« Je m’appelle Gabrielle, j’ai 19 ans, et j’étudie le droit à l’université de Montpellier. Je travaille le week-end dans un Franprix pour payer mon loyer, mes transports et mes repas. Mes parents sont employés, ils m’aident comme ils peuvent, mais avec deux frères plus jeunes à la maison, je ne veux pas être un poids. Chaque euro compte.
J’entends souvent les médias, les influenceurs et même certains profs critiquer Shein. On parle de vêtements jetables, de conditions de travail inacceptables, de pollution. Mais ce qu’on oublie toujours de dire, c’est que beaucoup de gens comme moi n’ont pas les moyens de s’habiller ailleurs. Un jean chez Shein coûte 18 euros. Dans les boutiques du centre-ville, il faut compter au minimum 60 ou 70 euros. À ce prix-là, c’est un mois de courses pour moi.
Je ne dis pas que les vêtements Shein sont de grande qualité. Certains ne tiennent pas plus d’une saison. Mais ils me permettent de me sentir bien dans ma peau, de suivre les tendances sans culpabiliser, d’avoir l’air « normale » parmi les autres étudiantes. Quand on vit avec un budget serré, on apprend à faire avec ce qu’on a. Et franchement, je préfère un pull à 10 euros qui me plaît qu’un discours moralisateur de quelqu’un qui gagne trois fois le SMIC.
Je trouve injuste qu’on accuse les consommateurs plutôt que le système. Ceux qui nous jugent oublient que nous n’avons pas tous les mêmes chances. Qu’ils aillent voir le prix des loyers à Montpellier ou le coût d’un plein de courses avant de parler d’éthique. Je ne suis pas une militante, juste une jeune femme qui veut s’habiller correctement sans se ruiner.
Je ne me sens pas coupable d’acheter chez Shein. J’espère simplement qu’un jour, quand je serai avocate, je pourrai choisir d’autres marques, françaises ou responsables, sans avoir à compter. Mais pour l’instant, Shein me permet de vivre ma jeunesse comme les autres. Et ça, je n’en ai pas honte. »


