Léna Situations : un virage vers l’indépendance

Léna Mahfouf change de cap : édition indépendante, fin des contrats exclusifs, contrôle total. Une stratégie pionnière dans le monde des créateurs.

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Le 14 novembre 2025, Léna Mahfouf publie Encore Mieux, son deuxième ouvrage. Mais cette fois, aucun éditeur classique n’est à l’horizon : le livre paraît sous sa propre maison d’édition, Léna Éditions. À 27 ans, l’ancienne influenceuse devenue entrepreneure opère une bascule stratégique rare. Elle ne se contente plus de capter l’attention : elle structure, possède, contrôle. Une mue entrepreneuriale qui dit quelque chose d’essentiel sur l’avenir de l’économie créative.

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De YouTube aux tapis rouges, une trajectoire éclair

Léna Mahfouf naît en 1997 à Paris. Elle se fait connaître sous le pseudonyme « Léna Situations » dès 2012, d’abord via un blog, puis sur YouTube cinq ans plus tard. Elle y impose un ton personnel, authentique, souvent introspectif. En 2019, ses « Vlogs d’août » installent une marque de fabrique : proximité, régularité, ancrage générationnel.

Dans la foulée, elle devient une figure incontournable de l’économie de l’influence. Mais là où d’autres restent dans la boucle des contenus sponsorisés, elle prend une voie différente. En 2020, elle publie Toujours Plus, un livre de développement personnel vendu à plus d’un million d’exemplaires. En 2022, elle foule le tapis rouge du Met Gala, une première pour une influenceuse française. Dior, Valentino, Adidas : les partenariats s’enchaînent. Peu à peu, elle passe du statut de créatrice de contenus à celui de marque personnelle.

Léna Mahfouf, cheffe d’entreprise de sa propre image

Derrière les apparitions, une stratégie plus discrète prend forme : celle de l’indépendance économique. En 2022, elle lance Hôtel Mahfouf, un concept store autofinancé à hauteur de 500 000 euros. Rien à voir avec les lignes de produits sous licence habituelles : ici, pas d’intermédiaires. Elle contrôle tout, des choix créatifs à la distribution.
Le succès est immédiat. À l’ouverture du pop-up store à Paris, les files d’attente rappellent celles des sorties d’iPhone. Hôtel Mahfouf devient à la fois une vitrine commerciale et un outil d’analyse des comportements d’achat. En parallèle, elle monte en gamme sur les formats médiatiques : animatrice sur Canal+, envoyée spéciale pour Disney+, tout en maintenant une forte présence sur ses propres canaux.

L’audience suit : plus de 11 millions d’abonnés cumulés sur Instagram, TikTok et YouTube. Surtout, son media impact value — indicateur de performance médiatique mesuré par Launchmetrics — explose, passant de 4,7 millions d’euros en 2021 à 67 millions en 2023. Derrière ces chiffres, un principe : transformer son influence en actifs durables.

2025, l’année de la rupture avec les plateformes

Avec Encore Mieux, Léna Mahfouf pousse plus loin sa logique d’autonomie. En créant sa propre maison d’édition, elle prend en main l’ensemble de la chaîne : écriture, fabrication, distribution. Elle s’appuie sur Média-Participations pour la logistique, mais conserve une marge bien supérieure aux standards de l’édition traditionnelle, où les auteurs touchent rarement plus de 10 % du prix de vente.
Dans le même temps, elle rompt son contrat exclusif avec Spotify, qui produisait son podcast Canapé Six Places. Elle récupère l’intégralité des droits et devient l’unique détentrice de la propriété intellectuelle de son nouveau programme. Ce double mouvement — édition et podcast — illustre une tendance montante chez les créateurs de première génération : sortir de la dépendance aux plateformes pour bâtir des structures propriétaires.

Derrière cette stratégie, une organisation. Léna Mahfouf dirige aujourd’hui une quarantaine de collaborateurs : production de contenus, gestion de marque, relations presse, stratégie. Une entreprise à part entière, avec des fonctions support, des investissements, une planification à long terme.

Une stratégie d’auteur, pas une stratégie de vedette

Léna Mahfouf incarne une évolution de fond dans l’économie de l’influence : passer du rôle de relais pour les marques à celui de propriétaire d’un écosystème. Elle ne vend plus son image, elle vend des projets dont elle détient les droits. Produits, livres, formats : tout est pensé pour être maîtrisé de bout en bout.
Cette logique dépasse son seul parcours. Elle reflète une tendance plus large dans l’économie créative : se libérer des algorithmes, des fluctuations des revenus publicitaires, pour construire une base économique stable. L’objectif n’est plus la simple visibilité, mais la création de valeur durable. Le capital n’est pas seulement symbolique, il devient tangible.

Alors que de nombreux créateurs cherchent à sécuriser leur avenir au-delà des vues et des likes, Léna Mahfouf dessine une voie. Son modèle hybride combine notoriété, maîtrise des droits, production en interne, et pilotage stratégique. Un modèle encore minoritaire, mais en pleine expansion.



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