Anozr Way : la cybersécurité à la bretonne conquiert le monde

Anozr Way, basée en Bretagne, s’impose dans la cybersécurité humaine en cartographiant l’exposition numérique des dirigeants et profils sensibles.

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En périphérie de Rennes, une startup trace sa route avec méthode et ambition. Installée à Cesson-Sévigné, Anozr Way s’est imposée en quelques années comme un acteur qui compte dans la cybersécurité française. Sa recette ? Une technologie maison, centrée sur le facteur humain, adossée à un écosystème régional solide. De quoi nourrir une croissance rapide – et une ambition désormais mondiale.

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Une pépinière bretonne bien rodée

Fondée en 2019, Anozr Way n’est pas arrivée là par hasard. Cesson-Sévigné concentre une part croissante de l’intelligence cyber française. Autour de Rennes, on trouve l’ANSSI, la DGA, l’INRIA, le CNRS, mais aussi des structures d’accompagnement comme Le Poool ou la French Tech Rennes Saint-Malo. Un terreau fertile où l’innovation est soutenue autant par les acteurs publics que par des fonds comme Breizh Up.

La Bretagne ne se contente plus d’être un bastion historique des télécoms et de la défense. Elle aligne aujourd’hui 180 entreprises spécialisées, 8 000 emplois et un campus cyber estampillé « Bretagne Cyber Alliance », lancé en avril 2024. Le tout piloté avec une volonté politique claire de faire émerger des champions.

L’humain, maillon faible et clé de voûte

Anozr Way a choisi de s’attaquer à un angle mort encore trop peu couvert : l’exposition numérique des individus. Dans 80 % des cas, les cyberattaques passent par une faille humaine. Plutôt que de renforcer encore les murailles numériques, la startup bretonne s’est donné pour mission de cartographier et réduire les zones de vulnérabilité personnelle, notamment celles des dirigeants.
Sa plateforme explore tous les étages du web – y compris les plus sombres – pour dresser un état des lieux précis de l’exposition numérique de chaque profil stratégique. L’approche repose sur un double outil : une interface pour les responsables cybersécurité, et une application mobile pensée pour les collaborateurs eux-mêmes. Chacun reçoit un plan d’action personnalisé.

La stratégie porte ses fruits. En 2023, la jeune pousse affiche une croissance de 171 %, qui grimpe à 271 % en octobre 2024. Deux levées de fonds l’ont aidée à tenir ce rythme : 2 millions d’euros en 2021 pour structurer la R&D et 6 millions en 2024, via le fonds Hi Inov-Dentressangle, pour préparer son internationalisation.

Anozr Way revendique aujourd’hui plus de 70 clients, dont plusieurs poids lourds : Thales, Enedis, AXA IM, GRT Gaz… Elle emploie 50 personnes et vise une rentabilité à l’horizon 2026. D’ici là, elle table sur une croissance annuelle de 150 %.

Le pari nord-américain

En 2024, Anozr Way a franchi l’Atlantique en ouvrant un bureau à Montréal. Objectif : se rapprocher du marché nord-américain, très exposé aux menaces cyber. Rien qu’en 2022, 43 % des attaques par rançongiciel ont visé les États-Unis, selon les données internes de l’entreprise.
Le modèle déployé au Canada est le même qu’en Europe : une technologie propriétaire, conforme aux normes internationales, taillée pour les environnements régulés. Le financement de l’implantation a été bouclé grâce aux fonds levés au printemps.

La cybersécurité n’est pas qu’affaire d’entreprises. En mai 2024, Anozr Way a recruté le général Bastian Dufilhol comme conseiller défense et sécurité. Une manière d’afficher clairement ses ambitions dans les secteurs régaliens.
L’entreprise participe à plusieurs dispositifs publics d’innovation, dont les projets MOKA36 et CYBR-H, soutenus dans le cadre du Grand Défi Cyber de France 2030. Avec un objectif affiché : rendre les outils de protection avancés accessibles aux PME et intégrer pleinement la dimension humaine dans les stratégies de sécurité.

Un modèle local, une ambition globale

Anozr Way est aussi un cas d’école de réussite territoriale. Elle s’inscrit dans une dynamique bretonne structurée, capable d’attirer talents et capitaux. Le lancement de la Cyberplace à Rennes-Cesson-Sévigné, en novembre 2024, en est le dernier exemple : un lieu sécurisé où startups et institutions coopèrent au plus près du terrain.
Cette logique de proximité, associée à une vision claire et à des relais publics bien huilés, offre une alternative crédible aux grands centres traditionnels d’innovation. Et démontre que la souveraineté numérique peut aussi s’écrire en dehors du périphérique parisien.



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