Condamnation et redressement fiscal pour Teddy Riner

Teddy Riner a été condamné pour avoir utilisé à titre personnel deux véhicules de luxe appartenant à sa société, entraînant un lourd redressement fiscal.

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Le tribunal administratif de Cergy-Pontoise a condamné en mars 2025 le judoka Teddy Riner pour « rémunérations et avantages occultes », à la suite de l’utilisation personnelle de deux voitures de luxe aux frais de sa société Pullman Limousine Services. La sanction s’accompagne d’un redressement fiscal majeur, alourdi d’une majoration de 40 % pour manquement délibéré. L’affaire, restée confidentielle pendant huit mois, a été révélée le 6 novembre par le site d’information L’Informé.

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Un usage personnel déguisé en frais professionnels

Selon la décision de justice, confirmée par des documents consultés par L’Informé, Teddy Riner aurait utilisé à titre privé une Ferrari et une Rolls-Royce Wraith entre 2016 et 2017, alors que ces véhicules figuraient dans les actifs de sa société de location de voitures de luxe Pullman Limousine Services. L’administration fiscale a considéré que ces biens, censés être exploités commercialement, constituaient en réalité un avantage en nature non déclaré et donc imposable.

Le tribunal a estimé que l’athlète avait « délibérément éludé l’impôt » et validé l’application d’une majoration de 40 % prévue à l’article 1729 du Code général des impôts. Ce niveau de sanction, plus lourd qu’une simple erreur de bonne foi, reflète une intention volontaire d’utiliser l’entreprise à des fins personnelles.

Des preuves matérielles jugées accablantes

Les pièces examinées par les juges ont pesé lourd. Le contrat d’assurance des deux véhicules mentionnait expressément Teddy Riner comme « conducteur exclusif », contredisant l’objet même de Pullman Limousine Services, dont l’activité est officiellement la location de véhicules avec chauffeur. Autre élément retenu : le contrat précisait que la Rolls-Royce ne devait « en aucun cas être donnée en location ».

En outre, les deux voitures n’ont généré aucun chiffre d’affaires au cours des exercices 2016 et 2017. Le tribunal a considéré que leur absence d’exploitation commerciale confirmait un usage strictement privé. Plusieurs témoignages et constats ont également établi que la Rolls-Royce était régulièrement stationnée à proximité du domicile de l’athlète à Levallois-Perret, siège de la société.

Une défense jugée peu convaincante

Teddy Riner a tenté de justifier l’absence d’activité de sa société durant cette période en évoquant le contexte des attentats de novembre 2015, qui auraient, selon lui, freiné la demande touristique et donc la location de véhicules de luxe. Il a également affirmé qu’il n’avait pas eu le temps de profiter de ces voitures, en raison de sa préparation intensive pour les Jeux olympiques de Rio en 2016 et les championnats du monde de 2017.

Le tribunal n’a pas retenu ces arguments. La localisation fréquente des véhicules près de son domicile, l’absence de revenus issus de leur exploitation et les clauses contractuelles ont été jugés plus probants que les explications avancées par la défense.

Un redressement aux conséquences financières lourdes

Le redressement fiscal notifié à Teddy Riner comprend plusieurs volets. D’abord, l’administration fiscale a réclamé le paiement des cotisations sociales sur les avantages en nature, ainsi que l’impôt sur le revenu correspondant. À cela s’ajoute une réévaluation de la contribution exceptionnelle sur les hauts revenus.

Surtout, la majoration de 40 % appliquée au montant dû renforce considérablement la charge financière pesant sur l’athlète. Si ce taux reste inférieur à celui prévu en cas de fraude caractérisée (80 %), il marque néanmoins un jugement sévère de la part de l’administration et du tribunal.

Des voies de recours encore ouvertes

Teddy Riner peut encore contester la décision. Il dispose d’un délai de deux mois à compter de la notification du jugement pour déposer un recours devant la Cour administrative d’appel. En cas de rejet, il pourra éventuellement se pourvoir en cassation devant le Conseil d’État.

L’affaire embarrasse d’autant plus le champion que celui-ci s’était récemment affiché en défenseur des entrepreneurs français. Lors du sommet Choose France à Versailles en mai 2025, il avait dénoncé « la complexité fiscale qui freine la création d’emplois en France ». Ces propos résonnent différemment aujourd’hui, alors que la justice l’a condamné pour avoir utilisé une structure d’entreprise afin d’éluder l’impôt.



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