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- Placements financiers : la majorité mise sur la prudence
- Immobilier : première étape après le gain
- Voiture, voyages, consommation : premières dépenses plaisir
- Famille et proches : solidarité… et tensions
- Et la générosité ?
- Les erreurs fréquentes qui mènent à la ruine
- Préserver sa fortune : des stratégies éprouvées
Chaque année en France, plusieurs centaines de personnes voient leur vie basculer après avoir remporté une somme colossale à un jeu de hasard. En 2024, la Française des Jeux a distribué 211 gains d’au moins un million d’euros, dont 276 millions d’euros rien que pour le Loto. Derrière ces chiffres, se dessinent des trajectoires très diverses. Si certains vivent leur fortune comme une libération, d’autres peinent à la gérer ou sombrent rapidement. Que deviennent les grands gagnants ? Comment utilisent-ils leur argent ? Enquête sur les usages réels de la richesse subite.
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Placements financiers : la majorité mise sur la prudence
Contrairement à l’imaginaire collectif, les grands gagnants ne se précipitent pas sur les dépenses extravagantes. Une large majorité adopte une stratégie prudente. L’objectif est souvent le même : préserver le capital, sécuriser l’avenir, générer des revenus réguliers.
Les placements choisis s’articulent principalement autour de produits sûrs. Les comptes à terme et fonds monétaires sont utilisés pour bloquer les fonds temporairement tout en générant des rendements modestes (2 à 3 % brut). Les assurances-vie, notamment les fonds en euros, offrent une fiscalité avantageuse et une certaine souplesse en matière de transmission patrimoniale. En 2024, leur rendement moyen oscillait entre 2,5 et 3,5 %.
Pour ceux qui souhaitent percevoir une rente mensuelle, les Sociétés Civiles de Placement Immobilier (SCPI) représentent une option plébiscitée. Leur rendement moyen atteignait 4,52 % en 2023. Ainsi, un capital de 10 millions d’euros bien placé peut générer entre 17 500 et 75 000 euros par mois, selon le profil de risque retenu.
Immobilier : première étape après le gain
L’achat immobilier est souvent la première décision concrète prise après avoir touché un jackpot. L’acquisition d’une résidence principale revient régulièrement dans les témoignages. Le logement devient alors non seulement un refuge, mais aussi un marqueur de réussite et d’ascension sociale.
L’immobilier représente en moyenne 40 % de l’allocation recommandée pour un grand gagnant. Certains optent pour l’achat de biens locatifs, d’autres pour une résidence secondaire. Les SCPI permettent également d’investir dans l’immobilier sans en assumer la gestion.
Les exemples d’échecs existent aussi. Des projets mal maîtrisés, comme l’achat de domaines coûteux ou mal situés, peuvent se retourner contre leurs propriétaires. En cas de mauvaise gestion, ces investissements peuvent rapidement devenir une charge.
Voiture, voyages, consommation : premières dépenses plaisir
Parmi les premières dépenses figurent les voitures. L’achat d’un véhicule neuf, parfois haut de gamme, est souvent perçu comme une récompense symbolique. C’est aussi une façon concrète et visible de marquer un changement de statut. Ce choix n’est pas sans conséquence : il attire souvent l’attention et oblige parfois les gagnants à déménager pour préserver leur anonymat.
Les voyages suivent de près. Ils permettent de concrétiser des projets longtemps repoussés. États-Unis, Polynésie, Nouvelle-Zélande, voyages spirituels à Jérusalem ou aventures extrêmes comme un périple en voilier : les destinations révèlent les aspirations profondes des gagnants.
L’accès à un autre niveau de confort – classes affaires, hôtels 5 étoiles, services exclusifs – modifie durablement les habitudes. Pour certains, il devient difficile de revenir en arrière.
