Les pires sauces tomates vendues en supermarché

Tomates chinoises déguisées, pesticides interdits dans le bio, compositions ultratransformées : les pires dérives des sauces tomates industrielles.

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En rayon, l’illusion est soigneusement entretenue. Les marques affichent des mentions telles que « cultivées sous le soleil d’Italie » ou « recette traditionnelle italienne ». Mais les résultats d’analyses indépendantes révèlent une tout autre réalité : tomates d’origine chinoise, pesticides interdits, additifs en série.

Cette enquête pointe des dérives systémiques dans les sauces tomates industrielles vendues dans les grandes surfaces françaises. Plusieurs grandes marques, y compris bio, sont concernées. L’information du consommateur est biaisée à tous les niveaux : origine, qualité, composition.

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Tableau des pires sauces tomates identifiées

Marque / Produit Problème principal
Priméal (bio) Origine frauduleuse + imidaclopride
€co+ (Leclerc) Concentré chinois reconditionné
Auchan (coupelles) Origine Italie mensongère
Léa Nature – Jardin Bio Étic Fausse origine + bio contaminé
Florelli (sauce basilic) 12 ingrédients + sel excessif
Combino (Lidl) 6 pesticides + composition industrielle

Origine Italie… mais concentré chinois

Des marques épinglées pour fausse origine

L’analyse isotopique de quatre sauces affichant une origine italienne révèle une réalité sans équivoque : les tomates proviennent de Chine. C’est le cas de :

  • Priméal – Tube concentré de tomate
    Origine Italie revendiquée, mais profil isotopique chinois (60 Millions de Consommateurs, oct. 2025)
    Note finale : <10/20
  • €co+ (E.Leclerc) – Conserve concentrée
    Concentré chinois reconditionné en Italie via le régime du perfectionnement actif (60 Millions de Consommateurs, oct. 2025)
    Note : <10/20
  • Auchan – Coupelles de concentré de tomate
    Origine Italie affichée, mais analyse confirmant une signature chinoise (60 Millions de Consommateurs, oct. 2025)
    Note : <10/20
  • Léa Nature – Jardin Bio Étic – Tube double concentré
    Allégation : « tomates cultivées sous le soleil d’Italie », profil isotopique incompatible (60 Millions de Consommateurs, oct. 2025)
    Note : <10/20

Une faille réglementaire : le « perfectionnement actif »

Ce régime douanier permet d’importer des concentrés chinois à bas coût, de les diluer ou reconditionner en Italie, puis de les exporter en indiquant « Origine Italie », sans droit de douane (RFI, oct. 2024). Cette astuce légale masque une logique industrielle de réduction des coûts : un concentré chinois brut coûte jusqu’à quatre fois moins cher qu’un concentré produit localement (Le Figaro, nov. 2024).

En 2024, la Chine a produit 10,45 millions de tonnes de tomates transformées, soit 40 % du marché mondial (Wikifarmer, juin 2025). Les marques européennes ont profité de cette surproduction pour importer à bas prix.

Une régulation en cours de renforcement

Jusqu’en 2025, aucune obligation n’imposait de préciser l’origine des ingrédients majeurs dans les produits transformés. Cela change avec une proposition de loi française, examinée en octobre 2025, imposant l’origine pour tout ingrédient ≥10 % (Reussir.fr, oct. 2025). Le règlement INCO, renforcé en janvier 2025, va dans le même sens (Alamana, juin 2025).

Pesticides interdits y compris dans le bio

L’imidaclopride détecté dans deux concentrés bio

Interdit depuis le 1er décembre 2020 en Europe (Règlement UE 2020/1643), ce néonicotinoïde toxique pour les pollinisateurs a été détecté dans deux concentrés bio testés (60 Millions de Consommateurs, oct. 2025). Plusieurs explications sont possibles : rémanence dans les sols, contamination des nappes phréatiques, ou défauts dans les contrôles à l’import.

Le problème est d’autant plus grave que le consommateur paie en moyenne 40 % plus cher pour un produit bio — censé être exempt de ce type de substances (60 Millions de Consommateurs, oct. 2025).

