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- Une rémunération encadrée par le droit canonique
- Logement, santé, déplacements : ce que couvre l’indemnité
- Des pensions de retraite bien inférieures à la moyenne
- Prêtres diocésains et prêtres religieux
- La formation des futurs prêtres représente un coût important
- Un modèle économique sobre, structuré et en tension
La question des revenus des prêtres catholiques en France demeure méconnue, souvent floue, parfois sujette à des idées reçues. Ni salariés ni bénévoles, les prêtres vivent d’un système de rémunération singulier, hérité de l’histoire de l’Église mais toujours en vigueur en 2025. Sur la base de données officielles et de documents diocésains, cet article détaille précisément le revenu d’un prêtre en France aujourd’hui.
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Une rémunération encadrée par le droit canonique
Les prêtres diocésains ne sont pas salariés au sens du droit du travail. Ils ne disposent pas de contrat de travail et leur situation est régie par le droit canonique, ainsi que par une convention collective spécifique aux diocèses. Leur engagement relève d’une vocation, non d’un emploi classique. En lieu et place d’un salaire, ils perçoivent une indemnité mensuelle – parfois appelée traitement – destinée à couvrir leurs besoins essentiels.
En 2025, l’indemnité nette mensuelle versée aux prêtres diocésains français varie entre 950 € et 1 150 €, selon les diocèses. La Conférence des Évêques de France a fixé en 2023 un montant de référence à 1 009 € net, mais des ajustements locaux sont appliqués. À Angers, par exemple, un prêtre perçoit 1 035 € net par mois, dont 450 € sont des honoraires de messes. À Lyon, l’indemnité s’élève à 1 142,63 €, répartie entre un traitement de base (836,63 €) et des honoraires de messes (306 € correspondant à 17 messes à 18 € l’unité).
Les honoraires de messes sont fixés nationalement à 18 € par célébration. Ils constituent une part variable du revenu, intégrée dans l’indemnité mais plafonnée selon les règles ecclésiales.
Au 1er novembre 2024, le SMIC net mensuel s’élevait à 1 426,30 €. Le revenu mensuel d’un prêtre diocésain est donc inférieur de 15 à 25 % selon les diocèses. Ce différentiel s’explique par la nature même du statut ecclésiastique, qui inclut des formes d’avantages en nature et une solidarité interne à l’institution.
Logement, santé, déplacements : ce que couvre l’indemnité
Les prêtres sont logés gratuitement ou à faible coût dans des presbytères, propriétés des paroisses, diocèses ou communes. La valeur locative moyenne de ces logements est estimée entre 700 € et 900 € par mois, selon les zones géographiques. Une participation aux frais d’entretien est parfois demandée : 360 € mensuels à Angers, par exemple.
Sur le plan social, les prêtres cotisent à la CAVIMAC (Caisse d’assurance vieillesse, invalidité et maladie des cultes), qui gère leur couverture santé, retraite, CSG et CRDS. À Angers, ces cotisations s’élèvent à environ 630 € par mois, auxquelles s’ajoute une mutuelle à 7 €, partiellement prise en charge par le diocèse. Les frais de déplacement, liés à l’exercice pastoral, sont remboursés à hauteur d’environ 3 000 € par an.
Des pensions de retraite bien inférieures à la moyenne
À partir de 65 ans, les prêtres passent au statut de retraités. Ils perçoivent une pension versée par la CAVIMAC, dont le montant oscille généralement entre 400 € et 650 € par mois. Si cette pension est inférieure à l’indemnité minimum, un complément est versé par le diocèse.
Ce complément n’est pas marginal : à Angers, par exemple, 32 prêtres retraités sur 116 bénéficient de cette aide. La pension maximale versée par la CAVIMAC en 2025 est de 448,12 € mensuels. L’Église organise également des formes de prise en charge spécifiques pour ses prêtres âgés, comme des résidences adaptées.
Depuis la loi de séparation de 1905, les prêtres diocésains ne perçoivent aucun financement public en France métropolitaine (hors Alsace-Moselle). Leur indemnité est intégralement financée par les dons des fidèles et les ressources propres de l’Église.
Le principal canal de financement est le Denier de l’Église, une collecte annuelle auprès des paroissiens. Pour l’année 2024, environ 200 millions d’euros ont été collectés à l’échelle nationale. À cela s’ajoutent :
- le casuel (offrandes pour les sacrements : mariages, baptêmes, funérailles), géré localement ;
- les quêtes dominicales ;
- les dons libres ;
- les legs et donations exceptionnelles.
À titre indicatif, à Angers, les offrandes pour un mariage s’élèvent à 300 à 500 €, et pour des funérailles à 250 à 350 €.
Prêtres diocésains et prêtres religieux
Tous les prêtres ne dépendent pas financièrement du diocèse. Les prêtres religieux (jésuites, franciscains, dominicains, etc.) vivent en communauté, font vœu de pauvreté et ne perçoivent pas d’indemnité individuelle. Leurs besoins quotidiens sont couverts par leur congrégation, qui prend en charge le logement, la nourriture, les déplacements et la santé. Ils reçoivent en général une petite somme pour leurs dépenses personnelles, sans lien avec les barèmes diocésains.
Dans les départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle, le régime concordataire de 1801 est toujours en vigueur. Les prêtres y sont considérés comme des agents publics. Ils perçoivent un salaire versé directement par l’État, plus élevé que l’indemnité diocésaine.
Les montants varient de 1 200 à 1 300 € net mensuels en début de carrière, jusqu’à 2 200 € net en fin de carrière. Les évêques bénéficient, eux, d’un traitement compris entre 4 000 et 5 000 € net par mois. Ce statut donne également droit aux prestations classiques de la fonction publique : retraite, chômage, congés.
La formation des futurs prêtres représente un coût important
Devenir prêtre implique une formation longue, généralement sur sept années : une année propédeutique, deux années de philosophie, puis quatre années de théologie. En Île-de-France, le coût moyen annuel de formation d’un séminariste est estimé à 33 000 €. Ces frais sont entièrement pris en charge par l’Église, via les dons.
La crise des vocations affecte directement le modèle économique du clergé. En 2025, seulement 90 nouveaux prêtres ont été ordonnés en France, contre 105 en 2024. À titre de comparaison, ils étaient environ 65 000 en 1960. En 2025, la France compte environ 12 000 prêtres en activité, dont une part croissante est étrangère : entre 2 000 et 3 000 prêtres africains, en mission longue ou permanente, sont en poste sur le territoire.
Un modèle économique sobre, structuré et en tension
Un prêtre diocésain en France perçoit en moyenne entre 1 035 € et 1 143 € nets par mois. Il est logé par sa paroisse, dispose d’une couverture sociale complète via la CAVIMAC, et voit ses frais de déplacement remboursés. L’ensemble est financé par les dons des fidèles, dans un contexte de baisse des ressources humaines et de vieillissement du clergé.
Le système repose sur une économie frugale, structurée et solidaire, en cohérence avec la vocation sacerdotale. Il n’est ni marginal, ni dissimulé, mais il demeure en tension avec les mutations sociales et économiques qui traversent la société française.


