L’investisseur star Peter Thiel parie contre Nvidia

À contre-courant du marché, Peter Thiel se désengage brutalement de Nvidia alors que la capitalisation du géant des puces IA atteint 5 000 milliards de dollars. Un geste qui interroge sur la solidité de la bulle IA.

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Alors que Nvidia atteint une capitalisation record de 5 000 milliards de dollars, Peter Thiel vend l’intégralité de ses actions dans l’entreprise. Cette décision radicale du célèbre investisseur relance les interrogations sur les valorisations excessives dans le secteur de l’intelligence artificielle.

Peter Thiel, 58 ans, a liquidé l’ensemble de ses 537 742 actions Nvidia, soit près de 40 % du portefeuille de son fonds Thiel Macro LLC. L’information, extraite du dernier formulaire réglementaire 13F déposé à la SEC, tombe au moment où l’action Nvidia est au plus haut. Peter Thiel, cofondateur de PayPal et Palantir, n’a fait aucun commentaire. Mais ce retrait total, alors que le marché est en pleine euphorie, envoie un signal fort aux investisseurs.

Apple, Microsoft, Tesla : le virage stratégique de Thiel

Au troisième trimestre 2025, Thiel Macro LLC a réduit ses actifs sous gestion de 212 millions à 74,4 millions de dollars. Le portefeuille est désormais concentré sur trois géants : Apple (27 %), Microsoft (34 %) et Tesla (39 %). Un recentrage radical qui exclut Nvidia.
Thiel réduit aussi fortement sa position sur les valeurs technologiques les plus spéculatives. Il a cédé 77 % de ses actions Tesla, ne conservant que 65 000 titres. Ce recentrage traduit une stratégie défensive, avec un retour vers des entreprises perçues comme plus solides.

Le désengagement de Thiel intervient alors que Nvidia affiche des performances historiques. Fin octobre 2025, l’entreprise devient la première capitalisation mondiale, portée par la demande en puces d’IA générative. Sa valorisation a doublé en quelques mois : 1 000 milliards en juin 2023, 2 000 en mars 2024, 4 000 en juillet 2025, puis 5 000 à l’automne. En parallèle, Nvidia annonçait pour 500 milliards de dollars de commandes sur ses futures architectures, Blackwell et Vera Rubin.

Mais derrière cette croissance, les rendements restent flous. OpenAI, Microsoft et Oracle multiplient les projets d’infrastructure à coups de centaines de milliards. Pourtant, selon une étude du MIT publiée en novembre 2025, 95 % des projets pilotes en IA générative échouent à démontrer un impact concret sur la rentabilité des entreprises. L’écart entre investissements et résultats se creuse.

Palantir, valorisée plus de 200 milliards de dollars, illustre ce paradoxe. Un tiers de son bénéfice avant impôt provient des intérêts de sa trésorerie, et non de son activité principale. Même avec des hypothèses de croissance optimistes jusqu’en 2030, le titre paraît surévalué de plus de 50 %. Thiel, qui a cofondé Palantir, semble avoir anticipé ce déséquilibre.

Tensions croissantes entre investisseurs stars de la tech

La défiance de Thiel n’est pas isolée. Michael Burry, célèbre pour avoir anticipé la crise des subprimes, avait parié plus d’un milliard de dollars sur une chute de Palantir et Nvidia. Quelques semaines plus tard, il fermait son fonds Scion Asset Management, jugeant le marché « irrationnel ».
La riposte n’a pas tardé. Le PDG de Palantir, Alex Karp, l’a accusé de manipulation de marché. Burry a répondu sèchement sur X, l’accusant de ne pas comprendre la lecture d’un formulaire 13F. Le ton est monté entre figures emblématiques de la tech, révélant des tensions profondes sur la valorisation du secteur.

Peter Thiel n’a pas pris la parole. Mais ses décisions sont cohérentes. Il ne s’agit pas d’un geste ponctuel, mais d’un repositionnement stratégique. En sortant intégralement de Nvidia, il se désengage d’un actif devenu le symbole de la bulle IA. Il parie sur une réévaluation prochaine du marché.
Son geste interpelle. Si d’autres investisseurs de premier plan suivaient la même voie, une correction brutale ne serait plus une hypothèse lointaine. À défaut de discours, les actes de Thiel laissent entrevoir une conviction : les arbres ne montent pas jusqu’au ciel, même dans la Silicon Valley.



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