Diméthomorphe : un fongicide interdit mais toujours présent

Interdit en mai 2024 pour ses effets reprotoxiques et endocriniens (Règlement UE 2024/1207), le diméthomorphe a été détecté dans quatre sauces basilic (60 Millions de Consommateurs, oct. 2025). Les tomates en question ont probablement été cultivées avant l’interdiction, mais leur circulation tardive pose la question de la traçabilité.

Six résidus de pesticides dans une seule sauce Lidl

La sauce basilic Combino (Lidl) cumule six résidus de pesticides (60 Millions de Consommateurs, oct. 2025 ; Planet.fr, 30 oct. 2025), un record inquiétant pour un produit destiné à toute la famille.

Le rapport EFSA 2023 indique que 3,7 % des produits alimentaires testés en Europe dépassent les seuils autorisés — principalement parmi les produits importés (EFSA, mai 2025).

Sauces tomates industrielles : des compositions ultratransformées

Des listes d’ingrédients interminables

La sauce Florelli basilic cumule jusqu’à 13 ingrédients, dont amidon de riz, arômes et acide citrique. Sa teneur en sel atteint 1,7g/100g, soit 27 % de l’apport journalier recommandé en une seule portion (60 Millions de Consommateurs, oct. 2025).

Elle obtient une note globale de 7,1/20 (Aufeminin.com, 30 oct. 2025), malgré un positionnement prix abordable (2,59€).

Lidl, Picard, Auchan : des compositions trop complexes

Plusieurs sauces de grandes marques affichent 12 ingrédients ou plus :

  • Combino (Lidl) – sauce basilic : amidon modifié + six pesticides
  • Picard – sauce bolognaise : épaississants et stabilisants
  • Auchan – sauce bolognaise : amidon modifié de maïs
  • Panzani – sauce bolognaise : 3 pesticides détectés
    (60 Millions de Consommateurs, oct. 2025)

Plus la marque est bon marché, plus la composition est complexe — un paradoxe nutritionnel préoccupant.

Bio de façade : Auchan Bio, Carrefour Bio, Combino Bio, Turini

Malgré leur étiquette verte, ces produits contiennent des épaississants ou des amidons modifiés :

  • Auchan Bio : 1,4g de sel/100g + amidon
  • Carrefour Bio : 1g de sel/100g + épaississant
  • Combino Bio (Lidl) : 12 ingrédients + amidon modifié
  • Turini : amidon modifié + composition industrielle
    (60 Millions de Consommateurs, oct. 2025)

Ces produits surfent sur le marketing bio tout en conservant une base industrielle.

Les concentrés de tomate : des bombes sucrées

Une teneur en sucre sous-estimée

Les concentrés contiennent en moyenne 14,3g de sucre pour 100g (60 Millions de Consommateurs, oct. 2025), soit environ 57g par pot de 400g. À titre de comparaison, un verre de jus d’orange (200ml) contient environ 24g.

Cette concentration rend le produit bien plus calorique qu’on ne l’imagine — une problématique ignorée des consommateurs soucieux de bien cuisiner.

Contamination au pesticide dans les concentrés bio

Les deux concentrés bio testés sont contaminés à l’imidaclopride (60 Millions de Consommateurs, oct. 2025 ; Planet.fr, 30 oct. 2025). Les consommateurs bio sont donc doublement floués : prix premium et sécurité dégradée.

Pourquoi ces dérives ?

En 2024, la production mondiale de tomates a atteint 45,7 millions de tonnes, dont 10,45 millions pour la Chine (Wikifarmer, juin 2025). La conséquence : chute des prix, explosion des importations, recherche de marges.

Pour les marques, la tentation est forte : importer du concentré chinois (-66 % du coût par rapport à l’Italie, Le Figaro, nov. 2024), le reconditionner et le vendre comme italien. Jusqu’en 2025, la réglementation ne sanctionnait pas ce type de pratique.

Mais la tendance s’inverse. La production mondiale diminue en 2025 (-11,5 %, Kunyuar, avril 2025), les prix remontent, et les excuses s’effacent. L’opacité ne sera plus tolérée.



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