Famille et proches : solidarité… et tensions
Une part importante des gains est souvent consacrée à la famille. Les gagnants cherchent à mettre leurs proches à l’abri, à offrir un logement, ou à financer des études. Ces gestes de solidarité, bien qu’intentionnés, peuvent avoir des conséquences inattendues. Les dons importants sont soumis à la fiscalité. En France, donner un million d’euros à un enfant implique un prélèvement de plus de 200 000 euros. En cas de décès, les droits de succession peuvent également réduire fortement la somme transmise.
Les relations avec l’entourage se compliquent parfois. Demandes insistantes, jalousies, ruptures d’amitié : certains gagnants choisissent le silence ou inventent des récits alternatifs pour expliquer leur changement de situation.
Et la générosité ?
Environ 10 % des gagnants choisissent d’orienter une partie de leur fortune vers des causes solidaires. Les montants varient, mais certains cas se distinguent par leur ampleur.
Certains lauréats ont donné des centaines de milliers d’euros aux Restos du Cœur ou ont soutenu l’éducation d’orphelins. Un gagnant de 200 millions d’euros a consacré l’essentiel de sa fortune à la création d’une fondation environnementale. En 2025, un autre groupe de gagnants a annoncé vouloir reverser 50 millions d’euros à des associations.
La FDJ accompagne ces démarches par le biais d’ateliers organisés avec la Fondation de France. Les lauréats peuvent y rencontrer des experts et échanger entre pairs sur les formes possibles d’engagement.
Contrairement à une idée reçue, nombre de gagnants choisissent de conserver leur emploi. Par peur de l’ennui, par attachement à leurs collègues ou par besoin de structure sociale, ils continuent à travailler après avoir touché plusieurs millions d’euros.
Une étude suédoise réalisée en 2005 indiquait que 62 % des gagnants interrogés n’avaient pas modifié leur activité professionnelle. En France aussi, des lauréats continuent à exercer leur métier des années après leur gain, estimant que l’argent ne remplace pas le sens du travail.
D’autres profitent du gain pour changer de voie. Certains réalisent une reconversion attendue de longue date vers un métier-passion, moins rentable mais plus épanouissant.
Les erreurs fréquentes qui mènent à la ruine
Gagner une grande somme d’argent ne garantit pas la stabilité. De nombreux gagnants, en France et à l’étranger, dilapident leur fortune en quelques années. La faillite survient parfois moins de cinq ans après le gain.
Les erreurs sont souvent les mêmes : achats irréfléchis, investissements mal conseillés, générosité excessive non encadrée, absence de revenus réguliers. Des histoires françaises de millionnaires ruinés témoignent de la rapidité avec laquelle une fortune peut s’évanouir. Ailleurs, certains gagnants sont aujourd’hui endettés, marginalisés ou totalement isolés.
L’impact émotionnel d’un gain massif est souvent sous-estimé. Certains gagnants vivent un véritable choc physique et mental. Anxiété, insomnie, pression sociale : la nouvelle vie s’installe rarement sans tensions.
Les relations se tendent, les regards changent, la confiance se fragilise. Certains déménagent pour fuir les questions ou se replient sur eux-mêmes. Le gain peut devenir source de solitude, voire de dépression. Le “remords du gagnant”, sentiment de ne plus savoir qui on est ni ce que l’on veut, surgit parfois après l’euphorie initiale.
Préserver sa fortune : des stratégies éprouvées
Les experts conseillent souvent aux gagnants de ne rien faire pendant six mois. Laisser retomber l’émotion, garder ses habitudes, puis s’entourer de professionnels pour structurer une stratégie.
Deux approches dominent : la répartition en tiers (immobilier, placements sûrs, investissements dynamiques) ou une formule 40/30/20. Dans tous les cas, la prudence prévaut. La clé reste de construire un revenu stable et durable, sans entamer le capital.
Préserver l’anonymat est aussi une règle d’or. En ne révélant leur gain qu’à un cercle restreint, certains gagnants protègent leur équilibre personnel et leurs relations sociales.


