Doublement des franchises médicales : le gouvernement veut punir les malades

Le gouvernement prévoit de doubler les franchises médicales en 2026. Une mesure budgétaire critiquée pour son impact sur les malades chroniques.

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Le gouvernement veut serrer la vis sur les dépenses de santé. Dès 2026, les franchises médicales vont doubler. Une opération budgétaire de 2,3 milliards d’euros présentée comme un geste de « responsabilisation ». En réalité, une mesure de rigueur qui frappera d’abord les patients chroniques et les ménages les plus fragiles.

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Amélie de Montchalin, ministre de l’Action et des Comptes publics, a défendu le 23 octobre devant la Commission des affaires sociales du Sénat le principe de ces nouvelles franchises, rebaptisées pour l’occasion « forfaits de responsabilité ». Dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2026, ces forfaits passeraient à 4 euros pour les consultations, les analyses et les examens radiologiques, 2 euros par boîte de médicament ou acte paramédical, et 8 euros pour un transport sanitaire. Le plafond annuel, lui, grimperait de 50 à 100 euros.

Un surcoût qui pèsera sur les plus malades

Derrière les chiffres, la facture pour les patients. En moyenne, le reste à charge augmentera de 42 euros par an. Pour les personnes en affection longue durée (ALD), ce sera plutôt 70 euros. Treize millions d’assurés sont concernés, soit un Français sur cinq.

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Le gouvernement mise sur la discrétion de ces hausses unitaires : quelques euros par consultation ou boîte de médicaments. Mais pour les malades chroniques, qui cumulent les traitements et les rendez-vous médicaux, la note grimpe vite. Les associations alertent sur le risque de renoncement aux soins, déjà palpable dans certaines régions.

Derrière cette réforme, une équation budgétaire. La Commission des comptes de la Sécurité sociale évalue le déficit du régime général de l’Assurance maladie à 17,2 milliards d’euros pour 2025. Si le PLFSS 2026 est appliqué, le trou pourrait se réduire à 12,5 milliards. Sans ces mesures, il bondirait à 22,3 milliards.

Le gouvernement choisit donc la rigueur : rogner un peu sur les remboursements plutôt que creuser davantage la dette sociale. Mais cette stratégie ne s’attaque pas aux causes profondes de la dérive des dépenses, entre vieillissement de la population, explosion du coût des traitements et pénurie de médecins.

Des dépenses de santé toujours en hausse

Ces évolutions pèsent sur les comptes publics mais aussi sur les patients. Le système français, longtemps protecteur, s’effrite lentement, tranche après tranche, franchise après franchise. L’accès universel aux soins, principe fondateur de la Sécurité sociale, recule à petits pas, au nom de la maîtrise des dépenses.

Doubler les franchises, c’est envoyer un signal clair : chacun doit participer à l’effort de redressement. Mais la ligne est fine entre responsabilisation et punition. Pour les millions de malades chroniques, l’effort ressemble à une sanction.



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