Exotec, la success story industrielle que personne n’avait vu venir

Pionnière de la robotique logistique, Exotec est devenue la première licorne industrielle française. En dix ans, elle a conquis le monde avec ses robots Skypod.

Afficher le résumé Masquer le résumé

En moins de dix ans, Exotec s’est hissée au sommet de la robotique logistique mondiale. Fondée à Croix en 2015, la PME nordiste a installé plus de 10 000 robots dans 200 entrepôts sur cinq continents. Première licorne industrielle française, elle incarne une French Tech capable de parler le langage des machines et de rivaliser dans l’arène industrielle mondiale.

A LIRE AUSSI
Daan Tech ou le bras de fer d’une start-up avec l’industrie française

Tout part d’un constat simple, né dans les couloirs de General Electric : l’automatisation des entrepôts reste un chantier ouvert. En 2014, deux ingénieurs, Romain Moulin et Renaud Heitz, imaginent un robot autonome qui grimperait dans les rayonnages pour aller chercher les produits. Quand Amazon annonce garder ses technologies logistiques pour elle seule, ils comprennent qu’une brèche s’ouvre. Exotec est créée en 2015. Moins d’un an plus tard, les premiers financements sont bouclés.

À Croix, la start-up installe ses lignes de production et développe un robot à contre-courant des systèmes statiques : le Skypod. Autonome, capable de se mouvoir au sol et à la verticale jusqu’à 12 mètres, il transforme la logistique en profondeur. Piloté par un logiciel maison, Deepsky, le robot consomme peu – cinq minutes de recharge par heure – et assure une disponibilité de 99 %. En 2022, une levée de 335 millions de dollars auprès de Goldman Sachs fait entrer Exotec dans la cour des grands. Deux milliards de dollars de valorisation. Un signal fort pour l’industrie française.

Un robot logistique français qui séduit le monde entier

Le cœur du modèle, c’est l’innovation. En 2025, Exotec dévoile une version optimisée : le Skypod Next Generation. Plus dense, plus rapide, capable de grimper à plusieurs dans des colonnes voisines. À la clé, +30 % sur le débit et le stockage, des fonctions logicielles avancées, une ergonomie pensée pour les opérateurs. Le marché suit : 20 exemplaires vendus, 400 millions de dollars engrangés. Et un prix IFOY à la clé, en juillet, dans la catégorie « Robot Warehouse System ».

Mais c’est à l’étranger que le modèle s’impose. Après un premier contrat avec Uniqlo au Japon, Exotec signe avec Gap aux États-Unis. En 2021, deux tiers du chiffre d’affaires viennent de l’international. Trois ans plus tard, la barre du milliard de dollars de systèmes vendus est franchie. L’Europe suit : Espagne, Pologne, Allemagne. En 2025, Exotec affiche 300 millions d’euros de chiffre d’affaires. Une croissance à marche forcée.

Exotec accélère son expansion à l’international

Pour tenir le rythme, il faut produire. À Croix, l’usine tourne à 100 robots par semaine. Un second site, « L’Imprimerie », a vu le jour en 2023 pour les convoyeurs Skypath. Là où d’autres misent sur la sous-traitance, Exotec fabrique en interne. Pour garder le contrôle. Un nouveau siège, « l’Imaginarium », sortira de terre fin 2025 à Wasquehal : 25 000 m², réunissant production, logistique, R&D et pilotage. Coût : 80 millions d’euros.

La croissance repose aussi sur les cerveaux. 10 % du chiffre d’affaires part dans la R&D. En sept ans, l’entreprise est passée de 40 à 1 300 salariés, dont 800 dans les Hauts-de-France. Encore 200 recrutements prévus cette année. Et un climat social qui suit : Exotec figure au 29e rang du classement Best Workplaces 2025, dans la catégorie des entreprises intermédiaires.

L’usine de Croix au cœur de la stratégie industrielle

Le pari se joue sur un marché mondial en pleine effervescence, évalué à 50 milliards de dollars. Les entrepôts doivent aller plus vite, avec moins de bras. Exotec affronte AutoStore et Ocado, des poids lourds du secteur. Là où ses concurrents ont opté pour des systèmes fixes et une bataille juridique féroce sur les brevets, Exotec mise sur la modularité, la rapidité de déploiement et une architecture brevetée maison.

Reste que la croissance soulève des défis. Recruter 50 personnes par mois sans diluer la culture d’entreprise, intégrer les filiales à l’étranger, maîtriser les coûts, livrer à l’échelle mondiale sans perdre en qualité : la marche est haute. La pression concurrentielle s’accélère, les attentes des clients aussi.



L'Essentiel de l'Éco est un média indépendant. Soutenez-nous en nous ajoutant à vos favoris Google Actualités :

Publiez un commentaire

Publier un commentaire