Cure thermale : bientôt un luxe réservé aux plus riches 

Prise en charge divisée par quatre, reste à charge explosif : découvrez les effets de la réforme 2026 sur les soins thermaux et leurs patients.

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Le gouvernement envisage une réduction drastique du remboursement des cures thermales dès 2026. Une réforme budgétaire qui pourrait transformer en profondeur le modèle économique du secteur, et remettre en question l’accessibilité de ces soins pour une large partie des patients.

Une prise en charge ramenée à 15 % pour la majorité des curistes

Présentée le 5 novembre au Sénat, la mesure prévoit une baisse importante du taux de remboursement par l’Assurance maladie. Pour les patients hors affection de longue durée (ALD), la prise en charge passerait de 65 % à seulement 15 %. Pour ceux atteints d’une ALD, le taux serait ramené de 100 % à 65 %. Le gouvernement souhaite inclure cette réforme dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026.

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Cette décision s’inscrit dans une volonté plus large de maîtrise des dépenses sociales. En 2026, l’exécutif vise un déficit de la Sécurité sociale limité à 17,4 milliards d’euros, contre 23 milliards cette année. La branche maladie, qui représente à elle seule 17,2 milliards d’euros de déficit, est particulièrement ciblée. L’objectif affiché est de recentrer les remboursements sur les soins jugés les plus efficients et de générer environ 200 millions d’euros d’économies.

Une efficacité médicale toujours controversée

La réforme s’appuie également sur les conclusions de la Cour des comptes, publiées en avril 2025. L’institution y remettait en cause la légitimité du remboursement des cures thermales, pointant l’absence de preuve d’un bénéfice médical avéré. La Haute Autorité de santé (HAS) n’a, à ce jour, pas démontré de manière concluante l’efficacité des traitements thermaux, malgré leur ancienneté et leur popularité.

En 2023, 462 130 cures avaient été conventionnées par l’Assurance maladie, pour un coût total de 346 millions d’euros. Ce chiffre est en légère hausse en 2024, avec 471 613 curistes, mais reste en retrait de près de 19 % par rapport aux niveaux de 2019.

Un reste à charge multiplié par cinq

Avec la réforme, le reste à charge pour les patients augmenterait fortement. Sur une dépense moyenne de 680 euros, seule une centaine d’euros serait remboursée (130 euros en moyenne). En y ajoutant les frais annexes — hébergement, transport, restauration — le coût total atteindrait environ 1 800 euros. Le gouvernement indique que les complémentaires santé pourraient prendre le relais pour une partie de ces dépenses, mais sans garantie de prise en charge systématique.

Les professionnels du thermalisme alertent sur les conséquences économiques immédiates. Selon le Conseil national des établissements thermaux (CNETh), un tel niveau de reste à charge entraînerait une baisse significative du nombre de curistes. Le secteur, déjà affaibli par la pandémie et la lente reprise d’activité, redoute une perte d’équilibre pour de nombreux établissements.

Des milliers d’emplois menacés dans les territoires ruraux

Les stations thermales sont majoritairement implantées dans des zones rurales. Elles constituent des moteurs d’activité locale, avec des retombées économiques évaluées à 4,8 milliards d’euros en 2023 selon l’Observatoire national de l’économie des stations thermales (OESTh). Le secteur emploie actuellement environ 25 000 équivalents temps plein. Les projections les plus pessimistes évoquent une réduction à 5 000 emplois si la réforme est adoptée en l’état.

Des élus locaux s’inquiètent aussi de la perte d’attractivité de leurs territoires. Les communes thermales, comme Dax, Bagnères-de-Bigorre ou Vichy, redoutent un affaiblissement de leur offre de santé et de leur modèle économique, étroitement lié à la fréquentation des curistes.

Une réforme qui reste à débattre au Parlement

Le gouvernement affirme qu’il ne s’agit pas d’un déremboursement pur et simple, mais d’une redéfinition des priorités de l’Assurance maladie. La mesure, pour être adoptée, devra faire l’objet d’un vote du Parlement dans le cadre du débat sur le budget de la Sécurité sociale. D’ici là, les acteurs du secteur et les élus concernés entendent faire valoir leurs arguments pour infléchir, voire suspendre, une réforme qui pourrait marquer un tournant dans la politique publique du thermalisme.



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