultats concrets pour l’environnement et les agents
Les résultats sont tangibles. Symetri affirme que sa solution permet chaque année d’éviter 185 000 tonnes de déchets superflus, de réduire les émissions de CO₂ de 30 000 tonnes, et d’économiser 90 millions de kilomètres de trajets en camion. En cumulé, cela représenterait 1 570 fois le tour de la Terre. L’impact social est lui aussi mesuré : 2 900 agents formés, 21 000 heures de formation. Des salariés majoritairement issus de l’insertion, dans la lignée du modèle du groupe Tribord, qui emploie entre 250 et 499 personnes dans le Grand Ouest.
Le contexte joue en faveur de ces solutions. Le marché mondial de la digitalisation de la gestion des déchets, estimé à 3,27 milliards de dollars en 2025, devrait plus que doubler d’ici 2032. En France, les collectivités consacrent 21,6 milliards d’euros par an à la gestion des déchets. Des marges de manœuvre existent, à condition d’investir dans les bons outils. Certaines collectivités expérimentent déjà des dispositifs d’accès automatisés par lecture de plaques d’immatriculation ou QR codes. De quoi préparer le terrain à des outils comme ceux de Symetri.
L’IA pour prédire les pics de fréquentation des sites
L’entreprise regarde aussi plus loin. Elle participe au projet Brainflow, soutenu par le plan France 2030. Objectif : développer un jumeau numérique capable de modéliser en temps réel l’ensemble des flux industriels et logistiques, y compris ceux des déchets. L’outil, nourri à l’intelligence artificielle, permettrait d’anticiper les pics de fréquentation et d’ajuster les tournées de collecte. Une brique stratégique dans la quête d’un service public plus efficace et moins coûteux.
Symetri ne cache pas ses ambitions. Elle vise un doublement de sa part de marché dans les quatre ans. Pour y parvenir, elle entend étendre son maillage au-delà du Grand Ouest, muscler la formation des agents et convaincre les élus locaux des gains concrets apportés par ses outils. L’enjeu : faire des déchèteries connectées un pilier de la transition écologique… et numérique.


