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- Des frais de scolarité en forte hausse
- Coût de la vie : un avantage certain par rapport à la France
- Combien coûte un cursus médical complet en Roumanie ?
- Des frais supplémentaires souvent sous-estimés
- Quelles aides pour financer les études en Roumanie ?
- Une admission sur dossier de plus en plus sélective
- Diplôme reconnu, mais retour en France semé d’obstacles
- Les atouts et les limites du modèle roumain
- Autres pays européens : quelles options pour les étudiants français ?
Avec 2 614 étudiants français inscrits dans ses facultés de médecine en 2025, la Roumanie s’impose comme l’un des premiers pays d’accueil pour les recalés du numerus apertus. En cause : l’extrême sélectivité des études de santé en France. Moins de 20 % des étudiants franchissent la première année. Pour ceux qui échouent au concours ou souhaitent l’éviter, la Roumanie représente une échappatoir : pas de sélection par concours, des cursus francophones, une reconnaissance européenne du diplôme.
Les grandes universités médicales comme Cluj-Napoca, Iași, Timișoara ou Arad proposent des cursus en médecine générale, dentaire et pharmacie en français, anglais ou roumain. Chaque année, plusieurs centaines de jeunes Français s’y inscrivent dans l’espoir de contourner l’impasse française.
Des frais de scolarité en forte hausse
Mais cette voie d’accès a un coût. Contrairement à la France où les frais de scolarité dans le public sont encadrés (170 à 500 euros par an), les universités roumaines appliquent des tarifs libres et en hausse constante. À Cluj-Napoca, la faculté la plus prisée, les frais atteignent 10 000 euros par an en 2025, contre 6 500 euros en 2022. Pour l’année universitaire 2026, une hausse de 15 % est déjà annoncée, portant le montant à 11 500 euros.
À Iași, l’université Grigore T. Popa facture 8 500 euros par an pour les filières francophones. À Timișoara, les frais s’établissent à 8 000 euros. L’université privée Vasile Goldiș d’Arad, plus abordable, reste à 7 500 euros par an.
Sur l’ensemble d’un cursus de six ans, un étudiant peut donc s’attendre à débourser entre 48 000 et 69 000 euros de frais de scolarité, selon l’établissement choisi.
Coût de la vie : un avantage certain par rapport à la France
Le niveau de vie en Roumanie permet de compenser partiellement ce coût académique élevé. Un étudiant peut vivre correctement avec un budget de 500 à 800 euros par mois, tout compris.
Le logement constitue la principale dépense. En résidence universitaire, les chambres sont proposées entre 50 et 150 euros mensuels. En location privée, un studio se loue entre 400 et 700 euros par mois, selon la ville et la proximité du centre. À Cluj-Napoca, ville universitaire la plus chère, le loyer moyen d’un studio en centre-ville atteint 565 euros.
L’alimentation reste abordable : environ 90 euros par mois pour les courses, 4 euros pour un repas au restaurant, 5 euros pour une pizza livrée. Côté transports, un abonnement mensuel coûte 8 euros à Cluj-Napoca, contre 13 euros en moyenne nationale. Les vols low cost entre Paris et Bucarest commencent à 30 euros, pour ceux qui réservent à l’avance.
En moyenne, un étudiant dépense entre 6 000 et 9 600 euros par an pour sa vie quotidienne en Roumanie. C’est environ la moitié du budget de vie estimé en France, qui dépasse souvent 12 000 euros par an.
Combien coûte un cursus médical complet en Roumanie ?
En cumulant les frais de scolarité, de vie quotidienne et les dépenses annexes, le coût total d’un cursus de six ans en Roumanie se situe entre 84 000 et 120 600 euros selon l’université.
À titre indicatif :
- Université Vasile Goldiș (Arad) : 84 000 à 105 600 euros
- Université de Timișoara : 87 000 à 108 600 euros
- Université de Iași : 90 000 à 111 600 euros
- Université de Cluj-Napoca : 99 000 à 120 600 euros
Ces montants incluent :
- Frais de scolarité : entre 45 000 et 69 000 euros
- Coût de la vie : entre 36 000 et 57 600 euros
- Dépenses annexes (inscription, visa, matériel) : jusqu’à 3 000 euros
À titre de comparaison, les études de médecine en France dans le public coûtent environ 4 800 euros sur six ans en frais de scolarité.
Des frais supplémentaires souvent sous-estimés
Au-delà des dépenses visibles, d’autres coûts viennent alourdir la facture. Les frais de candidature varient entre 50 et 250 euros par université. Faire appel à une agence spécialisée pour constituer son dossier coûte entre 536 et 6 000 euros, selon le nombre d’écoles ciblées.
