Wissam Ben Yedder, trajectoire d’un naufrage

Des buts aux tribunaux : Wissam Ben Yedder, ancien capitaine de Monaco, risque 15 ans de prison pour des faits graves. Récit d’un naufrage.

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Parcours exemplaire, chute brutale. Longtemps présenté comme un attaquant discret mais redoutable, Wissam Ben Yedder incarne aujourd’hui un visage bien différent. Poursuivi dans plusieurs dossiers aux ramifications graves, mis en examen pour viol, condamné pour agression sexuelle et violences psychologiques, l’ancien capitaine de l’AS Monaco est désormais au cœur d’un processus judiciaire implacable. Il encourt jusqu’à quinze ans de prison. Retour sur l’effondrement d’un footballeur que rien ne semblait pouvoir arrêter.

Un buteur hors norme

À Toulouse, où il débute en Ligue 1 en 2012, Ben Yedder s’impose immédiatement. Il marque, beaucoup et souvent, au point de devenir le meilleur buteur du club au XXIᵉ siècle. Le FC Séville le recrute en 2016 : il confirme, enchaîne les performances, brille sur la scène européenne. L’AS Monaco débourse 40 millions d’euros pour l’attirer sur le Rocher en 2019. Il y devient capitaine, co-meilleur buteur de Ligue 1 en 2020, et entre dans le top 2 des buteurs historiques du club. L’équipe de France lui ouvre ses portes. En 2021, il soulève la Ligue des Nations.

Révélations d’un premier arrangement

La bascule publique débute par un article. L’Équipe révèle en février 2023 qu’un accord financier de 1,6 million d’euros a été conclu entre Ben Yedder et une femme l’accusant de relations non consenties après une soirée à Monaco. L’attaquant, confronté à la révélation, invoque une manipulation, rompt avec son agent historique Meïssa N’Diaye et commence à se retrancher.

Plainte pour viol et mise en examen

Le 10 juillet 2023, deux jeunes femmes de 18 et 19 ans déposent plainte à Nice. Elles accusent Wissam Ben Yedder et son frère Sabri de viol, tentative de viol et agression sexuelle dans un appartement situé à Beausoleil. Une soirée, une rencontre sur la plage, puis des faits qu’elles dénoncent comme non consentis. En août, les frères sont mis en examen. L’attaquant est alors encore en activité à Monaco. Il est placé sous contrôle judiciaire, libéré contre une caution de 900 000 euros. Son contrat court jusqu’en juin 2024. Il continue à jouer.

Récidive en état d’ivresse

Le 6 septembre 2024, Ben Yedder est à nouveau interpellé. Cette fois pour agression sexuelle sous l’emprise de l’alcool. Une jeune femme de 23 ans l’accuse d’attouchements non consentis dans un parking privé à Monaco. L’alcoolémie est de 1,52 g/l. Le footballeur, lors de l’audience, plaide l’amnésie : « Je ne me souviens pas », « C’est à cause de l’alcool ». Le 15 octobre, le tribunal le condamne à deux ans de prison avec sursis, 5 000 euros d’amende, suspension de permis, et dommages-intérêts pour la victime. Il fait appel.

Violences psychologiques au sein du couple

Le volet conjugal éclate en parallèle. En février 2024, son épouse dépose plainte. Elle décrit des mois de dénigrement, d’humiliations répétées, de pressions financières. Mariés en 2021, séparés depuis mai 2023, le couple se déchire. En mai 2025, lors du procès, les faits sont détaillés : climat oppressant, gestes menaçants, propos dégradants. Ben Yedder se défend en parlant de trahison, accuse son entourage. Le 3 septembre, il est reconnu coupable et condamné à 90 000 euros d’amendes, auxquels s’ajoutent plus de 60 000 euros dus à son ex-épouse. Il fait appel.

Renvoi pour viol

Le 2 novembre 2025, la justice franchit un cap. Le juge d’instruction estime que les charges dans l’affaire de Beausoleil sont suffisantes. Ben Yedder et son frère sont renvoyés devant la cour criminelle des Alpes-Maritimes pour viol, tentative de viol et agression sexuelle. Quinze ans de réclusion sont en jeu. La défense dénonce un dossier « lacunaire », maintient que l’ancien international est innocent. Le procès fixera la ligne de vérité.

Fin de carrière, déclin rapide

À l’issue de son contrat avec Monaco, Ben Yedder tente un exil. Il signe en Iran, au Sepahan FC. Trois mois plus tard, il repart : un but inscrit en 322 minutes. En septembre 2025, il atterrit en deuxième division turque, à Sakaryaspor. Objectif : marquer 15 buts pour prolonger. Aucun ne viendra. Le club est même sanctionné d’une défaite sur tapis vert pour avoir aligné trop d’étrangers. Ben Yedder est sur la feuille.

Un an plus tôt, en 2023, il avait déjà été condamné. En Espagne, cette fois, pour fraude fiscale. Les faits remontent à son passage au FC Séville. Montant de l’amende : 133 798 euros. Peine : six mois avec sursis. Une condamnation de plus dans un dossier personnel qui s’épaissit.

L’image écroulée d’un homme dépassé

Derrière la répétition des faits, un fil rouge : la perte de contrôle. L’alcool est invoqué à plusieurs reprises. Les ruptures s’enchaînent : avec l’agent, la compagne, les clubs. Ben Yedder, longtemps perçu comme un homme réservé, semble désormais pris dans un engrenage de déni, de dérive et d’évitement. Les faits s’accumulent, les sanctions tombent, les appels se multiplient. Et la trajectoire sportive, elle, s’est éteinte dans l’indifférence.



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