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Porsche traverse la plus grave crise de son histoire. Le constructeur, longtemps synonyme de performance et de rentabilité, est aujourd’hui confronté à un triple mur : effondrement des résultats, fiasco stratégique et tensions géopolitiques. Le spectre d’une faillite, hier inimaginable, commence à faire son chemin.
Les chiffres publiés pour le troisième trimestre sont brutaux : une perte d’exploitation de 966 millions d’euros. Sur neuf mois, le bénéfice opérationnel chute de 4 milliards à 40 millions. La marge passe de 14 % à presque zéro. Du jamais vu depuis l’introduction en Bourse de Porsche AG en 2022.
Porsche serre la vis sur les dividendes, prépare des coupes dans les effectifs et révise en urgence son modèle économique. La machine à cash est à l’arrêt.
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À l’origine de cette débâcle, une stratégie d’électrification trop rapide, mal synchronisée avec la réalité du marché. En visant 80 % de véhicules électriques en 2030, Porsche pensait prendre de l’avance. Il a pris un mur.
Le Taycan, vitrine électrique de la marque, ne séduit plus. Les clients restent attachés aux moteurs thermiques, piliers de l’ADN Porsche. Résultat : abandon des projets de batteries, retour aux hybrides et 3,1 milliards d’euros de charges exceptionnelles. Un demi-tour coûteux, sur le fond comme sur la forme.
L’Amérique taxe, la Chine se détourne
La conjoncture n’aide pas. En août, Washington impose 15 % de droits de douane sur les véhicules importés. Porsche, sans usine aux États-Unis, encaisse l’addition : 700 millions d’euros estimés sur l’année. En Chine, les chiffres sont pires. Les ventes plongent de 26 % sur un an, et de 66 % par rapport à 2022. La concurrence locale est plus agile, plus accessible. Porsche perd pied sur le premier marché mondial du haut de gamme. Deux coups durs qui tombent en pleine crise interne.
Techniquement, Porsche tient encore debout. La trésorerie reste solide (7,2 milliards d’euros). Et les flux de trésorerie opérationnels restent positifs : 1,34 milliard sur neuf mois. Le groupe Volkswagen veille : un effondrement de Porsche serait un choc systémique.
Mais cette solidité cache une réalité plus fragile : la marque se vide de sa substance.
Un nouveau patron sous pression
Michael Leiters, ancien de McLaren, prend les rênes au 1er janvier. Il arrive avec un plan de sauvetage : 1 900 suppressions de postes, recentrage sur les modèles hybrides et thermiques, réduction des dépenses R&D, et montée en gamme sur le luxe personnalisé.
Les marchés apprécient : +4,4 % en Bourse le jour de sa nomination. Mais les défis sont immenses. Restaurer la rentabilité. Reconstruire une stratégie industrielle crédible. Rallumer la flamme d’une marque que la concurrence chinoise et Tesla ringardisent peu à peu.
Un mal plus large : l’automobile allemande dévisse
Porsche n’est pas seul. Mercedes, BMW, Volkswagen : tous voient leurs profits fondre. Le secteur paie au prix fort la guerre commerciale sino-américaine, les surcapacités, la transition énergétique et l’essoufflement du marché. Le luxe allemand, longtemps intouchable, est devenu vulnérable.