Le matériel pédagogique représente environ 500 euros par an (livres, blouses, instruments). L’assurance santé, obligatoire, coûte entre 10 et 20 euros par mois. À partir de la quatrième année, les stages hospitaliers se déroulent en roumain, rendant l’apprentissage de la langue indispensable. Cela nécessite un investissement personnel important et, souvent, des cours particuliers payants.
Quelles aides pour financer les études en Roumanie ?
Les étudiants français restent éligibles à plusieurs dispositifs de soutien financier. Les bourses sur critères sociaux du CROUS sont maintenues, de 1 454 à 6 335 euros annuels selon l’échelon, à condition de fournir une attestation d’inscription par semestre. L’aide à la mobilité internationale peut compléter ce soutien.
Certaines universités roumaines accordent des bourses au mérite, généralement après la première année, aux étudiants les mieux classés. Certains conseils départementaux ou régionaux français proposent aussi des aides spécifiques, bien que peu connues.
Enfin, les prêts étudiants garantis par l’État, jusqu’à 20 000 euros, permettent de couvrir une partie des frais pour les étudiants sans soutien familial.
Une admission sur dossier de plus en plus sélective
Contrairement à une idée répandue, l’accès aux universités roumaines ne se fait pas automatiquement. Il n’y a pas de concours d’entrée, mais une sélection rigoureuse sur dossier. Les universités examinent les résultats au baccalauréat, en particulier en biologie, chimie et physique.
La concurrence s’est nettement accrue. À Cluj-Napoca, on compte 4 à 6 candidats pour chaque place. En 2025, l’université a reçu plus de 800 candidatures pour 150 places en médecine francophone. En tout, elle accueille chaque année 350 étudiants francophones répartis sur plusieurs filières.
Les candidatures s’ouvrent généralement en février et se terminent en mai, avec des résultats publiés entre juin et août.
Diplôme reconnu, mais retour en France semé d’obstacles
Depuis l’entrée de la Roumanie dans l’Union européenne, le diplôme de médecine roumain est reconnu en France. Mais cette reconnaissance n’exonère pas les étudiants de certaines obligations.
Pour exercer en France, il faut réussir les Épreuves Dématérialisées Nationales (EDN), préalables à l’internat. Ces épreuves sont identiques pour tous les étudiants européens souhaitant revenir travailler en France. Or, la préparation des EDN repose essentiellement sur le travail personnel. En 2024, seuls 14 étudiants français sur 36 ont réussi la première session à Cluj-Napoca, sur une promotion d’environ 90 Français.
Certains choisissent d’effectuer leur internat en Roumanie, avant de rentrer en France avec un diplôme complet. Il faut alors présenter une traduction officielle du diplôme, une attestation de compétences linguistiques en français, et un certificat de conformité délivré par le ministère roumain.
Les atouts et les limites du modèle roumain
Le modèle roumain présente plusieurs avantages : un enseignement en français pendant les trois premières années, l’absence de concours d’entrée, des promotions réduites favorisant la proximité avec les enseignants, et un taux de réussite élevé aux examens de fin d’année.
Les universités comme Cluj-Napoca et Iași bénéficient d’un bon niveau d’équipement, financé par les frais de scolarité et des fonds européens.
Mais le parcours reste exigeant. L’apprentissage du roumain est une étape difficile mais incontournable. La préparation autonome aux examens français constitue une charge de travail considérable. Des étudiants témoignent aussi de préjugés persistants à leur retour, certains médecins français mettant en doute la qualité de la formation suivie à l’étranger.
Enfin, le coût global reste élevé et hors de portée de nombreuses familles, même si le rapport qualité-prix demeure favorable comparé à d’autres pays européens.
Autres pays européens : quelles options pour les étudiants français ?
La Roumanie n’est pas la seule option pour les étudiants français recalés en médecine. Le Portugal offre un bon rapport qualité-prix avec des frais de 697 euros par an dans le public, mais les places sont très limitées. Les écoles privées portugaises coûtent entre 7 450 et 19 950 euros par an.
La Belgique, longtemps prisée, a instauré des quotas limitant l’accès des non-résidents. L’Espagne reste accessible, avec des frais allant de 680 à 1 500 euros annuels dans le public, mais jusqu’à 20 000 euros dans le privé.
Des destinations comme l’Irlande ou Malte sont bien plus onéreuses : entre 8 000 et 18 000 euros par an pour l’Irlande, 32 000 euros pour Malte.


