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En l’espace de huit mois, Bernard Arnault a remis 1,4 milliard d’euros sur la table pour racheter des actions LVMH. À 76 ans, le fondateur du géant mondial du luxe choisit d’investir massivement dans son propre groupe, en pleine tempête boursière. Une décision qui tranche avec le climat d’incertitude qui pèse sur le secteur.
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Les rachats ont été menés par ses deux principales holdings familiales, Financière Agache et Christian Dior SE. Ils interviennent dans une période où le titre LVMH a fortement tangué : tombé à 448 euros en juin, il s’est redressé à 612 euros fin octobre, après avoir perdu plus de 30 % depuis son sommet d’avril 2023. Bernard Arnault a visiblement profité de la baisse pour consolider sa position. Sans éclat, mais avec constance.
Une stratégie d’achats validée par les marchés
Le timing n’est pas anodin. Le secteur traverse sa pire passe depuis la crise financière de 2008. Le marché mondial du luxe devrait se contracter de 2 à 5 % cette année, selon Bain & Company. Chez LVMH, le bénéfice net 2024 a reculé de 17 %, à 12,55 milliards d’euros. Et la baisse se poursuit sur le premier semestre 2025 : -4 % de chiffre d’affaires, avec un recul marqué pour la mode et la maroquinerie (-6 %), mais une embellie pour Sephora (+7 %). Seule la Chine, locomotive retrouvée, affiche des signaux positifs avec une croissance de 5 à 9 % selon les segments.
La publication des résultats du troisième trimestre a apporté un peu d’air. LVMH affiche une croissance organique de 1 %, après deux trimestres de repli. Le chiffre d’affaires atteint 18,28 milliards d’euros, porté par la Chine et une stabilisation aux États-Unis. L’Europe reste à la traîne. Le marché a immédiatement réagi : +12 % en Bourse. De quoi valider, au moins temporairement, la stratégie d’achats du patron.
Objectif : franchir la majorité absolue
Fin octobre, Bernard Arnault détient près de 49 % du capital et environ 65 % des droits de vote. Il vise plus : obtenir la majorité absolue du capital, sans toucher à la gouvernance. Une avancée logique dans un modèle familial où la stabilité du contrôle passe avant tout.
Ce n’est pas une manœuvre isolée. Depuis 2017, Bernard Arnault a déjà simplifié l’architecture du groupe, en rachetant les minoritaires de Christian Dior SE pour 12 milliards d’euros. Une opération qui avait permis de ramener 97,5 % du capital sous contrôle familial. Depuis, la stratégie reste la même : consolider, renforcer, transmettre.
LVMH se diversifie
Le luxe reste au cœur, mais le groupe se diversifie. En novembre 2024, Bernard Arnault est entré au capital du Paris FC à hauteur de 52,4 %, avec la possibilité de monter à 80 %. Dans le même temps, Aglaé Ventures a mis plus de 300 millions de dollars dans l’IA. Et L Catterton, sa structure de private equity codétenue avec LVMH, pèse désormais plus de 34 milliards d’actifs sous gestion. Chaque investissement obéit à la même logique : rentabilité et contrôle.
L’accord commercial signé cet été entre l’Union européenne et les États-Unis, qui abaisse les droits de douane américains de 30 % à 15 %, pousse LVMH à adapter sa stratégie industrielle. Un atelier Louis Vuitton verra le jour à Dallas d’ici fin 2026. Objectif : rapprocher la production des marchés finaux tout en gardant la main sur les coûts.


