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Le circuit court n’est plus une niche : c’est une tendance lourde. 75 % des Français privilégient les produits locaux. Une quête de proximité qui s’inscrit dans un double contexte : inflation alimentaire et urgence climatique. Résultat, les applications mobiles deviennent des outils du quotidien pour aligner acte d’achat et convictions. Trois d’entre elles s’imposent désormais comme références pour consommer local et durable.
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Too Good To Go : l’appli leader contre le gaspillage
Créée en 2016 au Danemark, Too Good To Go est aujourd’hui le leader mondial de la lutte contre le gaspillage alimentaire. Présente dans 19 pays, l’application revendique 120 millions d’utilisateurs, dont 19 millions en France. Elle vient de franchir un cap symbolique : 500 millions de repas sauvés. Rien qu’en France, ce sont 100 millions de paniers surprise récupérés auprès de commerçants.
Le principe est simple : des invendus à prix cassés, en moyenne -50 %, proposés en fin de journée par boulangeries, restaurants, supermarchés ou épiceries bio. Une mécanique efficace qui fait coup double : elle évite de jeter et permet d’acheter à moindre coût.
Avec 180 000 partenaires dans le monde, dont 45 000 en France, l’appli offre une couverture fine du territoire : 8 000 commerces à Paris, 1 500 à Marseille, 1 000 à Nice. La géolocalisation connecte les utilisateurs aux points de vente de quartier. À chaque panier sauvé, c’est 2,7 kg de CO2 en moins, 2,8 m² de terre agricole préservée, et 810 litres d’eau économisés. L’impact cumulé est massif : 1,35 milliard de kilos de CO2 évités.
Certifiée B Corp, Too Good To Go développe aussi des programmes éducatifs. Seul bémol : le contenu du panier reste une surprise, parfois incompatible avec certaines restrictions alimentaires. Mais l’appli reste une réponse accessible pour faire un geste concret, même en période d’inflation.
Locavor : des produits locaux à portée de clic
Moins connue, mais redoutablement efficace, Locavor fait le pari du lien direct entre consommateurs et producteurs. Lancée en France, la plateforme repose sur des « locavors » : des communautés d’achat locales organisées autour d’un point de distribution hebdomadaire.
Le cadre est strict : produits issus de circuits courts, avec un rayon maximal de 250 km. Aujourd’hui, le réseau compte 135 locavors actifs, 2 900 producteurs, 180 000 familles clientes et plus de 98 000 produits référencés.
Le modèle économique privilégie les producteurs : 81,5 % du prix HT leur revient en cas de distribution physique. Même en mode dépôt-vente, la part producteur reste élevée (76,5 %). Une approche qui limite les marges d’intermédiaires et garantit une rémunération juste.
Les ventes sont hebdomadaires, via commande en ligne puis retrait sur un point local. Pas de logistique lourde, pas de stockage inutile. Fruits, légumes, viandes, fromages, cosmétiques ou produits d’entretien : tout est local, traçable, souvent bio ou artisanal. La relation directe entre acheteurs et producteurs renforce la confiance, même si le système reste encore géographiquement limité.
La Ruche qui dit Oui ! passe à l’échelle européenne
Lancée en 2011, La Ruche qui dit Oui ! a popularisé le modèle du circuit court en ligne. Elle fonctionne grâce à un réseau de « ruches », animées localement, qui organisent des ventes hebdomadaires. L’acheteur commande en ligne, le producteur livre, et la distribution se fait de la main à la main.
En 2025, la plateforme compte 10 000 producteurs dont 4 000 en France, pour plus de 200 000 consommateurs réguliers. Le modèle économique est clair : plus de 80 % du prix revient au producteur. Le reste (20 %) finance la plateforme et les animateurs locaux. Depuis sa création, 250 millions d’euros ont été versés aux agriculteurs.
La distance moyenne parcourue par les produits est de 60 km. De quoi réduire les émissions liées au transport. En septembre 2025, la plateforme a été rachetée par CrowdFarming, autre acteur de la vente directe. Une consolidation européenne qui donne naissance à un réseau de 1,5 million de consommateurs dans 30 pays.
Certifiée B Corp, La Ruche qui dit Oui ! garde son ADN : contact humain, rémunération équitable, circuits courts. Le modèle demande de l’organisation – commande à l’avance, retrait physique –, et certains produits peuvent coûter plus cher qu’en grande surface. Mais il répond à une demande croissante de sens et de traçabilité.
D’autres applis locales à découvrir en France
D’autres applis viennent compléter ce paysage.
Phenix, 5 millions d’utilisateurs, propose des paniers anti-gaspi avec une forte dimension solidaire : 180 000 repas redistribués chaque jour à des associations.
Terrattitude, développée par une productrice du Gard, géolocalise les points de vente directe. La version 3 lancée en 2025 améliore la recherche par produit, distance et mode de culture.
Etiquettable va plus loin : recettes bas carbone, saisonnalité, impact environnemental, adresses responsables… Un couteau suisse de la consommation durable.
Circuits courts : pas toujours plus écolos
Consommer local, ce n’est pas forcément consommer vert. L’ADEME le rappelle : l’impact environnemental dépend d’abord du mode de production. Un produit local mais conventionnel peut polluer plus qu’un produit bio importé.
Mais les chiffres jouent en faveur des circuits courts : 10 % des fermes en circuit court sont bio (contre 2 % en circuit long), et l’agriculture y est souvent plus respectueuse des sols et des saisons. La vente directe valorise aussi les produits hors calibre, souvent écartés des grandes surfaces.
L’alimentation pèse un quart de l’empreinte carbone des ménages français. Et dans ce domaine, la production pèse plus que le transport. Réduire le gaspillage, rapprocher les producteurs et favoriser l’agroécologie restent des leviers puissants.


