Combien gagne un arbitre de foot ?

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Le métier d’arbitre reste l’un des moins connus du monde du football. Présents à chaque match, exposés aux critiques, les arbitres prennent des décisions décisives sans que leur rôle, ni leur rémunération, ne soient réellement compris. Combien gagnent-ils vraiment ?

Le salaire fixe des arbitres de Ligue 1

Depuis 2016, les arbitres de Ligue 1 bénéficient d’un statut professionnalisé mis en place par la Ligue de Football Professionnel (LFP). Ce statut repose sur une rémunération fixe mensuelle appelée « indemnité de préparation », versée toute l’année. En 2024-2025, un arbitre central touche 7 442 euros bruts par mois, soit 89 304 euros annuels. Les assistants de première catégorie perçoivent 4 666 euros mensuels, ceux de deuxième catégorie 2 553 euros, et les arbitres VAR, dont le rôle reste essentiel mais moins exigeant physiquement, reçoivent 2 000 euros.

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À cette base fixe s’ajoutent des primes versées à chaque rencontre arbitrée. Un arbitre central de Ligue 1 gagne 3 375 euros bruts par match, complétés par des indemnités journalières de 200 euros sur trois jours (veille, jour du match, lendemain), soit 600 euros supplémentaires. Chaque match peut donc rapporter jusqu’à 3 975 euros bruts. Les arbitres assistants perçoivent entre 900 et 1 646 euros par match selon leur catégorie, les arbitres VAR 1 000 euros.

Un arbitre central qui officie 20 matchs par saison – la moyenne observée – peut cumuler un revenu brut annuel de 173 800 à 176 800 euros, en tenant compte des primes de match, des indemnités journalières et de son salaire fixe. Cela représente environ 10 800 euros nets par mois après charges sociales. En fonction du nombre de matchs, ce montant peut varier : 146 000 euros pour 15 matchs, plus de 200 000 euros pour 25 rencontres.

La Ligue 2 : une rémunération inférieure mais structurée

En Ligue 2, le système de rémunération est identique, mais les montants sont sensiblement plus bas. L’indemnité mensuelle d’un arbitre central est de 2 165 euros, soit 25 980 euros annuels. La prime par match s’élève à 1 650 euros, avec les mêmes indemnités journalières. Sur 25 matchs, un arbitre de Ligue 2 perçoit entre 85 000 et 87 000 euros bruts par an. Les assistants gagnent environ 50 000 à 60 000 euros. L’écart avec la Ligue 1 reflète la différence d’exposition, de pression et de retombées économiques entre les deux divisions.

Les compétitions internationales : des primes exceptionnelles

Pour les arbitres sélectionnés en Ligue des Champions, en qualifications internationales ou en Coupe du Monde, les revenus augmentent fortement. En Ligue des Champions, les primes varient de 6 000 euros en phase de groupes à 10 000 euros pour la finale. En Ligue Europa, elles se situent entre 5 000 et 7 500 euros. Lors de la Coupe du Monde 2022, les arbitres ont touché un forfait de 68 000 euros, complété par des primes allant jusqu’à 19 200 euros par match en phase finale. Un arbitre officiant 6 à 8 matchs pouvait dépasser les 140 000 euros en un mois.

Les arbitres français du groupe Élite : revenus cumulés records

Les arbitres français membres du groupe Élite UEFA – comme François Letexier ou Clément Turpin – cumulent les rémunérations de Ligue 1, un bonus Élite mensuel de 2 000 euros (soit 24 000 euros annuels), et des primes internationales. Un arbitre Élite actif peut atteindre entre 250 000 et 320 000 euros bruts par an. En 2023-2024, François Letexier a ainsi perçu environ 270 000 euros en arbitrant 36 matchs, toutes compétitions confondues.

Les charges professionnelles : un coût souvent sous-estimé

Les arbitres doivent financer eux-mêmes une large partie de leur préparation physique et médicale. Un préparateur physique coûte entre 6 000 et 18 000 euros par an. La kinésithérapie, l’ostéopathie, le matériel spécialisé et les consultations médicales s’ajoutent à cette liste, pour un total estimé entre 11 400 et 28 700 euros annuels. En moyenne, un arbitre professionnel déduit ainsi entre 20 % et 35 % de ses revenus bruts en frais professionnels.

Pour un revenu brut de 175 000 euros, les charges sociales et impôts amputent environ 65 800 euros. Une fois déduites les charges professionnelles (environ 18 000 euros), le revenu net annuel tourne autour de 91 200 euros, soit 7 600 euros nets par mois. Pour un arbitre international percevant 270 000 euros bruts, le revenu net après charges et impôts descend à environ 116 000 euros.

Le bénévolat et les faibles indemnités au niveau amateur

En dehors du football professionnel, la majorité des 23 000 arbitres français officient à titre bénévole ou perçoivent des indemnités très modestes. Un arbitre de district gagne en moyenne entre 30 et 80 euros par match selon la catégorie. Avec 3 matchs par semaine sur 30 semaines, cela représente environ 4 500 euros bruts par an. En niveau régional, les gains varient de 800 à 2 000 euros annuels, insuffisants pour vivre de cette activité.

Un métier soumis à une pression permanente

Au-delà des chiffres, l’arbitrage professionnel impose une charge mentale constante. Chaque décision est scrutée, commentée, critiquée, parfois jusqu’au harcèlement en ligne. Les arbitres ne disposent pas de tribune publique pour se défendre, et vivent dans un isolement médiatique presque total. En 2024, 70 % des arbitres européens ont rapporté avoir subi des abus verbaux, et 40 % envisagent de quitter la profession à moyen terme.

Dans le football amateur, les violences physiques contre les arbitres se multiplient. En 2023-2024, 245 cas ont été recensés en France. Pour y répondre, la FFF a instauré des mesures inédites : caméras embarquées lors de matchs à risque, prise en charge judiciaire systématique, et partenariats avec les forces de l’ordre pour la protection des arbitres. Ces actions visent à sécuriser un métier de plus en plus menacé.



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