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OpenAI bascule dans une autre dimension. La start-up californienne, pionnière de l’intelligence artificielle, quitte ses habits de laboratoire à but non lucratif pour devenir une entreprise commerciale à part entière. Rebaptisée OpenAI Group PBC, elle vise clairement la rentabilité, avec une éventuelle entrée en Bourse dans le viseur. L’objectif est simple : lever les centaines de milliards de dollars nécessaires pour rester dans la course mondiale à l’IA.
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Microsoft sort gagnant de l’opération. Le géant de Redmond détiendra 27 % du capital, valorisé à 135 milliards de dollars, soit près de 116 milliards d’euros. C’est la plus grosse part après celle de la fondation mère. Sam Altman, le cofondateur d’OpenAI, reste à la tête du groupe, mais sans action dans la nouvelle structure. Sur X (ex-Twitter), il assume le virage : « Si nous faisons bien notre travail, notre organisation à but non lucratif deviendra la mieux dotée de l’histoire. »
Cela fait plus d’un an qu’Altman et Microsoft préparent cette transformation. L’enjeu est d’envergure. Face à Google, Amazon ou Meta, qui ont déjà prévu plus de 325 milliards de dollars d’investissements dans l’IA, OpenAI avance des ambitions bien plus vastes. Le groupe parle désormais d’un plan d’investissement à long terme de 1 000 milliards de dollars, orienté vers les semi-conducteurs et l’infrastructure – avec des partenaires comme Oracle, Nvidia, AMD ou Broadcom.
Un montage complexe
Mais derrière le vernis capitaliste, la fondation à but non lucratif créée en 2015 reste au cœur du dispositif. Rebaptisée Fondation OpenAI, elle garde 27 % du capital, soit une valorisation de 130 milliards de dollars. Le reste, 46 %, revient aux salariés, une manière de fidéliser les talents dans une industrie où la guerre des cerveaux fait rage.
Cette fondation ne se contente pas de surveiller. Elle disposera bientôt de moyens colossaux pour agir. Grâce à sa participation, elle devient l’une des plus puissantes organisations philanthropiques du monde. Elle annonce un plan d’investissement de 25 milliards de dollars, axé sur la santé et la cybersécurité liée à l’IA. Concrètement : du financement pour la recherche médicale, et pour une infrastructure numérique capable de sécuriser l’intelligence artificielle à l’échelle mondiale.
Un compromis négocié au scalpel
La restructuration n’a pas été une promenade de santé. Bret Taylor, président du conseil d’administration, évoque « un an de négociations avec les procureurs généraux de Californie et du Delaware » pour valider le cadre juridique. La procureure générale du Delaware, Kathy Jennings, ne dit pas autre chose : « Ce fut une négociation longue et exigeante, mais je salue l’engagement d’OpenAI en faveur d’une gouvernance qui place la sécurité et l’intérêt général au premier plan. »
En parallèle, Microsoft sécurise ses arrières. L’entreprise conservera un accès privilégié à la technologie OpenAI jusqu’en 2032, y compris pour les modèles d’IA générative les plus avancés. Mais elle perd l’exclusivité sur la puissance de calcul. En échange, OpenAI s’engage à acheter pour 250 milliards de dollars de services Azure. Et Redmond touchera 20 % des revenus générés, une part qui pourrait grimper si les résultats suivent.
Un modèle hybride, aux promesses fragiles
Ce virage clarifie une relation longtemps ambiguë entre les deux partenaires. OpenAI reste une société à mission, mais intègre désormais pleinement les logiques du marché. Recherche, profit et intérêt public sont appelés à cohabiter dans un équilibre incertain.
L’annonce a d’ailleurs été saluée par les marchés. Le titre Microsoft a gagné 2,2 %, faisant remonter la capitalisation du groupe à 4 000 milliards de dollars, un sommet qu’il partage avec Apple.


