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- Des aliments complets, mais vidés de leur valeur
- Quand l’industrie transforme le complet en argument marketing
- L’illusion du packaging et la confusion volontaire
- Les influenceurs, nouveaux relais d’une désinformation massive
- Nutri-Score 2025 : un garde-fou imparfait mais utile
- Comment reconnaître un vrai aliment complet
- Labels : lesquels méritent la confiance ?
- Des alternatives fiables pour tous les budgets
- Applications : des outils efficaces pour vérifier en magasin
Céréales « au blé complet », pains « source de fibres », biscuits « 7 céréales »… Derrière ces promesses de naturalité et de santé, de nombreux produits vendus comme complets sont en réalité trompeurs. Leur composition, souvent ultra-transformée, ne correspond ni aux attentes nutritionnelles, ni aux bénéfices mis en avant.
Comment repérer ces faux aliments complets ? Quels indices lire sur les étiquettes ? Et quelles marques ou applications peuvent réellement guider le choix ? Enquête sur une confusion bien entretenue — et sur les moyens d’y voir clair.
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Des aliments complets, mais vidés de leur valeur
Un aliment complet conserve l’intégralité du grain : le son (enveloppe externe), le germe (partie nutritive) et l’amande (réserve d’énergie). Cette structure naturelle concentre fibres, vitamines B, minéraux, antioxydants et acides gras insaturés. En comparaison, le raffinage – qui retire son et germe – appauvrit drastiquement l’aliment.
La recherche scientifique confirme les bénéfices majeurs d’une consommation régulière de céréales complètes. Selon plusieurs méta-analyses récentes, elles réduisent les risques de maladies cardiovasculaires, de diabète de type 2 (jusqu’à -32 %), de cancer colorectal (-17 %) et d’obésité. Elles favorisent également une meilleure satiété, avec un impact significatif sur le contrôle du poids. Le dernier rapport EAT-Lancet, publié en octobre 2025, estime qu’un régime riche en végétaux et en céréales complètes pourrait éviter 15 millions de décès prématurés par an dans le monde.
Quand l’industrie transforme le complet en argument marketing
Dans les rayons, l’appellation « complet » ne garantit rien. Céréales pour enfants, pains de mie, barres de céréales : de nombreux produits affichent des mentions rassurantes, mais restent ultra-transformés. En août 2024, une étude du Club Européen des Diététiciens de l’Enfance révélait que 93,8 % des céréales pour enfants sont classées NOVA 4 (hautement transformées) et seulement 2,8 % obtiennent un Nutri-Score A ou B.
Certaines allégations sont systématiquement trompeuses :
– « Source de céréales complètes »
– « 7 céréales » ou « multigrain »
– « Moulu sur pierre »
– « Pain complet à la farine T110 » (moins riche que T150)
– « Bio » (ce qui ne garantit pas l’intégralité du grain)
Résultat : des produits à l’aspect sain, mais qui contiennent moins de 20 % de céréales complètes, mélangées à des farines raffinées, du sucre, des émulsifiants ou des arômes.
L’illusion du packaging et la confusion volontaire
Couleurs naturelles, visuels de champs, blé stylisé, logos « faits maison » : tout est pensé pour évoquer la naturalité. Certains pains sont bruns non pas grâce au blé complet, mais à l’ajout de caramel ou de malt. D’autres produits affichent un Nutri-Score en façade qui ne correspond pas à celui réellement calculé selon la formule 2025. L’objectif est simple : faire croire à une qualité nutritionnelle supérieure.
Un produit « bio » peut être ultra-transformé. Et un aliment « complet » peut contenir moins de 10 % de céréales entières. L’effet de halo agit puissamment : le consommateur associe à tort ces mentions à une meilleure nutrition. La seule lecture fiable reste celle de la liste d’ingrédients et du tableau nutritionnel.
Les influenceurs, nouveaux relais d’une désinformation massive
En 2025, les réseaux sociaux jouent un rôle central dans la confusion alimentaire. Des profils à large audience comme « Glucose Goddess » vantent des compléments sans validation scientifique ou des régimes basés sur des principes simplistes. D’autres, sans qualification reconnue, donnent des conseils diététiques, souvent en lien avec des placements de produits.
Le Conseil national de l’ordre des diététiciens rappelle qu’il est illégal de délivrer des conseils nutritionnels sans diplôme. Pourtant, les sanctions sont rares, et la parole des influenceurs reste peu encadrée.
Nutri-Score 2025 : un garde-fou imparfait mais utile
Depuis mars 2025, un nouvel algorithme du Nutri-Score est entré en vigueur en France. Plus strict, il valorise désormais davantage les céréales complètes et pénalise les sucres ajoutés. Les produits comme les flocons d’avoine, le pain intégral ou le riz brun obtiennent souvent un score A ou B. À l’inverse, les céréales sucrées pour enfants, même enrichies en fibres ou affichant « complet », tombent en D ou E.
Mais ce score reste facultatif. Certains industriels – Ferrero, Coca-Cola, Danone – refusent de l’appliquer. Le projet européen d’harmonisation obligatoire a été abandonné sous la pression de lobbies agroalimentaires et du gouvernement italien. Résultat : un outil utile, mais encore contourné.
Comment reconnaître un vrai aliment complet
Trois règles simples permettent d’éviter les produits trompeurs :
– Ratio fibres / glucides ≥ 1:10 : un bon produit contient au moins 1 g de fibres pour 10 g de glucides. En dessous, la part de céréales complètes est probablement faible.
– Liste d’ingrédients courte : idéalement 5 composants ou moins. Le complet doit apparaître en 1ère ou 2e position.
– Nutri-Score A ou B, en complément d’une lecture attentive de la composition.
Attention : certaines fibres (inuline, cellulose) sont ajoutées artificiellement pour gonfler les chiffres. Elles n’ont pas les mêmes effets que celles issues du son ou du germe.
Labels : lesquels méritent la confiance ?
– AB (Agriculture Biologique) : gage d’absence de pesticides de synthèse. Indispensable pour les céréales complètes, dont les résidus se concentrent dans l’enveloppe.
– Bleu Blanc Cœur : traçabilité, qualité nutritionnelle, filière française.
– Demeter et Bio Cohérence : cahiers des charges stricts, engagement local et durable.
À éviter ou à relativiser :
– HVE : permet encore l’usage de pesticides chimiques
– Mentions « naturel », « authentique », « fabriqué en France » : sans valeur nutritionnelle
Des alternatives fiables pour tous les budgets
Bien manger ne signifie pas acheter les produits les plus chers. Parmi les bons choix :
– Pâtes complètes de marques distributeurs (souvent < 1 €)
– Riz brun en vrac
– Pain intégral de boulangerie (souvent supérieur au pain de mie complet industriel)
Pour un budget intermédiaire :
– Marques spécialisées (Bjorg, Gerblé, Celnat)
– Produits labellisés AB ou Bleu Blanc Cœur
Applications : des outils efficaces pour vérifier en magasin
Plus de 45 % des Français utilisent Yuka, Open Food Facts ou SIGA. Ces applications permettent de scanner les produits et d’obtenir en quelques secondes :
– Le niveau de transformation (NOVA ou SIGA)
– La composition réelle
– Le Nutri-Score
– La présence d’additifs ou de sucres cachés
SIGA se distingue par une classification plus fine et adaptée aux produits européens. Open Food Facts repose sur une base de données collaborative, souvent plus exhaustive.


