Benoît Villeminoz, un stratège à la tête du GIGN

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À 48 ans, le colonel Benoît Villeminoz succède au général Ghislain Réty à la tête du Groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale. Une passation à forte charge symbolique, au moment où l’unité fête ses 50 ans et poursuit une transformation en profondeur. Ce vétéran du contre-terrorisme, issu du sérail, hérite d’un outil modernisé, face à des menaces qui se durcissent.

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Formé à Saint-Cyr puis à l’École des officiers de la Gendarmerie, Villeminoz entre au GIGN en 2004. Il passe sept ans dans la Force d’intervention, en première ligne des opérations sensibles. En 2008, il est négociateur lors de la libération du Ponant, navire français pris par des pirates somaliens. L’intervention, conjointe avec les commandos marine, fait date.
Il revient au GIGN de 2014 à 2018, cette fois comme chef de l’état-major opérationnel. Il pilote alors plusieurs réponses antiterroristes, dont la traque des frères Kouachi après l’attaque de Charlie Hebdo. À Dammartin-en-Goële, il coordonne pour la première fois une action conjointe GIGN-RAID. Un tournant dans les doctrines d’engagement.

De la gestion locale à la crise ultramarine

À partir de 2020, changement d’échelle. Villeminoz commande le groupement de gendarmerie du Rhône, avec 1 700 militaires. Crise sanitaire, violences urbaines, tensions sociales : le terrain est exigeant. Lors des émeutes de 2023, il gère l’un des foyers les plus actifs. Le Rhône fait partie des départements les plus touchés, avec une intensité inédite de violences.
En 2024, alors qu’il suit une formation au CHEM et à l’IHEDN, il est envoyé en urgence en Nouvelle-Calédonie, au cœur des émeutes provoquées par le projet de dégel du corps électoral. Bilan : 14 morts, des centaines de blessés. Il y assure la coordination des opérations dans un climat insurrectionnel. Retour express, puis mission au cabinet du directeur général de la Gendarmerie : le circuit classique d’un officier appelé à des fonctions de tout premier plan.

Un commandement à double focale

Villeminoz n’est pas un général encore, mais il le sera bientôt. Décoré à plusieurs reprises, il prend la tête du GIGN dans un moment charnière. L’unité s’est réorganisée depuis 2021, avec l’intégration des quatorze antennes régionales, pour assurer une couverture nationale rapide et flexible. Reste à affiner la doctrine, au moment où se multiplient les signaux faibles : retour du terrorisme, montée de la criminalité organisée, hybridation des menaces.
Son arrivée devrait stabiliser la maison, tout en imprimant un nouvel élan. Ni rupture brutale, ni continuité molle. Villeminoz incarne une ligne : celle d’un officier de terrain devenu stratège, capable de penser l’intervention comme un levier de sécurité nationale. Un profil à la mesure des défis.



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