Le gouvernement lâche les CCI : 3 000 emplois en jeu

Le gouvernement prévoit de réduire de 175 millions d’euros le budget des CCI en 2026. Une décision lourde de conséquences pour l’emploi, la formation et les entreprises.

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Le gouvernement s’apprête à tailler brutalement dans le budget des Chambres de commerce et d’industrie. Une réduction de 175 millions d’euros est prévue dans le projet de loi de finances pour 2026. C’est un tiers de leurs ressources qui s’envole. Et un tournant pour un réseau qui accompagne entreprises, apprentis et territoires depuis des décennies.

Une promesse rompue, deux ans après sa signature

Les CCI croyaient avoir obtenu un répit. En 2024, elles avaient accepté de lâcher 100 millions d’euros sur leur trésorerie, étalés jusqu’en 2027. En échange, l’État promettait de maintenir leur dotation annuelle à 525 millions d’euros. Une clause de stabilité, signée noir sur blanc. Deux ans plus tard, cette promesse vole en éclats. Le plafond de la TCCI (la taxe qui finance les chambres) serait abaissé à 350 millions. Sans discussion préalable. Le pacte est rompu.

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La baisse des moyens n’est pas nouvelle. Depuis 2013, les ressources publiques des CCI ont fondu de 60 %, passant de 1,3 milliard à 525 millions. Le réseau s’est adapté tant bien que mal. Il a supprimé 11 000 postes en dix ans. Mais cette nouvelle coupe fait craindre un décrochage irréversible. Avec 3 000 emplois en moins attendus, certaines chambres locales pourraient tout simplement fermer. Notamment dans les zones rurales ou d’outre-mer, là où les alternatives sont rares.
En Occitanie, la chambre régionale prévoit la suppression de 200 postes. En Meurthe-et-Moselle, le président François Pélissier parle d’une dotation divisée par six en treize ans. Il menace de démissionner.

Une menace pour les entreprises et les territoires

La coupe interroge, d’abord sur le fond. Le réseau consulaire n’est pas un centre de coût. Il revendique un retour sur investissement de plus de 5 pour 1. En 2024, 2,8 milliards d’euros de valeur économique ont été générés via ses services. Plus d’un million de porteurs de projet ont été accompagnés. Et 84 % des chefs d’entreprise jugent cet appui utile ou très utile.
Dans un contexte où les défaillances d’entreprises atteignent des records – 66 000 en 2024, jusqu’à 70 000 attendues en 2025 – réduire l’accompagnement des entreprises revient à baisser la garde. C’est le message que martèlent les présidents de chambre. Selon eux, on affaiblit un levier économique à contretemps.

Les CCI, ce sont aussi des écoles. Premier réseau de formation après l’Éducation nationale, elles ont formé 515 000 personnes en 2024, dont 9 000 apprentis rien qu’en Pays de la Loire. Avec des taux d’insertion professionnelle élevés : 85 % pour les apprentis. La réduction des ressources menace directement ces capacités. Et là encore, ce sont les territoires les moins bien dotés qui paieront la facture.

Un bras de fer budgétaire au Parlement

Les chambres ne sont pas seules. Plusieurs députés ont déposé des amendements pour revenir à un plafond de 525 millions. L’un d’eux, l’amendement I-3653, propose un compromis : maintien du plafond, mais prélèvement de 20 millions sur les fonds de roulement. Reprise des termes de l’accord de 2024. La commission des Finances a soutenu l’idée. Mais rien n’est gagné.
Le 24 octobre, l’ensemble du volet recettes du budget a été rejeté. Le texte repart dans les mains du gouvernement. Les débats reprennent jusqu’au 4 novembre, dans une atmosphère tendue. Et avec 3 700 amendements déposés, la partie est loin d’être jouée.

Officiellement, l’exécutif justifie cette coupe par la rigueur budgétaire : 17 milliards d’euros d’économies prévues, 14 milliards de prélèvements en plus. Le déficit public doit être ramené à 5,4 % du PIB en 2025. Les CCI sont donc appelées à « contribuer à l’effort ».

Mais sur le terrain, le discours ne passe pas. Les élus consulaires dénoncent une logique de recentralisation. Derrière la réduction budgétaire, ils voient un recul de la présence économique locale. Le maillage territorial – fondement du réseau – est mis en danger. Et avec lui, la proximité avec les TPE, les commerçants, les créateurs d’entreprise. Là où l’accompagnement ne se fait pas en ligne ou en visio.



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